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L'Atelier d'écriture de Villejean
3 janvier 2023

Assassinat / Anne J.

AEV 2223-14 Anne J

Le moustachu poussa la trappe qui menait au grenier avec difficulté et grimpa sur la première marche. Les hommes de la sécurité, tout vêtus de noir, se tenaient un peu en retrait et reculèrent saisis par la peur : des traces sanglantes descendaient du haut du ballon d'eau chaude jusque dans le bac de rétention d'eau. Le détective soupira et grimpa les marches suivantes avec lenteur.

Les voisins avaient appelé la police car le chat de cet étrange couple qui vivait dans la maison du coin de la rue ne cessait de miauler devant leurs rangées de salades . Ce n'était pas son habitude car c'était un paisible gros matou couleur de caramel qui d’habitude se frottait sur leurs jambes en réclamant des caresses . Il avait l'habitude de prendre leur potager pour sa pissotière privée mais après tout cela apportait de l'azote à leurs légumes.

Le couple qui vivait dans cette maison était un couple sans histoire apparente mais qui sait ce qui se passe dans le huis clos des salons feutrés et dans les cuisines à l'odeur de friture ? On n'avait pas vu le mari depuis plusieurs jours et tout le monde dans le lotissement s'étonnait de ne plus entendre à l'aurore le bruit de démarrage de sa vieille voiture diesel. Pourtant les vacances de Noël étaient finies, on avait échangé des vœux au jour de l'an et depuis plus rien. Seule la femme allait et venait mais sans plus de contacts qu'un petit signe de tête aux uns et aux autres.

Notre détective n'était pas au bout de ses surprises : roulé comme une écharpe autour du ballon d'eau chaude, un serpent de belle taille dormait, sa peau grise et verte luisant dans la pénombre du grenier.

Il s approcha prudemment pour ne pas réveiller le reptile et c'est là qu'il comprit : le haut du ballon avait été découpé comme un œuf à la coque et les jambes du mari dépassaient du sommet : il portait des pantoufles écossaises et d’horribles chaussettes noires.

Evidemment, personne ne l’ignore plus, dans les drames de ce genre le conjoint et en l’occurrence ici la conjointe est le principal suspect. Après quelques heures d'interrogatoire , elle reconnut avec un ton doux et paisible avoir frappé son mari avec la poêle et l'avoir noyé dans le cumulus découpé à la scie à métaux.

- Vous comprenez, expliqua t elle, il voulait élever des serpents dans le sous-sol et quitter son travail pour monter un élevage de serpents. Il prétendait les vendre pour faire une décoration de Noël originale et moi je ne supporte pas ces bestioles. Je les ai lâchées dans le jardin. Ils ont du aller goûter les salades du voisin et ça ne plaît pas au chat. Croyez moi , le mariage ce n'est pas toujours une armure contre le malheur, ni pour le bonheur d'ailleurs et les serpents à sonnettes ne valent pas les clochettes du père Noël.

L’histoire ne dit pas si ces arguments ont convaincu les juges et ce qu il est advenu de la meurtrière épouse ni du ballon d'eau chaude.

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3 janvier 2023

Mots malins / Maryvonne

Cher président

Cher président...

Je vous fais une lettre, que vous lirez peut-être si vous avez le temps.

Je ne sais pas si vous vous rendez bien compte mais il me semble déceler chez vos sujets une certaine tristesse et ce n'est pas un simple miaulement de chat coléreux. Ce sont des femmes et des hommes prêts à mettre le feu. La terre se soulève sous leurs pas.

Des agricultrices aux boulangères, des médecins aux bouchers, des professeurs aux commerçants, beaucoup voient rouge. L'incendie couve. Monsieur le Président chaussez vos lunettes, armez vos pompiers de casques et de lances. Si la soudure se fait entre les différentes populations, moi je vous dis : « Vous êtes mal ! »

Oserai-je maintenant vous dire « Bonne année ! », monsieur le Président ?

AEV 2223-14 Maryvonne - Voeuxjpg

 

***

Mes vœux pour 2023

Je ne sais pas pourquoi les mots choisis portent des ions négatifs ! C'est dommage mais il faut faire avec.

Pour 2023 je souhaite que plus aucun homme coléreux ne lève la main sur sa femme, que l'agricultrice besogneuse arrive à faire la soudure de son budget à la fin du mois, que plus aucun incendie ne tue des habitants dans nos maisons et nos immeubles. Préférons à cela que le feu de l'amour embrase nos vies et pour ce feu spécial n'appelez-pas les pompiers !

Faites des voyages en terres inconnues et si c'est dangereux n'oubliez pas votre casque et vos lunettes. Par contre si vous choisissez de rester près de l'âtre rouge étouffez les miaulements de votre chat par vos caresses, ne laissez pas la tristesse s'installer, c'est une terre aride ; au pire arrosez-là de vos larmes de rire.

Même si vous êtes conscients de tout cela, gardez en général et en particulier, pour le mardi soir vos moments de folie.

