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L'Atelier d'écriture de Villejean
13 septembre 2022

Chronique hôtelière / Anne J.

2223-01 Anne J - Cancale

Va où le vent te berce !

C'est le matin du départ
Direction Cancale et son coucher de soleil
A la Voilerie tout est blanc bleu et propre
mais on a forcé sur la plume :
les oreillers sont gros comme des ballons de foot
et dormir sur un ballon de foot
c'est bien inconfortable.

Se le dire enfin :

à Granville il y a tromperie
l’hôtel du bout de quai
n'a pas vue sur la mer ;
le quai dont il est question
est celui de la gare
juste en face.

Tout le bleu du ciel nous attend
aux Rivages de Quettehou
mais pas la mer
et le rivage est celui d'une route
où vrombissent les camions.

Chez Jocelyne à Bayeux
il faut aimer les décorations militaires
et les plages du débarquement.
Nous aurions pu dîner
à la fête médiévale
d'une soupe à la grenade
mais le bar de l'Europe
n'en servait pas.

Au prochain arrêt
nous n'avons jamais vu
l’hôtel de l'Estuaire :
problème de plomberie et inondations.
Ce sera chez Vatel
mais qu'importe :
la merveilleuse église St Joseph
avait pour nous
le sourire des fées.

Y a plus de place chez Catherine !
le lit armoire n'a plus de pieds
et nous pas de logis !
Ce sera l’hôtel des Remparts,
son lit en bois et son armoire normande.
Et que durent les moments doux !

Eux ils nous attendaient,
les goélands de Mers les Bains,
pour se répandre en longues coulées blanches
pendant qu on contemplait
les superbes maisons
et la mer du Nord.

2223-01 Anne J - Mers les Bains 2

La fin du voyage
est a St Valery.

Désolée je suis attendue
par le fameux virus de 2019 !
Immunisée enfin !
C'est le 1er jour du reste de ma vie...

2223-01 Anne J - Mers les Bains

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13 septembre 2022

J’aime la ville, merde ! / Laura

Jeudi dernier, après m’avoir parlé de ses projets de travail avec moi, une collègue m’a proposé, si j’avais besoin, de me covoiturer . J’ai répondu "non merci pour cette fois mais pourquoi pas, un jour ?".

Puis  j’ai filé vers la gare.Craignant cependant d’être en retard pour le train, je suis finalement partie avec ma collègue qui m’a dépeint ma vie de citadine usagère des transports en communs négativement et sa vie d’automobiliste urbaine mais amoureuse de la campagne positivement. Je la comprends mais...

2223-01 Laura - Rennes de Céline à KunderaJ’aime la ville, merde ! Et les transports en commun ! J ‘aime découvrir les vies d’une ville et je ne désespère pas de trouver le courage de la peindre à l’aquarelle. En attendant, j’admire les œuvres des paysagistes. A Toulon, cet été, j’ai longé le meilleur du stade Mayol et navigué vers l’Arsenal : « five minutes » d’arrêt. Le guide de la ville à la main, je m’égare. Au café, je lis les « Brèves des lices ».

A Rennes, je marcherais sur les traces des artistes, de Céline à Kundera : métamorphose de Baudelaire vers l’île Bourbon. De place en place, la ville est un temple où les bâtiments murmurent. A la fin de mon séjour, je coche souvent plus de lieux parmi les 111 à ne pas manquer que les autochtones qui me demandent comment j’ai fait… Sur les pas d’Odorico, je chercherais, jusqu’à la fin de mon séjour, « la poule coucou  » !

2223-01 Laura - La Poule coucou de Rennes

13 septembre 2022

Amitié / Josiane

A l’arrêt « Se le dire enfin », j’étais attendue. Fallait-il y voir un quelconque signe de celle que j’allais retrouver ?

Il faisait triste sur ma ville ce jour là et le parapluie était de mise. Certains imprévoyants se pressaient pour échapper au flux continu qui se déversait avec un mélodieux clapotis. Mélodieux à nos oreilles car l’été avait été particulièrement sec et cette ondée bienfaisante était attendue.

