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L'Atelier d'écriture de Villejean
29 novembre 2017

Consigne d'écriture 1718-10 du 28-11-2017 : L'acupuncteur ou les carottes

L'acupuncteur ou les carottes

La consigne principale est celle de l'atelier n° 86 de Lakévio :

 

Lakévio 86 Catherine Rey 118042300 réduite

A partir du tableau de Catherine Rey proposé, écrire un texte en prose ou un poème en plaçant judicieusement les dix mots de la liste suivante que vous mettrez en gras dans votre texte.

Soierie – excellent – éliminer – explication – tranchant – éclaireur – douceâtre – dominer – effet - hostile

Il n'est pas permis de changer l'orthographe des mots. Impossible donc de les accorder ou de conjuguer les verbes.

 

Il y a une consigne alternative qui est celle des 
Impromptus littéraires du 27-11-2017 : L'acupuncteur


Vous allez vous retrouver dans une histoire abracadabrantesque qui mêlera :

- un personnage : un acupuncteur ou acupunctrice désorganisé(e)
- un lieu : dans un salon de beauté
- un objet : un caleçon

- un moment : après la venue d'un gendarme dans le quartier

- un problème : un coup de fil anonyme

Vous nous raconterez vos aventures en prose, en vers, ou les deux.

On peut mêler les deux consignes si on le souhaite.             

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28 novembre 2017

Chaussez vos bottes de carottes ! / Anne-Françoise

AEV 1819-28 nov 513sRqdMSXL

Il était vieux et commençait à souffrir de mille maux. Il s’en fut voir son médecin, une vieille chouette qu’il connaissait depuis longtemps sans qu’elle l’ait pourtant reçu tant de fois que ça en consultation. 

- Il va vous falloir à vous aussi, lui dit-elle, suivre les recommandations alimentaires prônées aujourd’hui, à savoir 5 fruits et légumes par jour. Et je peux vous garantir que ce régime sera excellent pour plusieurs de vos affections, cher loup. ».

La mine du carnassier qui lui faisait face gauchement se décomposa. Elle poursuivit :

- Les carottes, en particulier, ont plusieurs vertus. La carotte, en effet, renferme de la vitamine A qui est excellente pour la vision. Vous m’avez dit que vous ne faisiez plus la différence entre les jeunes agneaux tendres et les vieux boucs coriaces. La carotte devrait vous aider à y voir plus clair. »

AEV 1718-10 Grand_Loup_Petit_Loup_1-672x372

L’explication ne parut pas suffisante pour faire apparaître un sourire, tranchant, sur la tête du loup. Elle poursuivit encore :

- Cela dit, quand je parlais de boucs et d’agneaux, je vous interdis formellement de les consommer. Vous pouvez, par exemple, les compter sautant une barrière avant de vous endormir ou faire avec eux un peu d’exercice physique (ce que je vous recommande, en jouant à saute-mouton, pourquoi pas), mais, encore une fois, ne vous avisez pas de les manger ! Tenez-vous en au régime carottes, régime qui épurera votre système digestif et vous permettra d’éliminer les toxines d’une alimentation jusque là trop riche en protéines. Sans compter, cher ami, que vous avez déjà perdu beaucoup de dents. »

Le loup ouvrit la bouche.

- Ouh la la ! Il y a bien des manières de consommer les carottes : crues, râpées, cuites, en purée ou même en soupe ! »

Le loup se retrouvait dans un cauchemar qui ne semblait pas vouloir se terminer. Il était dégoûté à l’idée de manger une espèce de boisson orangeâtre, douceâtre, liquide et de dire adieu à des biftecks saignants et des côtes craquantes sous les dents avec du bon sang qui lui coulait dans le gosier.

Et la chouette continuait :

AEV 1718 28 nov carottes118042300- Vos rhumatismes ne vous permettent plus de courir comme autrefois après votre gibier. Mettez-vous au régime carottes, ce sera plus aisé. Et, dois-je vous le dire, vous y êtes déjà un peu, cher ami. Je vois votre moue dubitative mais écoutez plutôt ce raisonnement, éclaireur et éclairant : si les carottes sont bonnes pour les lapins et si les lapins sont bons pour les loups alors les carottes sont bonnes pour les loups, et en plus, on se passe ainsi d’intermédiaire ! Dois-je enfin vous le dire, la plupart des habitants de cette forêt vous est hostile, arguant que vous avez dévoré leurs frères, sœurs, cousins, parents, grands-parents, aïeux. En vous mettant au régime carottes, vous cesserez de dominer ainsi cette forêt et apprendrez à agir plus en collaboration et en solidarité. Vous verrez, ce sera beau, comme les mille fils d’une soierie qui composent un magnifique tableau ! Vous vous ferez des amis et, cher loup, les relations sociales sont excellentes pour gagner en longévité : vous vivrez ainsi longtemps et bien entouré. Cher ami, les carottes vapeur sont pour vous la clef du bonheur ! ».

