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L'Atelier d'écriture de Villejean
13 mars 2018

L'éphéméride Yvon 1952 / Jean-Paul

Ephéméride Yvon 1952 couvertureEn 1952 les blogs, blogueurs et blogueuses n’existaient pas encore. On laissait des traces de sa vie dans des cahiers secrets qu’on appelait « journal intime » ou sinon, et c’est le cas ici, sur les feuillets d’un éphéméride-agenda édité par Yvon. Ce fabricant de cartes postales se signalait à l’œil et à la mémoire de l’époque par une belle signature-logo de type ascendant. Cet éditeur de belles images existe toujours et il édite encore des calendriers, perpétuels ou pas, à partir de sa photothèque.

Cet éphéméride de 1952 provient de la cave de mes beaux-parents, M. et Mme Bourgeoizov. Ils doivent être attachés à ce genre d’objet car il y a une dizaine d’année ou plus, en guise de cadeau de Noël, ils m’ont offert un précieux calendrier perpétuel Géo qui a agrémenté mes journées de dur labeur dans mon rez-de-jardin d’un établissement d’enseignement rennais.

J’entame ce jour sa lecture et sa description, sans savoir à quoi me mèneront ces notations et images anciennes : au cas où vous l’auriez oublié, je vous rappelle que nous sommes en 2018 !

 

Ephéméride Yvon 1952 08 01

1er août

Peut-on localiser davantage ce clocher dans le Queyras qui figure au verso du 1er août 1952 ? Aujourd’hui, peut-être, avec l’aide de M. Google-Images ou du petit bonhomme jaune, Google Street qui habite chez M. Gooogle-Maps, oui. En 1952 on ne pouvait le faire autrement qu’en recourant à des livres : guides touristiques, atlas, monographies d’intérêt régional, recueils de cartes postales, etc.

(J'y ai passé une heure mais j'ai trouvé ! C'est l'église de la Monta à Ristolas. mais les bâtiments de l'avant-plan n'existent plus !)  

 

 

Ephéméride Yvon 1952 08 032 août

Pouvait-on jouer au loto en 1952 ? Oui, certainement, avec les enfants, en piochant dans un sac des jetons que l’on posait sur des cartes portant des numéros différents. Ca ne rapportait rien, sinon du plaisir familial. Mais si on voulait perdre de l’argent, il ne devait y avait guère en ce temps-là que le tiercé – le P.M.U., Pari Mutuel Urbain - et le billet de la Loterie nationale. A combien se montait le gros lot ? Permettait-il d’aller se dépayser jusque dans le Morbihan profond où nous attendaient les fontaines de Saint-Nicodème ? Elles se trouvent à Pluméliau, au sud de Pontivy. J’irai peut-être les voir un jour, qui sait. En Bretagne il ne faut jamais dire « Fontaine, je ne boirai pas de ton chouchen » !


 

Ephéméride Yvon 1952 08 053 août

Est-ce que l’on pouvait vivre, cette année-là où Claude François (13 ans quand même !) ne chantait pas encore « Cette année-là », dans la plus totale ignorance du vocable « tsunami » ? Ou en ayant oublié les inondations de 1910 à Paris ? Exister sans la crainte du réchauffement climatique, de la terrible montée des eaux, de la fonte de la banquise qui menace la survie des ours blancs ? Etait-il déjà permis de les tuer en Alaska mais interdit de les photographier ?

Dans le village des Aldudes, au pays basque, on ne semblait pas s’émouvoir plus que cela d’avoir les pieds dans l’eau. La photo est jolie, le reflet sympathique et il devait faire bon s’installer sur la petite terrasse pour écrire dans son agenda Yvon de 1950 ou 1951 des choses comme « Réunion de préparation de récollection ». On imagine aussi, là, au même endroit, des réunions de copines qui évoquent leur scolarité dans des institutions religieuses. Le bureau de l’instituteur-abbé offrait alors une vue imprenable, les jours de septembre ou de juin, lorsqu’il faisait chaud et qu’il relevait sa soutane, sur ses longues chaussettes noires retenue par des fixe-chaussettes et plus si infinité de fous-rires jusqu’à en uriner sous soi !


