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L'Atelier d'écriture de Villejean
2122-19 rennes en fetes
22 février 2022

W comme Waar is dat feestje ? / Adrienne

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Impossible de savoir si c’est parce que les festivités du carnaval avaient été interdites les deux dernières années, mais le fait est là : une foule nombreuse se serrait le long du parcours, les cafés étaient bondés et les enfants de 7 à 77 ans – et même au-delà, selon certains observateurs bien informés – chantaient et criaient, complètement surexcités :

« Waar is dat feestje ? Hier is dat feestje ! » (1)

Texte d’anticipation pour le carnaval de 2023, s’il a lieu. smiley2

 

Ceux de 2021 et 2022 ont été annulés et ça nous rend très très tristes, à nous tous qui avons dans la plupart de nos villes une longue et intense tradition carnavalesque.

 (1) « Waar is dat feestje? Hier is dat feestje! » (Elle est où, cette petite fête? C’est ici qu’elle est, la fête !) est plus scandé que chanté partout où on veut mettre de l’ambiance, par exemple lors des matchs de foot. 

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22 février 2022

B comme Batucada / Jean-Paul

cb9807Ni Jean Sébastien Bach, ni Ludwig Van Beethoven ! Pas même Béla Bartók et encore moins Benjamin Britten !

Aucun de ces compositeurs n’a daigné nous pondre un concerto pour pianoforte et batucada !

Pourtant, une Sonate au clair de lune avec des percussions et des coups de sifflet, ça mettrait un peu de vie salle Gaveau ou Salle Pleyel, non ?

Vous imaginez Pierre Boulez dirigeant le « Réveil des oiseaux » de Messiaen au sifflet ?

Et de jolies danseuses brésiliennes, emplumées autant que dénudées, ça nous mettrait un peu plus de joie au coeur que ces violoncellistes déplumés qui envoient comme à l’abattoir la musique de Penderecki et Wagner dans les appareils auditifs de vieux actionnaires déplumés autant que dé(si)cavés ?

Quoi de plus triste à entendre qu’un quatuor à cordes ?

Oui, c’est ça : deux quatuors à cordes. Avec l’intégrale en CD des quatuors à cordes de Schubert, la corde pour se pendre est-elle offerte en prime ?

Car la batucada est gaie, car la batucada égaie : c’est un orchestre de percussions diverses qui joue la musique des sambas au Brésil.

cb9803Et ce costume blanc brodé de jaune et de bleu, ne siérait-il pas mieux aux musiciens de l’Orchestre Symphonique de Bretagne que la queue de pie ou la robe de soirée noire ? Pourquoi le musicien classique s’habille-t-il toujours comme s’il allait à l’enterrement de l’hymne à la joie ? On ne peut pas se pavaner un peu plus quand l’infante est défunte ? Après tout, elle n’était pas de notre famille ! Et l’Espagne, c’est loin !

C’est pourquoi il faut souligner les efforts de la violoniste, Madame Bling-Bling, pour faire scintiller ses boucles d’oreille à chaque concert ! C’est pourquoi il faut applaudir la charmante altiste (altruiste?) de l’OSB qui ne craint pas de se produire au sein du groupe Am’nez zique et les Biches pour accompagner « Estelle » de Pierre Perret ou « Julie la petite olive » des Wriggles !

Voilà. J’ai tout dit sur l’immobilisme du monde et ses quelques exceptions : cette photo a été prise il y a vingt ans et rien n’a changé depuis sur Radio Classique ! Elodie Fondacci est toujours là, Christian Morin est une publicité vivante pour le placement de l’âge de départ en retraite sur le curseur « 84 ans » et on nous y incite toujours, entre deux tubes de Chopin et Vivaldi, à mourir au plus vite pour léguer nos biens à une association philanthropique (de type Orpéa aux enfers ?) ou à vendre notre maison en viager. Reviens, Pierre Tchernia, ils sont devenus fous ! Ce monde est décibatudément batucadastrophique !

22 février 2022

P comme Parasol / Jean-Paul

22 février 2022 ! La Bretagne est en manque de parapluies et surtout de parasols !

Parmi les effets néfastes du phénomène de réchauffement climatique de la planète il faut constater maintenant dans notre région une pénurie de ces instruments portatifs destinés à protéger le crâne et le haut du corps des rayons d’un soleil désormais trop généreux.

Les messieurs, bien sûr, peuvent porter des casquettes ou chapeaux plus ou moins larges – borsalino, panama voire sombrero. La chemise en coton, la veste légère ou le polo Brassens protègent des coups de soleil leurs avant-bras.

