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L'Atelier d'écriture de Villejean
9 mai 2023

Énigme / Jean-Paul

Contempler 13

Lorsque Hans et Gunther ont ouvert le premier bar LGBTQIA+ de Mannheim Aloysius Holbein-Lejeune est allé les immortaliser.

- Vous permettez que je déballe mes outils ? qu’il a demandé.

- Oui mais faites vite ! qu’ils lui ont dit, l'inauguration est dans une demi-heure.

Comme on était en 1562 l’attirail de prise de vue n'avait rien de photographique. Même si les deux serveurs en habit de grand apparat semblent prendre la pose comme pour un cliché de Nadar ou d'Helmut Newton, le point de départ de ce tableau était juste un carnet de croquis et un crayon à dessiner.

Tout en croquant les deux ambassadeurs de la cause gaie (gaye?) Aloysius a posé des questions en vue de rédiger un article dans son journal, Le Figaro-Mannheim.

- Est-ce que votre bar sera ouvert à tous ?

- Bien sûr !

- Même aux femmes ?

- Bien évidemment ! Le L de LGBT signifie « Lesbienne ».

- Il y aura donc des des salles séparées ? Une pour chaque lettre ?

- Pas du tout !

- Est-ce que les gens qui sont simplement hétérosexuels pourront consommer chez vous ?

- Oui à la condition qu'il ne soient pas homophobe.

- Et qu'est-ce qui se passe quand un homosexuel de sexe masculin se sent attiré par une homosexuelle de sexe féminin ?

- Nous on est là pour servir à boire. Cela ne nous regarde pas, chéri ! a répondu Hans.

- Je dirai même plus, a renchéri Gunther. Nous on ne regardera pas ça !

- Heu maintenant autre chose. Qui est-ce qui a fait la déco de votre boui-boui ?

- C'est ma sœur, a répondu Hans.

- C'est la mienne, a ajouté Gunther.

- Elles travaillent ensemble dans un cabinet d’architecture intérieure ?

- Non, elle bricole toute seule à la maison. On est frères et on n’a qu’une sœur, frérot !

Aloysius n'a rien compris à toute cette nouveauté ni à cette drôle de famille. C'est pourquoi, à partir de son croquis préparatoire, il a transformé le comptoir du bar avec ses flacons colorés en étagère pleine d'objets bizarres : un réveil à six faces, un éventail mécanique, un luth gréco-romain, une mappemonde-bilboquet, un tournesoloscope.

Il a représenté les deux frangins avec des habits de membres de la noblesse, recouverts de satin, de velours et de fourrures plutôt que de de peindre leurs vêtements déchirés, leurs horribles tatouages et anneaux dans le nez.

Personne du coup ne comprend, en regardant la toile, à quelle lettre de LGBTIQA+ le manteau qui flotte bizarrement au bas du tableau se rapporte.

Et personne n’a pu répondre à la dernière question posée en fin de son article : « Quand un homosexuel de sexe masculin avoue à ses parents qu’il souhaite se marier avec une homosexuelle de sexe féminin, est-ce que ça s’appelle encore « faire son coming out » en bon allemand  ? ».

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