28 novembre 2017

Douze femmes en colère / Dominique H

AEV 1718-10 acupuncteurL'esthéticienne de mon quartier est quelque peu farfelue. Sa dernière trouvaille a été de s'accoquiner avec un acupuncteur tout aussi déjanté qu'elle. C'est une association loufoque mais pas du tout désorganisée, bien au contraire.

Que vient faire un acupuncteur dans un salon de beauté ? Et quel acupuncteur ! C'est un petit homme asiatique grassouillet qui sourit en permanence. Il n'est vêtu que d'un caleçon en soie rouge, assorti au kimono de l'esthéticienne et de son employée. L'homme est à moitié chauve, seule une maigre natte noire lui caresse le dos.

L'ambiance du salon de beauté est raffinée comme il se doit : musique planante, lumière douce de lampes orientales, volutes de bâtons d'encens, bougies, thé vert au miel, sofas et méridiennes accueillantes.

AEV 1718-10 concombreCe binôme de choc sait prendre ses clientes en main : la séance commence classiquement par un massage doux du visage pour activer la circulation, puis un masque au concombre pour relaxer, puis un rinçage à la glace pilée pour raffermir les chairs.

Notre duo a le sens des affaires et c'est alors sur une cliente déjà détendue que leur concept révolutionnaire va s'appliquer.

Notre petit homme s'approche du visage de la première cliente et de ses doigts boudinés mais néanmoins agiles, en un geste précis et transfixiant, il enfonce délicatement sa fine aiguille dans le lobe de l'oreille gauche. Pas de réaction, l'intervention est parfaitement indolore. Il glisse silencieusement, tout sourire, d'une femme à l'autre et renouvelle le miracle.

Il s'agit bien d'un miracle : l'aiguille magique paralyse les muscles superficiels de la face, comme le ferait la toxine botulique : les traits se lissent, l'ovale du visage devient net, les rides disparaissent, l'expression est zen, et la cliente rajeunie est ravie.

Elle ressort de la cabine rhabillée et radieuse et rejoint à la caisse l'esthéticienne qui lui a préparé un coffret de produits de beauté « d'entretien » : crème de jour aux nanoparticules de collagène et huile magique à l'acide hyaluronique pour la nuit. Tout en flattant la cliente sur l'éclat de sa beauté, la patronne des lieux glisse avec délectation la carte bancaire dans la machine. La patiente, sur un petit nuage, fait son code sans réfléchir à l'addition, elle fera ses comptes plus tard.

L'esthéticienne a elle son tiroir-caisse bien en tête. Les affaires marchent, la clientèle est en pleine expansion et le banquier l'a récemment félicitée.

Justement, encore un appel, certainement pour une prise de rendez-vous. Tout sourire elle décroche, mais après quelques secondes ses traits se figent et elle raccroche brusquement. Les clientes alanguies ne semblent pas réaliser son trouble. Elle se ressaisit et revêt immédiatement son masque souriant.

L'acupuncteur, tout en ayant perçu le malaise, a poursuivi, imperturbable, son ballet silencieux et la ronde de ses aiguilles. Mais ils se sentent tous les deux en sursis, et pour cause !

La supercherie des deux acolytes fonctionne encore mais pour combien de temps ?

Eh oui, contrairement à la promesse de résultat durable, la cure de jouvence est de courte durée : une petite semaine, juste le temps d'y croire. Petit à petit, l'effet de la séance d'acupuncture s'estompe et malgré l'application soigneuse et docile des onguents miraculeux, de nouveau les rides se creusent, les traits se flétrissent. Bien sûr l'idée ruineuse d'une séance hebdomadaire vient à l'esprit de quelques clientes, les plus riches. Les autres partagent leur amertume de s'être fait avoir et petit à petit fomentent leur revanche.

