Puisqu’on aura nos beaux habits, avait dit Palmyre, et que de toute façon on sera déjà chez le photographe pour le mariage d’Emilienne, on va se faire tirer le portrait à nous deux aussi !
Évidemment Gustave avait ronchonné : Portrait ! Nous? Et pourquoi faire? C’est de l’argent jeté !
Et patati et patata.
Palmyre laissait dire et attendait son heure.
Palmyre maîtrisait toujours le scénario.
Et puis est arrivé le jour du mariage d’Emilienne. C’est là que le photographe avait été prié d’apporter la touche finale, l’élément crucial :
– Monsieur Coppenolle ! s’était-il écrié, les deux bras en l’air comme un parfait acteur de théâtre, Monsieur Coppenolle ! On vous l’a sûrement déjà dit : quelle belle tête vous avez ! On dirait Georges Clemenceau !
Et c’est comme ça que Gustave a pris la pose, sérieux, grave et digne comme Clemenceau, son héros, à côté d’une Palmyre triomphante.
– Apprends, ma fille, apprends ! a-t-elle l’air de dire à Emilienne.