Mais la pauvre dame en robe à manches courtes ou en débardeur, ses bras nus, sans ombrelle, de quelle couleur deviennent-ils ? Oui, c’est ça, rouge écrevisse.

Il nous faut des parapluies qui fassent office de parasols ! L’emblématique magasin « Rennes sous la pluie » vient de fermer ses portes au plus mauvais moment ! Qu’est-ce qu’ils foutent les Chinois dans leurs usines ? Ils ont découvert le droit de grève ou quoi ? Quelqu’un est allé à la pêche à la baleine et a tout raflé ? Il y a une pénurie ? Ils ont eu un pépin dans la chaîne de production ? Depuis l’apparition du coronaviruse en 2020 on a l’impression qu’ils s’y prennent comme des manches pour inonder nos marchés de leurs produits manufacturés, plus facturés que manu, d’ailleurs.

Parapluie breton 1024

En y réfléchissant bien, il y aurait également une montagne de blé à se faire si les ambassadrices de charme de la République populaire de Chine daignaient apprendre les pas de l’avant-deux de Bazouges, de la gavotte et du laridé huit temps. Cela va faire deux ans pleins que l’on n’a pas vu tourner à Rennes le moindre costume celtique ! Plus une seule jeune fille aujourd’hui ne porte la catiole et les gants de dentelle. Il faut dire qu’avec la chaleur, porter des gants ou en prendre... Ces dames et demoiselles préfèrent sans doute désormais se trémousser en boîte aux accents d’une musique bien plus moderne émise par des émules de Daft Punk ou de Laurent Garnier ?

On comprend bien cependant celles qui, à la longue, ont développé une allergie à ce couple d’enfer, biniou-bombarde, l’assurance tous risques d’avoir un jour ou l’autre l’ouïe bousillée et le goût musical dénaturé à jamais.

C’est quand même ahurissant, cette histoire ! Bientôt, à force de regarder avec envie cette photo emblématique prise à la Fête du peuple breton en 1999, nous qui sommes les forces vives de la start up nation et du LBD-plein-la-vue-pan-dans-les-dents, nous allons finir par rejoindre la cohorte des vieux crabes pétainistes et chevrotants qui prétendent que « c’était mieux avant » !

22 février 2022

G comme Gondolier / Anne-Françoise

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Il y a très longtemps, dans la nuit de la nuit des temps, un gondolier est venu à Rennes.
Il a imploré le ciel et adressé une supplique secrète à la nuit rose et violette.
Les poissons de la Vilaine, les jolis poissons roses, verts et dorés sont venus orner sa robe à crinoline.

Mais pendant la soirée, le gondolier a décidé qu’il ne tiendrait pas sa promesse faite à la nuit céleste, il ne relâcherait pas les poissons.

Le toit de l’hôtel de ville a rougi de colère : si l’on pêche ainsi, que restera t’il aux Rennais pour se nourrir et pour rêver en regardant les poissons de la Vilaine sauter hors de l’eau pour y replonger aux beaux soirs d’été ?

« Rame, rame, gondolier, va t’en ! » ont dit les habitants. « Nous ne voulons plus écouter ton chant. Tu as capturé tous les poissons verts, roses et dorés de la Vilaine, il n’en reste plus, notre cœur pleure dans la rue. »

Gondolier à l’habit éclatant et chamarré a baissé les yeux.
Il a vu à ses pieds des milliers de visages malheureux.
Il a vu sur sa robe tous les poissons tourner, cherchant à s’échapper.
Il y en avait beaucoup, il voulait les garder, il est parti, loin, attristé, pour oublier…
Longtemps, la lune lui a parlé…

Il a relâché ses prisonniers dans les rivières, les fleuves, les lacs et les mers.
Les poissons volants ont ensuite tous rejoint l’océan.
Ils ont fait la connaissance des tortues, des hippocampes, des dauphins et de plein d’autres animaux marins…

Oui, l’âme en peine, gondolier a quitté Rennes.
L’âme toute chagrine, il a retiré sa crinoline.

Il a délaissé jaune, rose, rouge, vert et s’est vêtu d’une marinière.
Il est allé sous d’autres cieux chanter pour les amoureux.
En passant sous le pont des Soupirs, il soupire
En pensant aux beaux poissons qui nageaient dans la prison de sa robe à crinoline, à l’eau rouge sanguine.

A Rennes, les beaux poissons, on ne les voit plus. Ils ne sont jamais revenus. La Vilaine ne sourit plus.

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