 

AEV 1718-10 gendarme

Soudain, un gendarme pénètre dans le salon de beauté, probablement pour demander un renseignement... Des clientes, un peu étonnées, se redressent en réajustant soigneusement leur peignoir, le gendarme leur sourit et d'un geste apaisant les invite à se rallonger.

Le motif de son irruption est tout autre : « Madame, Monsieur, je vais vous demander de me suivre au commissariat. Vous venez de recevoir un coup de téléphone anonyme. Il a été envoyé du poste de police par la meneuse d'un groupe de douze femmes en colère qui portent plainte contre vous deux pour escroquerie ».

Veuillez me suivre s'il vous plait. »

28 novembre 2017

Histoire abracadabrantesque / marie-France

AEV 1718-10 coup de fil anonyme

Benjamin, l'excellent acupuncteur de la rue des Martyrs, exerçait son métier depuis de nombreuses années, tout près du salon de beauté de Mme Germaine. Ils évoluaient chacun dans un joyeux désordre qui était loin de déplaire aux habitants du quartier.

Dans ce quartier déshérité et devenu mal famé la venue d'un gendarme en faction fut fort appréciée. Il avait pour mission de faire régner l'ordre et de mettre hors d'état de nuire tous les individus rebelles. Hostile à toute tentative d'explication, il envoyait au besoin tout ce petit monde en prison, pensant ainsi éliminer tout risque de débordement.

Ce soir-là il reçut un coup de fil anonyme qui le déstabilisa : un individu en caleçon se promenait dans le quartier et venait de faire irruption dans le salon de beauté de Mme Germaine. Tout d'abord notre gendarme crut à un canular et, sur un ton tranchant, il raccrocha. Quelques minutes plus tard, le téléphone sonna à nouveau. Notre homme essaya de connaître l’origine de cet appel mais en vain ; ses questions inquisitrices n'eurent pour effet que d'énerver son interlocuteur.

Le ton montait. Devant tant d'incompréhension entre les deux hommes, l'homme en uniforme promit alors de se rendre sur les lieux. Il était quelque peu inquiet, se sentant bien seul pour affronter cet individu quelque peu excentrique et peut être violent. Il prit son courage à deux mains et se rendit rue des Martyrs comme indiqué, bien décidé à dominer la situation et à obtenir quelques explications.

Arrivé là il remarqua deux silhouettes dans le salon de Mme Germaine.

L'éclaireur du quartier, autrement dit l'allumeur de réverbère, était en train d'exécuter sa tâche et les quelques lampadaires en fonction répandaient une lueur douceâtre sans toutefois mettre en lumière la scène du salon de beauté.

Notre gendarme s'y rendit à pas feutrés et hésitants. Il n'était pas trop courageux à vrai dire. Arrivé à hauteur du cabinet de Benjamin l'acupuncteur, il reconnut notre homme en tenue plus que légère, vêtu d'un simple caleçon. Ils étaient là, tous les deux, en grande conversation autour de la nouvelle vitrine du magasin de Germaine : des produits de beauté, parfums, savons, rouge à lèvres et crème de carottes, disposés artistement sur un lit de soierie récupérée au Marché Saint-Pierre.

Le gendarme fit le constat et ne put verbaliser. Il aurait bien aimé savoir qui les avait démasqués.

Il ne put se résoudre à interrompre leurs petits jeux frivoles. Il reprit sa garde, comme si de rien n'était. C'est alors qu'il remarqua au 2ème étage de l'immeuble d'en face, une vieille personne à la fenêtre qui referma le rideau prestement. Il se dit que c'était probablement de là que provenait ce coup de fil anonyme.

Il s'en alla rassuré.

AEV 1718-10 SMS anonyme

28 novembre 2017

Causerie légumière / Jean-Paul

caravage01judith

Un jour, on ne sait plus trop quand, il y a eu, dans l’histoire de la peinture, un type qui a voulu faire son petit effet et qui a décidé de partir en éclaireur dans une voie jamais encore explorée. Jusque-là chaque peintre avait l’excellent projet d’édifier les foules en lui présentant, au sein de grands bâtiments appelés «églises», l’explication en images de scènes et de personnages de l’Histoire sainte.

La Sainte Vierge était vêtue de soierie bleue ; le Christ, bien que natif du Moyen-Orient où le soleil ne manque pourtant pas, avait tout à fait la tête pâlichonne de Jean-Paul Rouve, l’acteur qui joue le rôle du photographe dans le film «Le sens de la fête». Le gars ne peut dominer son appétit immodéré pour les petits fours du mariage et la belle-mère qui s’encanaille. Je parle de Jean-Paul Rouve, pas du Christ.