AEV 2223-14 Maryvonne - Mandoline

***

Atelier du mardi à Villejean

A travers les lunettes positives j'ai vu la soudure entre nous, hommes, femmes. L'incendie des mots pétille tout rouge dans la salle Mandoline mais n'appelez-pas les pompiers ! Il fait frais mais le feu de l'amitié nous tient chaud. Nous laissons à la porte la tristesse, les coléreux, les miaulements. Sur notre terre de graphite la plus mauvaise agricultrice ferait pousser des phrases en fleurs. Chaussez vos casques que je vous bombarde de compliments !

Oui, oui, vous pouvez ronronner comme des chats, c'est votre heure de gloire !

Bonne année d'écriture !

AEV 2223-14 Maryvonne - Isaure joue de la Mandoline 2

N.B. Mots malins insérés : Miaulements Tristesse chat Soudure Lunettes feu Coléreux Homme rouge Incendie Pompier casque Agricultrice Femme terre

3 janvier 2023

Fais pas ton malin ! / Jean-Paul

À peine est-on sorti des vacances de Noël qu'il faut déjà se remettre au travail ! Il y a des cartes de vœux à écrire, des salades à raconter aux amis lointains, aux amies lointaines, pour leur faire croire qu'on rajeunit alors que les poils blancs envahissent nos tempes.

Et pourtant, c'est vrai, ce n'est pas la fin, Jane ! Tarzan, le roi de la jungle, n'a pas garé sa Jaguar le long du trottoir comme dans la chanson de Pierre Vassiliu. Les pumas ne piaillent pas encore dans les betteraves et le couple mythique dans sa forêt profonde est désormais du genre à se déplacer dans un combi Volkswagen orné de fleurs géantes. C'est peut-être Jean-Marc Ayrault qui leur a revendu le sien. Ils font leurs courses à la Biocoop de Ouagadougou ou à l’AMAP de Lambaréné, chez Mamadou Schweitzer, agriculteur raisonnable et raisonné. Celle qui fait la tronche dans l'histoire c'est Cheetah à qui ils refilent de la pâtée pour chat bio.

C'est vrai que pour tous ces gens à cheveux de neige dont nous ferons partie un de ces quatre matins, tout va bien, grosso modo. Le retraité n'a plus besoin de s'interroger sur le sens du travail, il n'est victime de harcèlement moral ou sexuel que s'il le veut bien et il n'est pas inquiet du report de l'âge légal du départ en retraite. Je le soupçonne fort, du reste, d'être majoritairement pour que les autres en chient plus qu’eux. Ça fait partie, hélas, de la nature humaine.

AEV 2223-14 JK - Corsaire Triplex

À ce tarif là d'ailleurs je ne sais pas si, pour faire pareil, je ne vais pas commencer par m'envoyer une carte de vœux... à moi-même ! Me souhaiter une hibernation d'ours qui a vu l'homme qui a vu l'URSS qui dure jusqu'à la fin du printemps (de Prague). Me promettre du temps en plus pour lire ces livres de mon grenier auxquels je n'ai pas encore touché : les romans d'Elsa Triolet, les récits d'aventures à la Jules Verne de Paul d’Ivoi, les œuvres de Paul Féval fils, les poèmes de Paul Verhaeren... Me souhaiter d’avoir suffisamment d'énergie pour pouvoir numériser les illustrations de Jules Verne en livre de poche afin d'éliminer un carton plein de livres et de pouvoir me dire : « Ça y est ! J'ai commencé à vider le grenier... et à saturer mon disque dur externe !". M’insuffler de l'espoir pour avoir réellement confiance dans ces supports informatiques de stockage à l'heure où l'on nous menacé de coupures d'électricité - l'Ukraine est à nos portes - ou de pétages de plombs des centrales nucléaires. Même pas besoin d'une bombe russe pour immobiliser l’EPR de Flamanville !


Mais non, je ne suis pas comme ça. Sauf accident, je ne vais pas m'arrêter ces trois mois qui viennent. J'ai déjà repris le bus vers Beaulieu ce matin pour aller chanter avec plaisir et avec les M’A2R1 d’O douce l'hymne du Canada ou plutôt du Québec : « Crè-moué Crè-moué pas quèque part en Alaska y a un phoque qui s'ennuie en maodit ». 

Je le reprendrai jeudi pour aller pousser un pion en e4 ou d4 (en e6, d5 ou f5 avec les noirs) sur un ou 2 échiquiers. Et je serai trop content de parler aux amis de Rouen et de Fougères, dans mes lettres de vœux, de cet atelier d'écriture dans lequel on joue à partir... des jeux découverts en famille ou chez des amies à Noël.

AEV 2223-14 JK - Et on tuera tous les affreux

Car ça ce ne sont pas des salades : prendre de l'âge et reprendre sa liberté, c'est retrouver les plaisirs de l'enfance tel celui de se plonger dans un jeu en attendant minuit avec à l'esprit la bienveillance du pompier - un mot que je n'avais pourtant pas choisi d'inclure dans mon texte ! - prêt à porter secours au Père Noël si jamais il se retrouvait coincé dans la cheminée avec le feu qui prend à sa barbe blanche. Finalement, pas si ours que ça vraiment, il me vient même l'envie de souhaiter une bonne année 2023 à tout le monde sauf à Vladimir Poutine. *

* Pourquoi lui tout seul ? Il y a dans ce monde tant d'autres de ces affreux que Vernon Sullivan (Boris Vian) avait promis de tuer mais c'était comme ce texte-ci : juste des mots en l'air pour amuser ses voisines et voisins !

