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L'Atelier d'écriture de Villejean
14 novembre 2017

Consigne d'écriture 1718-08 du 14 novembre 2017 : Encres d'automne 11

Encres d'automne 11

 

Ce concours d'écriture est proposé par la Bibliothèque municipale de l'Hermitage près de Rennes. Nous y participons tous les ans quand il a lieu. Eliane, Dominique et Jean-Paul ont déjà été primés les années précédentes.

Cette année il faut rédiger un texte d'une page incluant entre dix et quinze titres de romans achetés par la bibliothèque.

La liste des titres est la suivante :

AEV 1617-08 Encres d'automne

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14 novembre 2017

De Rimbaine à Verlaud.3, Forêt automnale / Jean-Paul

M. Arthur Rimbaine
Agence d’exploration de villes extraordinaires
et d’us et coutumes à mettre dans les annales
8, quai Arthur Rimbaud
08000 Charleville-Mézières

Monsieur Paul Verlaud
Société de géographie des Maladives et du Miraginaire
73, rue Sonneleur
62812 Vent-Mauvais

                                                                                                      Saint-Pétersbourg, le 15 novembre 2017

Mon cher Paul

J’ai toujours cette musique dans la tête, « Nathalie » de Gilbert Bécaud, et c’est d’autant plus idiot que je suis à Saint-Pétersbourg et non à Moscou. Qui plus est mon guide ne s’appelle pas Nathalie mais Gabrièle. Oui, je sais, ça ne fait pas très russe non plus comme prénom.

Je t’écris pour t’annoncer que nous avons trouvé, dans la salle de bal du palais de l’Ermitage, le tableau dont tu nous avais parlé. Il est, paraît-il, d’un certain M. Piekielny et représente un paysage de forêt automnale. Le phénomène que tu m’as indiqué s’est reproduit à merveille. J’ai dit à Gabrièle :

- Frappe-toi le cœur trois fois en prononçant le mot "ardeur" et nous nous retrouverons ensemble dans ce tableau !

Nous avons fait cela et soudain la liberté de délirer s’est emparée de moi.

IL 171113 forêt d'automne peinture à sec

J’étais devenu un jeune chevalier en armure et en quête de l’épée de vérité. Je devais la ravir à la sorcière Bakhita et la remettre à ma reine bien-aimée. Mais avant cela, comme il est de tradition dans ce genre de contes, il me fallait subir un certain nombre d’épreuves redoutables : affronter le géant Zabor, soulever et déplacer les huit montagnes de l’Altaï, couper trois griffes au dragon Tchoudo-Youdo, etc. Je te fais grâce des détails pour te perdre un peu moins mais dis-toi que je sais désormais comment vivre en héros même si, après tous ces exploits, ça s’est encore compliqué. Car sur le chemin du retour je me suis aperçu tout à coup que Gabrièle ne m’avait pas accompagné, qu’elle était absente de l’aventure.

IL 171113 chevalier bilibine

Lorsque je fus rendu au château je remis à la reine, devant toute la cour assemblée, les trois griffes du dragon et l’épée de vérité. Sa Majesté me demanda ce que je désirais en récompense. Je lui répondis qu’il était dans la nature des choses que je refusasse les cadeaux et que, simplement, je ressortisse du tableau et retournasse dans la réalité qui était la mienne. La reine éclata de rire et toute la cour suivit son exemple.

- C’est la légende d’un dormeur éveillé que tu nous contes là, chevalier Arthur ! me répondit la reine. Il n’y a qu’une réalité ici et c’est la nôtre ! C'est comme si tu nous racontais que je est une autre !

Tu imagines bien, j’espère, mon cher Paul, combien fut grand mon désarroi. Heureusement pour moi l’épée de vérité se leva de la table où on l’avait posée. Elle se mit à flamboyer, à venir tourner autour de ma tête et je m’apprêtais déjà à rédiger mon autopsie quand l’objet magique s’immobilisa et me glissa à l’oreille :

- Tire-lui la tresse gauche !
- Euh ? Côté cour ou côté jardin ?
- Ia nié ponimaiou ? Je ne comprends pas ?
- La tresse gauche, c’est celle qui est à ma droite ?
- Oui, espèce d’idiot ! Tire-la vite !

Alors, sans craindre aucunement de commettre un crime de lèse-majesté, je m’approchai de la reine et lui tirai les cheveux comme on le faisait jadis dans les cours d’école et… je me retrouvai dans la salle de bal du Musée de l’Ermitage. Mais seul, désemparé et encore hanté de ces hérésies glorieuses : Gabrièle avait disparu et le paysage d’automne du tableau aussi : à sa place on voyait une fille dans la jungle. Elle tendait les bras devant elle comme pour sortir d’un labyrinthe, comme si elle était au fond de l’eau d’un aquarium et cherchait à briser la vitre en la poussant. Et, bien sûr, elle avait le visage de Gabrièle !

A l’accueil du musée j’ai été pris en charge par Mercy, Mary, Patty et Irina, les guides interprètes stagiaires. La dernière parlait un français impeccable. Elle m’a annoncé que Gabrièle en avait eu marre de m’attendre et que je la retrouverais au café Pouchkine pour y prendre un chocolat sur le coup de dix-sept heures.