Ephéméride Yvon 1952 08 024 août

Oh, quelle belle nuit ! « Avoir vingt ans dans les Aurès » est le titre d’un film de René Vautier sorti en 1972 consacré à un épisode de la guerre d’Algérie. Oui, je sais, camarades, on ne dit pas « guerre », on dit « événement » ou « opération de maintien de l’ordre ». Avoir vingt ans dans les Aurès, c’était déjà possible en 1952. Michel Sardou (5 ans à l’époque) n’aurait pas encore déclenché de polémique avec sa chanson « Le temps des colonies » qui ne casse pas trois pattes à un canard mais qui, si elle est réellement écrite au premier degré, me semble d’une bêtise bien plus infinie que celle d’« Avec l’ami Bidasse » sur laquelle je reviendrai sans doute car j’ai aperçu une vue d’Arras sur la feuille du 31 août.

Dix ans plus tard – si, si j’étais né, alors ! - une de mes tantes, « celle qui a réussi » m’a offert deux puzzles en plastique. Ils ont été longtemps rangés dans le placard du bas à gauche de la cuisinière avec les boîtes à boutons et les journaux et illustrés de la semaine. L’un représentait les départements français, l’autre le continent africain avec ces fameux territoires de l’ A.O.F. (Afrique occidentale française).

Ce qui est étonnant dans cet éphéméride, c’est le nombre d’images «exotiques» de ces colonies et leur voisinage aussi surréaliste que «nos ancêtres les gaulois» avec des paysage et des scènes de la plus pure tradition «bien de chez nous».


Ephéméride Yvon 1952 08 045 août

Et voici à nouveau les Alpes avec la chaîne des Aravis. La neige, le ski, les flocons, la première étoile, l’école de ski français (E.S.F.), la classe de neige du lycée Franklin de Lille. Mon premier contact avec les sports d’hiver se situe par-là, aux Brévières, au pied du barrage de Tignes.

Madame Wikipédia m’a appris tout à l’heure qu’il a été mis en service en 1952 et que le village de Tignes a été dynamité et englouti, sans ses habitants évidemment, lors du remplissage du lac.

J’ai revu cet endroit l’année dernière dans le dévédé du film «Le grand restaurant». Ce nanar français de 1966 avec Louis de Funès vaut surtout par sa scène de la danse cosaque – «une seconde, une seconde , je compte ! Trois, quatre !» dont la musique sert d’indicatif musical à l’émission culinaire d’Alain Krüger «On ne parle pas la bouche pleine» sur France-Culture le dimanche à midi. Qui se souviendra de tout cela dans 66 ans ?

Si je reviens à l’image, il semble qu’il s’agisse ici de skieurs de fond. Un seul porte un sac au dos. Qu’est-ce qu’il y a dans la musette pour votre casse-croûte de ce midi, les gars ?

- On ne parle pas la bouche pleine de reblochon, Joe Krapov !


Ephéméride Yvon 1952 08 066 août

Tulipe ! Que faisait François Hollande le 6 août 1952 ? La synthèse dans son berceau ? Sa maman notait-elle dans son éphéméride Yvon : «François a souri», «François a saisi son hochet», «François a dit son premier areuh» ?

Pas du tout ! Il ne naîtra que deux ans et six jours plus tard !

 

 

 



Ephéméride Yvon 1952 08 077 août

Côte d’Azur. Le port de Villefranche (Alpes-Maritimes). Des plantes grasses à l’avant-plan, une route pas goudronnée en-dessous et, plus bas encore, un petit village en bord de mer. Sur une Méditerranée qu’on imagine d’un très beau bleu, deux bateaux. Est-ce qu’on pouvait déjà appeler « France » en 1952 ce paquebot qui servit de fleuron à notre industrie navale ? Eh bien non, il n’a été mis à l’eau qu’en 1960 avant d’être vendu et rebaptisé Norway en 1979.

Finalement, ce qui m’apparaît le plus rigolo, voire le plus ridicule, dans cette évocation du temps qui passe, ce sont les emportements de Michel Sardou !

 

  

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