Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'Atelier d'écriture de Villejean
2 octobre 2018

Gaston, Fiacre et Mandoline / Anne-Françoise

AEV 1819-04 carte_postale_femme_mandoline_1908_recto_crop1Mandoline jouait de la guitare sur un vieux banjo hérité de son grand-père, Trémolo Mezzo. Sa mère était cantatrice et avait connu son père à l’opéra où il était chef d’orchestre. Son frère Adagio et sa sœur Carmen jouaient respectivement du cor de chasse et de la harpe. Mais Mandoline était nulle en musique et chantait faux. Ses parents décidèrent de l’inscrire à un cours particulier à la Maison de quartier de Villejean. Mais le désastre était tel qu’elle épuisa tous ses profs. Le cours particulier était vraiment particulier. La salle où Mandoline se retrouvait seule prit finalement son nom, avant d’être désertée par sa seule occupante. On décida alors qu’il n’y aurait plus de musique dans cette salle, en dehors d’un petit concert de crayons grattant du papier le mardi soir.

AEV 1819-04 fiacreFiacre roulait carrosse doré sur les routes du quartier. Il portait un chapeau haut de forme avec une redingote noire. Il montait sur ses grands chevaux lorsqu’il était en colère et était à cheval sur les principes. On lui attribua une salle à la Maison de quartier de Villejean. Il y réunit ses amis Attelage, Fouette et Cocher pour y parler Mondial de l’automobile (deux chevaux diesel et hybride), fashion week (redingote brodée chez Dior et chapeau claque chez Jean-Paul Gaultier) et yoga (peut-on contrôler ses émotions en lâchant les chevaux ?). Ses amis lui firent faux bond, trouvant qu’il cherchait trop souvent à couper les chevaux en quatre. Comme ils tenaient à leurs montures, de lunettes, ils l’abandonnèrent seul dans sa salle qui porta ainsi son nom. Aujourd’hui, dans la salle Fiacre, et en son souvenir, on évoque les voyages, car, comme chacun sait, qui veut voyager loin ménage sa monture, de lunettes.

AEV 1819-04 GastonGaston était sourd. De ce fait, il n’entendait jamais le téléphone sonner. Heureusement, ses voisins le prévenaient : « Gaston, y’a l’téléphon qui son… ». Il pouvait ainsi décrocher le combiné, mais, comme ça prenait du temps, les appels n’aboutissaient jamais, sans compter sa surdité. Aussi, Gaston décida d’acheter un portable. Ça ne captait pas bien chez lui. Après de nombreux essais, il trouva le lieu où le maximum de barres s’affichaient sur son écran : c’était dans une salle du premier étage de la Maison de quartier de Villejean. On la lui attribua donc, pour qu’il livre au moins ses appels. Quand il téléphonait, il braillait et n’entendait jamais ses interlocuteurs. On décida de communiquer autrement avec lui. On lui parla à l’oreille, très fort. Mais Gaston ne comprenait toujours rien et répétait de travers ce qu’il avait compris. C’est ainsi que naquit le téléphone arabe. C’est aussi ce qui explique qu’on donne aujourd’hui des cours d’arabe en salle Gaston.

Publicité
Publicité
Commentaires
L'Atelier d'écriture de Villejean
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité