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L'Atelier d'écriture de Villejean
1920-32 carnet de route
26 mai 2020

La Soupe / Adrienne

AEV 1920-32 Consigne

Panneau indiquant le léger virage à effectuer vers la gauche pour porter la cuillère dans l’assiette de soupe. 

Pour cela il faut évidemment tenir la cuillère à soupe dans la main droite.

D’où l’utilité d’un policeman.

CQFD 

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26 mai 2020

La Poupée décapitée / Raymonde

Fin des années 50, au cœur de la Bourgogne, à 5 kilomètres de Chardonnay (ça vous dit quelque chose ?)  :

" Au pied d'une vigne nous naquîmes un jour
D'une mère digne de tout notre amour "

Des faux jumeaux, mon frère type méditerranéen comme ma mère et moi type " nordique " comme mon père.

Même si, à cette époque, les enfants jouissaient d'une grande liberté, les garçons avaient des jeux de garçons et les filles des poupées, des dinettes.

Nous étions relativement pauvres, habillés comme des perroquets avec des pulls tricotés, détricotés, retricotés avec des laines de toutes les couleurs ; 100/100 locavores et scolarisés à six ans, pas d'école maternelle au village.

Donc, jusqu'à six ans, la campagne environnante était notre immense terrain de jeux, parfois interdits :
- faire du feu
- fumer des branchettes d’arbustes qui dégageaient une odeur âcre et nous faisaient tousser
- goûter à tout ce qui était mangeable (comestible, moins sûr !)
- faire vivre des expériences inédites et insolites au souffre-douleur du groupe.

Il ne fallait pas se faire " choper " sinon c'était la punition ! Coups de houssine sur les mollets, vite oubliés, et prêts à tenter d'autres expériences. Ma mère avait le coup de houssine facile et le premier qui lui tombait sous la main prenait pour les deux. Comme je courais moins vite que mon frère ... J'avais alors un sentiment d'injustice.

Ma copine Nono pouvait tout faire sans jamais rien risquer. Que je l'enviais! Elle pouvait prendre les poussins dans son lit, n'était pas obligée de finir son assiette de haricots verts et avait une télévision. Un indescriptible désordre régnait chez eux, j'adorais !

Chaque Noël, nous avions un jouet chacun et, un noël en particulier, j'ai eu une poupée qui fermait les yeux quand on la secouait un peu, le mécanisme était assez aléatoire !
J'y tenais beaucoup. Ma grand-mère lui avait confectionné des vêtements ; j'en prenais grand soin.

Mon frère avait eu une panoplie d'indien, les westerns étaient à la mode. Et avec toute la bande de garçons du village, ils se sont improvisés chasseurs de tête. Ils ont décapité nos poupées et accroché les têtes sur les piquets de la clôture.

Vision d'horreur ! J'étais effarée, sidérée ! Quelle violence ! Quel manque de cœur !
Et ce qui m'a le plus marquée : pas de punition !

Ma mère a remis tant bien que mal la tête de ma poupée en place. Elle a ensuite dodeliné du chef les yeux mi-clos pendant de nombreuses années .Elle a fini à la déchetterie il y a peu de temps.

AEV 1920-32 Raymonde Plonk

26 mai 2020

La Cave / Raymonde

Nous avions notre souffre-douleur, Jojo, petit dodu qui avait un épi sur le devant de la tête et que nous avions surnommé Riquet-à-la-houppe. 

Il tombait beaucoup plus souvent que la moyenne dans les orties, allez savoir pourquoi !

J'avais décidé de lui cacher son cartable, aucune raison rationnelle, aucun compte à régler, juste un défi ! Je lui subtilisai sur le chemin du retour de l'école, quand nous nous arrêtâmes pour jouer. Et je le jetai par le premier soupirail de cave venu, chez Gégène.
Ni vu, ni connu ! 

Fin des jeux. Chacun reprend son cartable et, mystère, il en manque un ! Je cherche activement comme tout le monde. Le cartable reste introuvable !
Le coupable doit se dénoncer sinon ! Sinon quoi ?  Les garnements sont les premiers suspectés mais pas les filles ! Une fille ne ferait pas ça ! Et moins encore moi. Pensez donc, une petite fille si sage qui travaille bien à l'école, même pas un soupçon de soupçon !

Le comble est que Jojo a pris un sacré savon par ses parents :

- Tu pourrais faire attention à tes affaires !
- Tu crois qu'on a les moyens de... !
- T’as rien dans le ciboulot !

J'avais à la fois un peu honte et un sentiment de fierté de mobiliser quasi tout le village à la recherche de ce cartable. Je n'ai pas menti : on ne m' a rien demandé ! Le cartable a été retrouvé bien longtemps après quand Gégène a fait un peu de rangement dans sa cave. L'affaire n'a toujours pas été élucidée ! Cold case ! Je compte sur votre discrétion.

Je croise chaque été Jojo quand nous allons en vacances dans mon village natal.

AEV 1920-32 Raymonde B Plonk Bottetrain

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