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L'Atelier d'écriture de Villejean
18 mai 2021

Un drôle de coco / Maryvonne

Le lendemain matin, lorsque Quand et Où se réveillèrent ils ne savaient pas très bien, à force d'avoir bu la veille, lequel était Quand et lequel était Où. Où savait qu'ils devaient aller rencontrer aujourd'hui un drôle de coco mais il ne savait pas où. Quand savait qu'ils devaient aller un jour à Paimpol mais il ne savait pas quand.

Ce matin-là c'était très exotique pour deux perroquets de se réveiller au chant du coq dans un champ des Côtes d'Armor près d'une ferme où de braves gens cultivent des haricots.

AEV 2021-31 Maryvonne le loup le renard et la belette

Encore un peu soûls comme des cochons, la tête dans le pâté breton et la huppe dans les brumes d'alcool ils ouvrirent leurs yeux ronds comme des billes. Bien décidés à visiter ce petit port ils se mirent en route après avoir grappillé quelques graines de haricot blanc et bu quelques béquées de cidre. Ils ne savaient pas que ce mélange détonnant allait les propulser pétaradant jusqu'au bout du champ où ils furent accueillis par le loup, le renard et la belette en grande répétition pour le festival de chant de marin.

Le trio, très étonné de voir ces volatiles exotiques, se mit à les bombarder de questions. Quand et Où déclarèrent qu'ils étaient venus à la rencontre d'un drôle de coco avec un prénom de perroquet. Précisément un certain Monsieur Jacob, président du syndicat de défense du coco de Paimpol. Mais qu'ils s'étaient un peu emmêlé les plumes la veille au soir et avaient besoin d'aide.

Le renard, toujours le plus malin déclara qu'il fallait s'en remettre à l'hermine, la plus cultivée sur l'histoire du pays. Celle-ci arriva dans sa plus belle robe et se proposa de les rencarder sur le petit port de pêche. Où voulait voir la fameuse falaise décrite dans la chanson mais l'hermine se coucha sur le dos pour rire en se grattant le ventre de ses petites pattes.

La falaise n'était pas un relief crayeux en à-pic de la mer mais le nom d'un bordel pour marins en escale (ou pas). Son église était plutôt visitée par les grenouilles que par les perroquets débiles (et pan ! Sur le bec !) Quant au grand Pardon il commençait à démoder grave.

Restait la peau de la Paimpolaise, moins douce que sa fourrure d'hermine mais sûrement bien agréable. Certains détracteurs de chansons locales chantaient la peau d'lapin (polaise).

Enfin le drôle de coco qu'ils voulaient rencontrer n'était pas un perroquet blanc mais un marchand de ces délicieux haricots blancs qui accompagnent le fameux gigot de pré salé. Il leur posa un lapin. Trop occupé à défendre les haricots péteurs.

L'hermine les régala de grain de riz délicieux baignant dans du lait onctueux. La fameuse « Teurgoule ». Tout était bon et l'air pour voler de délice en délice sentait le frais et l'iode à plein bec.

Le soir ce fût l’apothéose avec les fameux chants de marin. Outre la fameuse Paimpolaise de Théodore Botrel ils apprécièrent « Loguivy de la mer » et tant d'autres sur la pêche et les fameux trois mâts. Ils se dirent qu'au moins ils savaient où et quand ils pourraient se reposer de cette journée bien remplie. C'était ici et maintenant et c'était déjà quelque chose. 

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