Le goût des glaces prostituées / Jean-Paul
Sur la pointe des pieds
L’esquimau allait voir
Les glaces prostituées.
Dépourvues de guenilles
Elles vendaient
Au plus offrant
Leur monstruosité
D’iceberg incandescent,
Leurs caresses de vagues,
Le métal de leurs flancs
A stries parfois rosées,
Leur volupté d’étoile
Et leurs promesses d’inondation
Dans l’avenir plus ou moins proche.
Ca réjouissait l’esquimau
Mais jamais il n’a sauté
Par-dessus le feu allumé.
On ne suit pas les glaces
Quand elles dérivent ainsi
Dans des poses lascives.
On n’achète pas les îles qui flottent
Sans culotte
Près de la glaciaire calotte.
Mais de les regarder en rêvant d’idéal
Ca lui chauffait le cœur,
Ca lui chauffait le corps
Et c’était bien plus beau encore
Que la plus scintillante des aurores boréales.
Les photos ont été prises à La Flèche (Sarthe) le 12 juillet 2015.
Les oeuvres exposées sont celles de Valérie Daubé et Guillaume Castel.
Ecrit à l'atelier d'écriture de Villejean le 29 septembre 2015 d'après cette consigne :
Utiliser des images de la poésie suivante :
A la flamme des fouets (Paul Eluard)
Métal qui nuit, métal de jour, étoile au nid,
Pointe à frayeur, fruit en guenilles, amour rapace,
Porte couteau, souillure vaine, lampe inondée,
Souhait d’amour, fruit de dégoût, glaces prostituées…