Pour le tableau je n’avais pas à m’inquiéter. Les conservateurs de cette vénérable institution étaient au courant du phénomène. Ce mystérieux M. Piekielny l’avait peint avec des encres d’automne fabriquées par lui : une décoction de feuilles mortes, de couleurs changeantes, de matières mouvantes et il avait versé dans ses godets trois verres de vodka. Cela expliquait la nature mouvante et kaléidoscopique de la toile.

L’autre explication étant que depuis que je suis à Pétrograd qui est devenue Leningrad puis Saint-Pétersbourg, j’en bois moi aussi trois à l’apéro du midi et six au repas du soir, des verres de vodka.

Do svidania et Na zdorovié, cher Paul !

8 novembre 2017

Deux mecs / Eliane

C'est histoire de deux mecs.

Leur plaisir c'était de se balader le long de la rivière. Le paysage était époustouflant à admirer sous la légère brume si fréquente à cet endroit.

Le premier, Aladin, avec sa verrue sur la joue n'avait pas le physique d'un jeune premier et ne faisait rien pour s'arranger. Du 1er janvier au 31 décembre il traînait son vieux pantalon élimé. On racontait que dans sa jeunesse il avait séduit une mineure. L'affaire avait fait grand bruit et il avait fait un peu de prison. Cette histoire était loin et actuellement on ne lui connaissait aucune attache. Il se sentait libre et vivait à sa guise. Il aimait quand même bien son pote Madelain et passait beaucoup de temps avec lui.

Madelain présentait un meilleur aspect que son ami mais son cerveau ne dépassait pas la taille d'une petite amande. Son vocabulaire était succinct et il appelait tout et n'importe quoi « bidule », ce qui obligeait les neurones d'Aladin à une certaine gymnastique pour saisir le sens de ce que son compagnon voulait dire.

« Tu entends le bidule dans les bidules ? » pouvait vouloir dire : « Tu entends le merle dans les arbres ? ».

AEV 1718-07 cochon-d-inde-race-animal

Bref, on les voyait très souvent et toujours par paire. Ils pouvaient être indifféremment concentrés au-dessus d'un nid de fourmis ou faisant les fous dans le vieux lavoir mimant le battoir du plat de leur main. Ils en repartaient trempés jusqu'aux os, riant comme des baleines.

Un jour qu'ils contemplaient de pauvres petites bêtes en cage dans une animalerie, Madelain se mit en tête de libérer un cochon d'Inde. Comme ce dernier, affolé, refusait de sortir, Madelain voulut l'attraper, il plongea sa main dans la litière et en ressortit...un pouce !

- Aladin, tu as vu ce bidule ? ».

Aladin effaré courut avertir le vendeur qui s'empressa d'aller prévenir le patron, propriétaire des lieux.
Ce dernier portait un pansement en forme de grosse poupée à la main gauche. Il s'écria : « Ah, mon pouce ! Je me demandais bien où je l'avais perdu ! ». Madelain roulait de gros yeux incompréhensifs. Aladin dit : « Je crois qu'il est un peu tard pour le recoller, mais tentons quand même. Avez-vous de la glace pour l'emballer ? Allons vite à l'hôpital ! ».

Dans la voiture le propriétaire de l'animalerie et du pouce vagabond ainsi que son vendeur tentèrent de raconter la mésaventure en se coupant la parole abondamment et en parlant en même temps. Il en ressortit que la main se trouva malencontreusement sous la scie circulaire découpant de petits rondins pour la fabrication d'une nouvelle cage.

AEV 1718-07 pouce

L'homme n'avait pas eu mal tout de suite, étant très occupé par les soins à donner aux animaux. Son vendeur affolé par tout le sang qui coulait de la blessure l'alerta. A ce moment l'homme ne savait plus ce qu'était devenu son pouce. Ils avaient donc fait un pansement de fortune et ils s'en étaient tenus là.
Il était un peu tard pour une greffe mais le chirurgien fit des merveilles et le pouce fut remis à sa place.

Lorsque Madelain vit ce pouce recollé à sa place sur la belle main ferme, il s'exclama la mine réjouie : « Ah, monsieur, votre bidule ! ». 

8 novembre 2017

Consigne d'écriture 1718-07 du 7 novembre 2017 : Anagrammes de deux mecs

Anagrammes de deux mecs

 

AEV 1718-07 coluche

Composez dix mots de cinq lettres ou plus avec ces sept voyelles et ces huit consonnes.