Notre peintre novateur n’était sans doute pas hostile à cette école picturale ancienne au sein de laquelle on ne craignait pas de représenter des scènes d’une violence effroyable. On voit ainsi sur un tableau du Caravage une nommée Judith user du tranchant d’une épée pour éliminer un nommé Holopherne en lui entamant largement la gorge. Le sang gicle, l’homme a les yeux exorbités et sur d’autres tableaux consacrés à ce sujet on voit même la tête du gars posée sur un plateau et arborée fièrement par la décapiteuse en chef.

Le harcèlement n’était pas dans le même camp à l’époque ! Ou alors, si c’était du féminisme, il ne s’embarrassait pas de mots ou de gestes inutiles. «Le sexe, c’est tout dans la tête» ? On coupe !

Lakévio 86 Catherine Rey 118042300 réduite

Notre peintre novateur a choisi ce jour-là d’inventer la nature morte. Il est allé dans son jardin, il a cueilli ce légume à la saveur douceâtre qu’on appelle carotte, il a composé un bouquet de treize carottes, a choisi l’exposition à la lumière et a peint la Cène. Pardon, j’ai fait une faute : « cène » ne s’écrit pas CENE mais «scène» SCENE.

Je ne sais pas pourquoi il a fait ça. Peut-être n’avait-il plus que de l’orange et du vert sur sa palette ? Peut-être que si, au fond, qu’il en avait marre de toute cette cruauté humaine envers les animaux, les hommes, les femmes, les légumes, la planète et Holopherne ?

Toujours est-il que depuis ce jour la peinture profane (de radis ?) et la nature morte ont proliféré. Des peintres belges ont portraituré des messieurs à chapeau melon au visage caché par une pomme et des pipes qui n’en sont pas. Des peintres espagnols ont peint des vues du bordel de la rue d’Avignon à Barcelone avant que les indépendantistes catalans n’y installent le leur en réclamant leur indépendance et dame Catherine Rey a peint des carottes.

Lors de notre prochaine causerie, j’évoquerai pour vous la naissance du navet au cinéma.

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28 novembre 2017

L'apprentie-sorcière au Saint-Nectaire / Jean-Paul

Aujourd’hui le cabinet du docteur Pinterest, l’acupuncteur de Vezet-le Coquin (Ille-et-Vilaine) est fermé. On a épinglé sur la porte : «Clos pour cause de Closer».

Et c’est vrai que le docteur Pinterest est en train de lire le journal qui vous mène au plus près de la vie des stars dans la salle d’attente du « Venus Beauté Institute » de Vezet. Mais c’est bientôt son tour. Il se dessape derrière un paravent puis se confie aux bons soins de Madame Debord, la directrice du salon de beauté. Seulement il s’aperçoit qu’il a mis pour venir ici le caleçon offert par ses collègues de l’AFA (Association Française des Acupuncteurs). C’était pour son anniversaire qui tombe en même temps que le congrès et ça se passait au restaurant du château de Chantilly où l’on célèbre le duc d’Aumale.

Sur la face arrière du caleçon est écrit « Suivez la flèche !». Sur la face avant est représentée une horloge où la petite et la grande aiguille se chevauchent sous le nombre douze. Pour insister à peine lourdement sur la symbolique il est aussi écrit «Toujours sur midi !».

- C’est un peu gênant, Madame Elvire. J’espère que vous n’y verrez pas malice ? s’excuse-t-il avant de s’allonger sur le dos et sur la table.

- Oh vous savez, j’en ai vu d’autres ! répond Madame Debord, l’esthéticienne, en le décorant de rondelles de concombre avant de l’enfourner sous la chaleur des lampes à UV.

- Elle est un peu curieuse, votre spécialité locale, vous ne trouvez pas ? Qu’est-ce qui se passe quand le concombre est cuit ?

- Les carottes le sont aussi et on arrête le légume coupable ! D’ailleurs, je ne sais pas si vous avez vu mais la gendarmerie est sur la piste !

- Sur la piste du concombre masqué ?

- Hier le brigadier Pandore est venu nous interroger à propos de l’affaire.

- L’affaire ?