2223-01 Josiane - Se le dire enfin

Je sautai dans le bus N°4 à l’arrêt joliment nommé « Le premier jour du reste de ma vie ». Quelle belle idée avaient eu nos élus de suivre les bibliothécaires de la ville et de renommer les arrêts de bus et de métro à l’occasion de l’ouverture de la Ligne B de ce dernier ! Cela ne simplifiait pas la vie de ceux qui ne connaissaient pas la ville ou n’avaient pas le sens de l’orientation, mais cela mettait dans nos vies de citadins un peu de poésie.

Je jetais un oeil à ma montre : midi pile. Elle m’avait dit : « Sois à l’heure, nous avons tant de choses à nous dire ! ». Il est vrai que nous nous étions perdues de vue depuis plus de vingt ans.

Pourquoi avions-nous décidé de nous revoir après un si long silence ?. Il est des décisions qui n’ont pas d’explication, sinon, l’âge venant, la peur d’un rendez-vous manqué, d’une séparation définitive.

Le bus avançait inexorablement vers ma destination et je commençais à ressentir ce pincement qui précède un rendez-vous important. C’est alors que je la vis. Elle n’avait pas changé, tout au plus quelques rides. Je sautai vivement sur la chaussée pour la rejoindre et nous avons couru l’une vers l’autre.

2223-01 Josiane - Se le dire enfin 2Tout naturellement nous avons bavardé, nous nous sommes racontées ; vingt ans, il s’en passe des choses en vingt ans. Et puis, cette phrase : « C’est drôle, c’est comme si nous nous étions quittées hier ! ». Et c’était vrai, l’amitié était intacte, le plaisir d’être ensemble aussi.

- Tu sais, il faut que je te dise, tu m’as manqué, mais je savais pourquoi ce silence et je l’ai respecté.

Voilà, en quelques mots elle définissait le mot Amitié.

Nous avons eu envie de poursuivre ces moments précieux, nous avons parlé de nos vacances communes, de la Crêperie des Petits miracles où nous avions nos habitudes, de l’heure bleue photographiée rue du Jerzual à Dinan, des algues vertes qui gâchaient nos séjours en Finistère, de la poule Coucou offerte pour un anniversaire. Il y avait tant à se dire.

Nous avons omis les galères, nos descentes aux enfers, ce serait pour plus tard peut-être. C’était si bon de se retrouver, ne pas gâcher ces instants, s’abandonner à vivre et que ne durent que les moments doux.

13 septembre 2022

La Crêperie des Petits miracles / Jean-Paul

2022-09-11 - Nikon 16

La Ballade avec Brassens, c'est la crêperie des petits miracles bretons ! Elle est ouverte tous les deux ans à Rennes, derrière l'église Saint-Hélier, et les jours où je m'y rends tout le bleu du ciel m'accompagne, comme si Rennes était devenue Sète, comme si Georges Brassens n'avait jamais chanté « L'orage », « Le Parapluie » et « Le Petit cheval dans le mauvais temps ».

Ce jour-là on lui pardonne, au plus célèbre des Sétois, sa soupe à la grenade anarchiste, ses formules misanthropes : « Le pluriel ne vaut rien à l'homme et sitôt qu'on est plus de quatre on est une bande de cons ». On passe sur ses gros mots, sa ronde des jurons, ses grivoiseries et sa soit-disant misogynie.

On peut se le dire enfin cet adage par lui pondu selon lequel « Tous les morts sont des braves types ». Effectivement on oublie très vite qu'ils ont mangé de la vache enragée, les poètes, qu'ils se sont peut-être trompés en allant mourir pour des idées, les hommes, et on souhaite que ne durent, pour toutes et tous, que les moments doux de leur existence. Il les a bien chantés, ceux-là, l’oncle Georges : sa reconnaissance envers la Jeanne et l'Auvergnat, ses amours d’antan et de maintenant comme celui de cette petite poupée, Püppchen, devant laquelle il s'est fait si petit qu'il lui a écrit une presque LewisCarrollienne non-demande en mariage. Joyeux non-anniversaire monsieur Georges ! Vous auriez eu cent-un ans le mois prochain si la camarde, qui n’a jamais rien pardonné à personne, ne vous avait emmené retrouver l’oncle Archibald et le vieux Léon au pays des fantômes tremblants et troublants. Comme cadeau pour commémorer cela, la promenade qui porte votre nom à Rennes a pris ce dimanche des allures de pays des merveilles.