Mots insérés : vacances - livres - Jules Verne - printemps - bus - combi Volkswagen - Canada - ours - Forêt profonde - chat - neige - poil blanc - salade - jungle - Jane

3 janvier 2023

E comme étrennes / Adrienne

Un mot dans la conversation lui avait donné l’envie de vérifier l’année de l’événement qu’il venait d’évoquer alors il est parti en trottinant à pas lents jusqu’à l’autre bout de l’appartement :

– Ma parole ! Qu’est-ce que ça pèse, ces machins-là !

D’une main il se tenait aux meubles et de l’autre il portait un gros album photos.
Sur l’étiquette collée au dos on reconnaissait l’écriture de la Tantine, automne 80 – printemps 82.

En 1980, les quatre enfants étaient nés, donc on a vu souffler des bougies sur des gâteaux d’anniversaire, construire des bonshommes de neige, visiter les ours, les serpents, les singes du zoo.

On a vu les vacances en Espagne, la Tantine jeune femme élégante en lunettes noires et sandalettes, toujours un enfant dans les bras ou à la main.

Comme ce qu’il cherchait ne s’y trouvait pas, il a voulu faire d’autres allers et retours sans aucune aide et chaque fois l’Adrienne avait peur qu’il ne tombe.

Il a fini par rapporter le bon album où sur quelques mauvais clichés on pouvait les voir avec un groupe d’amis à une fête qui avait pour thème les Tziganes : la Tantine en robe à volants et à pois, une rose rouge feu à l’oreille, l’oncle avec une fausse moustache tombante et une chemise blanche largement ouverte sur la maigreur de son buste.

– Voilà, dit-il. C’est ça!

Chaque page respirait la joie.

Et lui aussi.

Les vieux albums photos, ce sont des livres du bonheur.

***

Texte écrit après la visite de nouvel an chez mon gentil tonton, veuf depuis un an déjà, avec une bonne vingtaine des mots proposés et quelques libertés envers la consigne :

bonheur – armure – pompier – feu – neige – cheval – route – rouge – gentil – joie – moustache – livre – tristesse – colère – vacances – Égypte – peur – jungle – printemps – casque – ennemi – femme – noir – enfant – lunette – mort – bus – lent – gâteau – sécurité – Canada – vent – terre – groupe – oreille – Espagne – serpent – doux – bois – ours – pied – chat – violet – singe – orange – Italie – vaisseau – salade – homme – cavalier

Sur la photo on voit la Tantine avec ses lunettes noires, ses sandalettes, et un de ses enfants dans les bras. L’oncle est le type maigre qui sourit à côté d’elle, en route avec d’autres touristes pour la visite de Valldemossa. Le gamin qui lit la brochure est leur fils aîné.

3 janvier 2023

Un pont entre hier et demain / Laura

AEV 2223-14 Laura - Simone Veil

Lire Simone Veil apporte ces deux émotions. La douleur ressentie dans son passé l’a conduite cependant à l’espoir, deux sentiments qui font la couverture de son dernier livre. Cette femme est un de mes modèles pour faire le bilan relatif de mon année 2022. J’ai pris cher mais j’ai résisté et si elle a réussi dans sa vie, je dois pouvoir vendre mes œuvres tout en mangeant un végétal… avec de la sauce, cet assaisonnement dont manque notre prix Nobel 2022.

Ma mécanique vitale porte la couleur de l’énergie et se déplace en commune écologie alors que ce dernier mot me hérisse. Théophile Gautier a fait le récit de ce voyage en ce pays où je suis allée. Je ne sais s’il a visité la nation d’un célèbre syndrome. J’emporterais le « Voyage en Orient » de Gérard de Nerval pour comprendre le paysage des pyramides alors que je l’imaginerais dans cette terre d’érable.

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3 janvier 2023

Amazone : Anne-Françoise

AEV 2223-14 Anne-Françoise - Amazone

A cheval sur sa tristesse
L’amazone s’en va.

A la nuit tombée,
Elle part galoper
Dans l’immensité
Pour derrière elle laisser
Les méchantes méchancetés.

Minuit est arrivé
Elle a franchi le fossé
Vers la nouvelle année.

Elle a continué, a avancé…

Quand l’aube s’est réveillée,
Son cœur était léger.

Elle est entrée dans un bois, a pris un sentier
Elle a senti les branches la caresser
Elle a écouté les pas du cheval étouffés
Elle a respiré l’humidité
Elle a vu les gouttelettes sur les toiles d’araignées.

A l’oreille, le vent lui a doucement murmuré :

- Nous voici au pays de 2023
Dont je suis le roi
Maintenant c’est à toi
D’aller chevaucher la joie.

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