- Vous n’êtes pas au courant ? L’affaire des caleçons qui rétrécissent ! Depuis une semaine tous les caleçons des gendarmes rétrécissent.

- Au lavage ?

- Pas plus au lavage qu’à l’essorage ! Pendant que les gendarmes les portent ! Pandore n’y comprend rien. Il pense qu’on a jeté un sort à la brigade. Du coup il oriente l’enquête vers les sectes du secteur.

- Il y aurait des sectes vaudoues à Vezet-le-Coquin ? En Ille-et-Vilaine ?

- Moi ce que j’en dis, hein, c’est ce que j’en sais ! Et ça m’a mise en colère, d’ailleurs. J’ai été suspectée ! Il paraît qu’ils ont reçu un coup de fil anonyme.

- Ca disait quoi ? Une demande de rançon pour que les caleçons retrouvent leur taille normale et que ça ne leur serre plus le kiki ?

- Non ça disait « le vaudou est toujours Debord ».

- Debord avec un d, comme Guy Debord, la société du spectacle et… comme vous ?

- Ben oui ! Vous vous rendez compte ? Elvire Debord soupçonnée d’envoûtement, de hashtag #balancetonsort, de sorcellerie, de planter des aiguilles… Mais où va-t-on ? Mais où va-t-on ?

Là-dessus elle se tait, car elle vient de se rendre compte qu’il n’y a pas mieux qu’un acupuncteur désorganisé pour transpercer une statuette maléfique.

***

Voilà. Je me suis arrêté là. Si j’avais mis la suite, ça aurait été trop long, j’aurais encore fait fuir tout le monde ! Parce que ce n’est pas le tout d’installer un mystère, après il faut procéder à sa résolution. Et dans les polars d’aujourd’hui, plus c’est compliqué, plus c’est long, plus ça plaît. Sauf à moi qui ai d’autres choses à écrire et à vous qui avez autre chose à faire !

Voici quand même mes pistes de développement de ce scénario :

150718 N 059

De retour à son cabinet le docteur Pinterest reçoit la visite du gendarme Pandore. On a en effet retrouvé des aiguilles dans une botte de foin à l’entrée de son cabinet. Le docteur explique qu’il plante en effet dans la paille ses aiguilles usagées afin que les employés du Centre de tri des déchets ne se piquent pas par mégarde.

On suit alors le brigadier Pandore qui rentre chez lui. On découvre qu’il est célibataire, qu’il est auvergnat et que pour résoudre les mystères de Vezet-le-Coquin il s’installe dans son fauteuil et visionne des dévédés de films de cape et d’épée tout en réfléchissant au problème posé. Ce soir-là il s’envoie « Le Capitan » avec Jean Marais. Et pendant la scène où l’acteur escalade la muraille du château de Val – ah, les paysages de sa jeunesse ! – il a une illumination rimbaldienne ! « Le vaudou est toujours Debord » ? Non ! « Le vaudou est toujours de Bort !». Bort les Orgues. C’est la ville importante la plus proche du château de Val ! Sa ville natale ! 

Le lendemain matin il entre dans la boutique dont l’enseigne est « Papa pique et maman coud ». La patronne de la boutique de couture est nouvellement arrivée dans le village. Une dame d’à peu près le même âge que lui qui rougit, confuse, devant son uniforme et son prestige. Et soudain, il la reconnaît ! Céline Lapiquouse ! Son ancienne voisine de pupitre à l’école de Bort-les-Orgues ! Ils se tombent dans les bras l’un.e de l’autre et dans la mode de l’écriture inclusive en même temps.

D’habitude les histoires d’amour finissent mal en général mais pas chez moi. Même si Céline doit lui avouer que c’est bien elle la coupable. En effet elle est venue s’installer ici pour le retrouver car elle l’aime depuis toujours mais est timide et n’a jamais oser lui avouer et patati et patata comme dans Closer. Alors quand elle a reçu dans sa boîte aux lettres le prospectus de Monsieur Hamidou elle est allée le consulter pour obtenir un retour de flamme.

De retour chez elle, elle a suivi les conseils du marabout. Elle a confectionné dans du Saint-Nectaire fermier une poupée représentant un gendarme. Elle a habillé la figurine d’un caleçon bleu marine et l’a coiffée d’un képi Playmobil. Puis elle a planté une aiguille à coudre dans les fesses de la poupée. Pas très fort pour ne pas lui faire mal.