A A B D E E I I L M N R R U V


Nous les mettrons en commun avec ceux de la liste ci-dessous et écrirons sur le thème (ou avec l’incipit) « C’est l’histoire de deux mecs… » en incluant dans le texte au moins dix des mots de la liste complète

Admirai - Ambre - Amiral - Animalerie - Badine - Baladin - Baliverne - Baudrier - Bermuda - Braderie - Braire - Brame - Brame - Brimade - Buanderie - Débine - Délabré - Drame - Embué - En_braille - Endive - Imbu - Ivre - Lambada - Laverie - Limbe - Madré - Merlin - Mir_laine - Miraud - Rambarde - Ribaude - Rimbaldien - Rime - Rire - Verrine –

Mots récoltés au cours de cette séance :

Abîmer - Admirer - Aladin - Album - Amande - Amener - Amiral - Armée - Armure - Avaleur - Avenue - Baderne - Badiner - Balader - Bande - Bander - Bardamu - Barde - Bardée - Barré - Bavarde - Bedeau - Bidule - Blair - Blairer - Blâmer - Bleu - Brider - Brimade - Brume - Débile - Délire - Délirer - Délivrer - Diluer - Diminuer – Eau minérale - Eliminer - Idéal - Ivraie - Laridé - Levure - Libérée - Libre - Livide - Livre - Lumière - Luminaire - Madelain - Malin - Mardi - Mari - Mauve - Médire - Menue - Merle - Meunier - Milieu - Mineur - Murée - Navire - Nervi - Nervure - Neuve - Raide - Rameur - Rami - Ravier - Raviné - Reluire - Réveil - Rêver - Revue - Rideau - River - Rivière - Rumine - Uriner - Valeur - Valide - Vermeil - Vermine - Verrue - Veule - Vibrer - Videur - Virade


N.B. Le fait que les lettres de départ sont celles de 
RIMBAUDVERLAINE
n'est révélé au groupe qu'à la fin de la séance ! 
;-)

AEV 1718-07 Henri_Fantin-Latour_-_By_the_Table_-_Google_Art_Project

7 novembre 2017

Bardamu et Lanervure / Jean-Paul

171026 Nikon 008

C’est l’histoire de deux mecs. Je sais, chères amies du mardi, ce n’est pas idéal pour faire rêver, un incipit pareil !

Les deux mecs, le délabré et le baladin, quand le videur les amène dans le rond de lumière, on voit bien qu’ils n’ont pas bu que de l’eau minérale !

Le premier s’appelle Bardamu. Il a une tête de bedeau livide, pâle d’avoir dansé le laridé jusqu’à épuisement. Il a l’air de ruminer sa vengeance car quelqu’un lui a délivré un méchant gnon et il saigne de la lèvre.

Au fest-noz par ici, avec ou sans sosie d’Assurancetourix, ça barde ! Le nervi ne badine pas avec le blaireau, surtout s’il est aviné et taquin. Ici, sans vouloir médire, on cogne assez facilement sur le blair du débile en bermuda mauve !

Le deuxième s’appelle Merlin Lanervure. C’est autre chose comme vermine ! Un mineur de seize ou dix-sept ans, une espèce d’Aladin qui se fait reluire à la moindre occasion, un petit branleur, quoi ! On ne se lasserait pas d’admirer son œil bleu et gaulois, sa livrée idéale d’amiral en goguette, son air madré de type imbu qui a déjà avalé plus d’une brimade et culbuté maintes ribaudes en buanderie. S’il n’était pas accompagné de l’autre endive à barbe folle, on l’imaginerait bien en chef de bande malin à la tête d’une armée de ramiers veules prêts à partir en live, à libérer du délire vil, viril et velu, à mouliner à vent et à coups de chaînes de vélo au moindre signal du jeune merle.

Mais pour l’heure le videur reste calme sous son luminaire. On ne sait lequel des deux buveurs est le plus abîmé, le plus barré. Bardamu est parti éliminer sa bière : il urine contre la rambarde du pont sur la Vilaine. Lanervure brame des balivernes aux étoiles comme quoi un navire enivré ne se sent plus bridé par les valeurs.

Bref c’est l’histoire de deux mecs qui terminent leur nuit débridée en virade au drame ordinaire. Rien d’exceptionnel à mettre dans l’album cette nuit. Et zut !

171026 Nikon 081

Le lendemain matin, à onze heures, Bardamu se sent comme enfermé dans une armure de plomb au réveil ! Il se lève, tire le rideau et la tronche. Une brume épaisse a envahi la ville. Pas moyen de trier le bon grain et l’ivraie. Ah la débine ! Il s’aperçoit qu’il a vomi sur la moquette vert amande de la chambre.

Merlin Lanervure pionce encore parmi ses livres et ses revues, le visage raviné et le sexe raide, en train de bander, au milieu de cette animalerie qu’est devenu leur gourbi.

Bardamu aimerait bien se libérer de l’emprise de Merlin. Ne ferait-il pas mieux de se barrer, d’aller se balader le long de la rivière, de mettre un terme à cette braderie sans rime ni raison de leurs jeunes années ? Après tout, n’est-il pas le mari d’une jeune femme, enceinte, un peu sotte, très bavarde, certes, mais qui pourrait dire, elle, où se trouvent le Mir laine et l’Alka-Seltzer ?

Bardamu et Lanervure…

Quelqu’un leur a jeté un sort à ces deux mecs. Ils sont les victimes d’un maléfice puissant.

Un peu comme Verlaine et Rimbaud, si vous voyez ce que je veux dire !

AEV 1718-07 Henri_Fantin-Latour_-_By_the_Table_-_Google_Art_Project

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