Quatre poèmes de Lautréaval extraits de "Effleure le mal" / Marie-Thé
Que diras-tu ce soir, pauvre âme solitaire ?
Tu es seul, mon ami, cherche sous l’évier !
Tu trouveras une fillette remplie de piquette,
Et puis tu la boiras pour oublier Lola
Qui de toi ne veut pas.
***
La cloche fêlée
Dans les maisons du bourg,
On écoute dans la nuit
La cloche fêlée tintinnabuler
Toutes les heures avec un son cassé.
Aux environs de minuit, quelques lucarnes s’éclairent,
Pour quelques-uns, c’est l’heure d’une pause-pipi
Ensuite ils se recouchent, se rendorment bien vite.
Alphonse lui, se tourne sur la droite,
Se tourne sur la gauche
Puis s’allonge sur le dos.
La cloche sonne et résonne
C’est déjà le matin. Alphonse s’est endormi.
Aux douze coups de midi,
Il se réveille enfin, ébahi et surpris.
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Il est gris souris le ciel de novembre.
« Celle qui est trop gaie » est descendue dans son jardin,
Pour y cueillir du romarin.
Elle a bien ri avec Jean-Louis cette nuit.
Ce matin, en descendant les marches du perron
Avec ses sabots de bois,
Elle a glissé dans la boue.
Son cotillon est tout crotté.
Elle n’est plus « celle qui est trop gaie ».
Elévation
J’ai grimpé très haut dans la montagne
Pour y cueillir du thym et du romarin.
Par la même occasion,
Je pensais méditer, élever mon esprit
Le vent m’a refroidie.
La pluie m’a transpercée.
De la vallée montaient les nuages.
Au lieu de m’élever dans la belle nature
Je suis redescendue et me suis recouchée.