- Mais dis-moi, Céline, a demandé Hugues – Pandore se prénomme Hugues, ne cherchez pas, il n’y a pas de jeu de mots au frais pour une fois – T’es toujours aussi bête ou quoi ? C’est pas là qu’il faut piquer ! C’est de l’autre côté ! Regarde, c’est écrit : Suivez la flèche !
- Ah oui ! J’avais pas vu ! Alors c’est ici ?
- Oui, vas-y. Et pique fort !

150716 N 030

Elle plante son aiguille à l’endroit idoine.

Aussitôt tous les caleçons de la gendarmerie française se dilatent, les pantalons eux-mêmes tombent, le retour de flamme a lieu et pas qu’un peu. Si bien qu’aujourd’hui « Papa pique et maman coud » est fermé. On a épinglé sur la porte : « Clos pour cause de Closer ».

Quelques semaines plus tard tout le village de Vezet-le-Coquin est invité à un mariage auvergnat avec marquisette et tripoux à volonté, chabrot obligatoire et Saint-Nectaire en roue libre au dessert. Bien sûr le docteur Pinterest a cru rigolo d’offrir comme cadeau de mariage un service à fondue bourguignonne avec douze piques. Elvire Debord, pas rancunière a offert un bon pour une croisière sur le lac Chambon et une cure thermale à La Bourboule.

Elle n'est pas belle, la vie, par chez nous ?

P.S. OK, pour le coup de fil anonyme, j’avoue, c’est moi. Ben quoi, il faut bien un deus ex machina aussi, non, avec une consigne d’écriture aussi tordue ?

23 novembre 2017

Consigne d'écriture 1718-09 du 21-11-2017 : Le blog en forme d'abécédaire

Le blog en forme d'abécédaire

AEV 1718-09 alphabet

 

Vous rédigez plusieurs billets pour un blog de forme « abécédaire ».

Le titre de chaque billet est bâti sur le modèle suivant : A comme..., B comme....
Le billet ne fait pas plus de quinze ou vingt lignes.
Choisissez parmi les thèmes proposés ci-dessous ou ceux qui vous viennent à l’esprit.

A comme Arthur
B comme brumes matinales
C comme coulisses
D comme dés
E comme édification
F comme Finlande, fête ou fainéant
L comme Léon, Lagaffe ou lumière
M comme maison de poupée, montagne ou mec
N comme notaire, nationalité, Nathalie
O comme océan, or ou onze
P comme père, parapluie ou patrimoine
Q comme questions existentielles
R comme rouge, retard ou regrets
S comme stupeur et tremblement
T comme temps, traduction ou théâtre
U comme une vie, une semaine ou universel
V comme vertige, voyage, vieux ou vandale
W comme wagon de train

23 novembre 2017

O comme odalisque / Jean-Paul

171122 jeringres17C’est dingue, quand même, l’évolution des moeurs, des hashtags et de l’art occidental ! Prenez les odalisques par exemple. Madame Wikipe, la pédiatre, nous apprend plein de choses à leur sujet.

On en a peint des tonnes au XIXe siècle. Des tas de dames toutes nues qu’on exposait au salon. Par exemple « La grande odalisque » d’Ingres, un peintre qui était tellement miraud qu’il a cru toute sa vie qu’il jouait du violon alors qu’il faisait de la peinture !

171122 jeringres16«L’Olympia» de Manet c’est une odalisque. Ce n’est pas, comme certains le croient, Rika Zaraï qui se repose dans sa loge avant son tour de chant dans le music-hall de Bruno Coquatrix. Et il y a «le bain turc», d’Ingres encore, plus fort de café que le café du même endroit.

Tous ces tableaux représentent en fait l’intérieur d’un harem. Vous vous rendez compte ? Voilà un mec, appelons-le le sultan, il ne nous répondra pas, il a droit à une favorite différente chaque soir dans son lit. Et ce n’est même pas une odalisque : les odalisques sont les femmes de chambre des concubines.

OK pour la polygamie ! Les Japonais plient leurs feuilles de papier comme ils veulent mais toutes ces dames au salon sont en fait des esclaves. Des esclaves sexuelles ! Bonjour les mœurs des étrangers et celles, sous couvert d’orientalisme, de la bonne bourgeoisie française !

Aussi m’étonné-je, en cette période de décochage de flèches féministes sur la toile et ailleurs : pas un seul décrochage de toile au musée, pas une dénonciation, pas un mot de repentance, pas un seul hashtag #balancetonpeintredodalisque !