Toutes les dames qui sont montées sur la scène pour vous chanter avaient le sourire des fées sur les lèvres, ravies qu'elles étaient de se mettre en bouche les mots crus du gorille de l'impasse Florimont.

***

2022-09-11 - Nikon 52

Je ne suis pas là pour raconter ma vie mais, sachez-le, vous qui me lisez, je suis tombé amoureux de l'une d'entre elles hier ! Amoureux de sa voix, de sa diction et quand nous nous sommes trouvés côte à côte à chanter ensemble les paroles d'une autre chansonnette devant un groupe nommé Les Modestes, ce fut comme une communion, un moment de grâce ; nous nous sommes jetés un regard en douce et peut-être a-t-elle pensé comme moi « Va où le vent te berce ! Propose à ce frère - cette sœur – en Brassenssitude de passer le premier jour du reste de ta vie a te gratter le ventre en chantant des chansons ou, à tout le moins, demande lui si ça l'intéresserait de former un duo musical !".

Elle n'a pas osé. Je n'ai pas osé non plus, de peur qu'elle ne me réponde : « Désolé, je suis attendue ! » et c'est ainsi que j'ai pu vérifier la justesse des observations d'Antoine Pol sur les instants secrets pendant lesquels on aime ces belles passantes.

13 septembre 2022

L'incident de la ligne C 5 / Jean-Paul

2223-01 Jean-Paul A TerminusBelz-site

Au commissariat :

- Elle est montée dans le bus numéro C5 à "Midi pile". Il était 19h.

- Qu'est-ce que c'est que ce charabia ? Qu'est-ce que vous racontez là ?

- "Midi pile", c'est le nom de l'arrêt du bus. Depuis qu'on a donné le pouvoir aux bibliothécaires ils ont renommé toutes les stations de toutes les lignes de bus comme de métro.

- Monde de fous ! C'est bon, continuez !

- À la station "Fils de dragon" est monté un type déguisé en chevalier Saint-Georges.

- Avec son cheval ?

- Non, il l'avait oublié au casino. À la station « Y a plus de place » sont montées des bonnes sœurs en grand nombre, si bien qu'il n'y avait plus de place dans le bus mais elles sont descendues à l'arrêt suivant « L’Imagier tic toc ». C'est là que sont montés les frères siamois dont l'un avait une jambe de bois.

- Ils étaient combien ?

- Trois paires !

- Tic Tic, Tic Tic, et Tic et Toc, c'est ça?

- C'est ça ! Ensuite...

- Ne me dites pas qu'à "L'Heure bleue" Laure Adler est montée à bord ?

- Elle lui ressemblait, en tout cas ! Ou alors c'était Kathleen Evin ? Je ne me souviens plus très bien des visages des gens de radio ! J’ai parfois la mémoire qui flanche !

2223-01 Jean-Paul B TerminusBelz-site- Et les ours déguisés en Marilyn Monroe, c'était où ?

- C’te question ! A "Poupoupidours" bien sûr ! Après le bus c'est arrêté à « Occupé » mais les WC étaient fermés de l'intérieur donc personne n'est monté, personne n'est descendu. À "Pop Ville" on a embarqué les musiciens.

- Et alors l'incident a eu lieu où?

- C’est vous qui appelez ça incident ! À « Rois et reines de Babel » ! Tous les chauffeurs de bus de toutes les lignes s'étaient donné rendez-vous devant la boîte de nuit qui est là et qui s'appelle le « Terminus Belz » pour le grand bal costumé permanent. Ils y sont toujours, avec tous leurs passagers ! Ça fait cinq jours et cinq nuits et ce n'est pas prêt de s'arrêter !

- Et donc si on veut circuler dans la ville maintenant ?

- Il ne vous reste plus que les deux lignes de métro sans chauffeur ! Mais pourquoi voulez-vous circuler ? Faites comme tout le monde, commissaire ! Venez faire la fête au Terminus Belz !

 

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