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L'Atelier d'écriture de Villejean
28 novembre 2017

Histoire abracadabrantesque / marie-France

AEV 1718-10 coup de fil anonyme

Benjamin, l'excellent acupuncteur de la rue des Martyrs, exerçait son métier depuis de nombreuses années, tout près du salon de beauté de Mme Germaine. Ils évoluaient chacun dans un joyeux désordre qui était loin de déplaire aux habitants du quartier.

Dans ce quartier déshérité et devenu mal famé la venue d'un gendarme en faction fut fort appréciée. Il avait pour mission de faire régner l'ordre et de mettre hors d'état de nuire tous les individus rebelles. Hostile à toute tentative d'explication, il envoyait au besoin tout ce petit monde en prison, pensant ainsi éliminer tout risque de débordement.

Ce soir-là il reçut un coup de fil anonyme qui le déstabilisa : un individu en caleçon se promenait dans le quartier et venait de faire irruption dans le salon de beauté de Mme Germaine. Tout d'abord notre gendarme crut à un canular et, sur un ton tranchant, il raccrocha. Quelques minutes plus tard, le téléphone sonna à nouveau. Notre homme essaya de connaître l’origine de cet appel mais en vain ; ses questions inquisitrices n'eurent pour effet que d'énerver son interlocuteur.

Le ton montait. Devant tant d'incompréhension entre les deux hommes, l'homme en uniforme promit alors de se rendre sur les lieux. Il était quelque peu inquiet, se sentant bien seul pour affronter cet individu quelque peu excentrique et peut être violent. Il prit son courage à deux mains et se rendit rue des Martyrs comme indiqué, bien décidé à dominer la situation et à obtenir quelques explications.

Arrivé là il remarqua deux silhouettes dans le salon de Mme Germaine.

L'éclaireur du quartier, autrement dit l'allumeur de réverbère, était en train d'exécuter sa tâche et les quelques lampadaires en fonction répandaient une lueur douceâtre sans toutefois mettre en lumière la scène du salon de beauté.

Notre gendarme s'y rendit à pas feutrés et hésitants. Il n'était pas trop courageux à vrai dire. Arrivé à hauteur du cabinet de Benjamin l'acupuncteur, il reconnut notre homme en tenue plus que légère, vêtu d'un simple caleçon. Ils étaient là, tous les deux, en grande conversation autour de la nouvelle vitrine du magasin de Germaine : des produits de beauté, parfums, savons, rouge à lèvres et crème de carottes, disposés artistement sur un lit de soierie récupérée au Marché Saint-Pierre.

Le gendarme fit le constat et ne put verbaliser. Il aurait bien aimé savoir qui les avait démasqués.

Il ne put se résoudre à interrompre leurs petits jeux frivoles. Il reprit sa garde, comme si de rien n'était. C'est alors qu'il remarqua au 2ème étage de l'immeuble d'en face, une vieille personne à la fenêtre qui referma le rideau prestement. Il se dit que c'était probablement de là que provenait ce coup de fil anonyme.

Il s'en alla rassuré.

AEV 1718-10 SMS anonyme

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