Mieux que ça, des provocateurs belges – j’ai les noms ! – nous lancent le défi d’écrire à la fois sur les odalisques et sur les obélisques à partir d’une photo de celui de la Concorde recouvert d’un préservatif géant !

De deux choses l’une : soit je ne comprends rien à l’art, soit je comprends tout à la Belgique !

171122 obélisque 118177775

23 novembre 2017

U comme Ukulélé / Jean-Paul

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Forcément, une invitation comme celle-ci ne se décline pas, même en latin ! Cela s’appelle «Up duke», cela pourrait signifier «Levez-vous, Monsieur le duc !» mais c’est traduit par «Un poil d’uke», uke étant l’abréviation d’ukulélé.

Ca se passe dans un café associatif rennais, l’Ubuntu, rue de la Bascule. J’ai raté la première session mais j’y suis allé samedi pour la deuxième avec mon ukulélé de couleur rose. Il y avait là Louise, Iza, Marianne, David, Cécile, Carl et Mickaël venu spécialement de Brest. On a joué beaucoup de morceaux anglais du genre improbable : « Ain’t she sweeet », « Rainbow connection » (de Kermit la grenouille !), « What’s up » de Four non blondes, « Harvest moon » de Neil Young, « On a coconut island » de Louis Armstrong.

J’avais amené « Couleur café » de Gainsbourg pour ses quatre accords simples. J’ai entendu « Il en faut peu pour être heureux » du Livre de la Jungle, « Belle des champs » de Richard Gotainer. J’ai chanté « Salade de fruits » et « Le petit bal » de Bourvil et je me suis taillé un franc succès de rigolade avec mon « Vieux geek toi-même !» un pas de sept dont j’ai réécrit les paroles.

Ca me fait plein de morceaux à répéter pour le prochain rendez-vous de janvier mais quel pied c’était, ce moment de surréalisme musical rennais !

« On a coconut island »! Moi, vous me connaissez, il m’en faut peu pour être heureux. De savoir qu’une telle proposition existe, ça me met du baume au cœur pour 117 années supplémentaires !

23 novembre 2017

P comme parapluie / Jean-Paul

Je me souviens encore très bien de ce concert du groupe Nirmaan à Transat en ville. J’y suis descendu tout seul avec mon pliant sur l’épaule. Ce jour-là, comme il avait plu, le pliant sur l’épaule a été l’assurance de poser ses fesses sur une surface de toile sèche. Parce que les transats étaient plutôt en vrille ! De jolies flaques invitaient les grenouilles, de bénitier ou pas, à aller s’asseoir ailleurs ou à rester debout.

La chanteuse indienne était très jolie, la musique exotique à souhait même si jouée au saxophone amplifié et déformé par des pédales d’effets. J’ai pris des photos mais on voit surtout dessus le parapluie du mec devant moi qui offrait un coin de paradis sec à sa voisine.

Sur la fin du concert je me suis levé et rapproché pour aller m’agiter au pied de la scène. C’était justement la danse du chameau et il s’était remis à pleuvoir. Chaude ambiance pourtant, rappels à répétitions, danseurs en transe. Puis je me suis éloigné, j’ai fait le tour de la place et photographié les parapluies. J’en ai mitraillé un qui était très joli, orné de représentations des bâtiments les plus emblématiques de Rennes. Et puis à un moment une dame m’a demandé : « Vous ne vous êtes pas inscrit pour la visite nocturne de Rennes ? Il est encore temps de le faire ! ».

Je lui ai répondu : « Non, désolé. Je ne peux pas, on m’attend chez moi ». Ce n’était même pas vrai : Maina Bourgeoizovna était encore à une soirée contes ou un truc comme ça. Mais je me connais et je l’ai reconnue, la fille de l’Office de tourisme : c’était la petite dame blonde de Rennes-en-Délires ! Dans le roman interactif elle s’appelle Isabelle Caffi et elle est un avatar d’Isaure Chassériau.

Bien sûr, j’aurais pu la suivre. Je pouvais prévenir mon épouse puisque j’avais, depuis très peu, un téléphone portable. Mais vous me voyez écrire un premier SMS tel que celui-là : « Je rentrerai plus tard : j’ai rencontré Isaure ! » ?

C’est des coups à avoir une scène de ménage avec son odalisque ! 

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