Se faire papillon, aux belles ailes d’or Et grimper aux échelles pour sculpter les nuages Et pour ne pas perdre le nord
Rêver.
Se faire violoncelle pour être la musique Et se faire escalier pour tutoyer le ciel De sa bibliothèque faire une citadelle Rêver.
Oser porter un masque quand on ne peut plus rire Et oser des châteaux pendus aux montgolfières Emprisonner Pierrot et la fée Mélusine Rêver, rêver encore.
Diriger le choeur des oiseaux qui s’ennuient Et mettre des bouquets sur des troncs d’arbres morts Peindre jusqu’à laisser déborder les couleurs Rêver.
Au champ des coquelicots un seul blanc à fleuri Les lettres du journal ont pris leur liberté
Le poète a pleuré des larmes de papier La musique s’est arrêtée.
Qu'est-ce que tu veux faire, quand tu seras grand ?
En voilà une question, quand on a 17 ans, un diplôme en poche et juste quelques désirs ou intuitions et que ce que pensent tes parents pour toi, c'est sûrement le meilleur ! Mais est-ce vraiment ton choix ?
Et me voilà partie dans de longues études, guidée par une lumière vacillante et fragile qui éclaire à peine le chemin et laisse des ombres inquiétantes sur les murs et des illusions pleins la tête. On ne marche pas vraiment dans la nuit mais l'espace est restreint et personne ne sait si la lueur mène quelque part. Dans cette confortable prison, y a-t-il une porte de sortie ? Rêver ? Ou se prendre pour une fée, vêtue d'un manteau à étoiles bleues, qui, de sa baguette magique, peut changer le monde ? A moins que ma mission dans ce monde qui n'est pas du cinéma soit d'être l'allumeur de réverbères ?
Et si je me cachais sous une forêt de parapluie ? Pour ne pas être mouillée, est-ce une bonne idée ? Mais vivre là dessous n'est-ce pas se condamner à ne jamais voir le soleil, Celui qui brûle certes Mais aussi réchauffe et fait tout resplendir ? Choisir le risque du plein jour Ou rester à grelotter sous le parapluie ?
Aurais-je dû comme la plupart de mes amis Choisir de partager ma cage ?
Délaissant les mirages Comme le chat de l'image En avançant en âge Je deviens sage : Je pars à l'aventure, Je voyage léger En faisant des bulles de savon.
«Je cherche fortune tout au long du chat noir et au clair de la lune à Montmartre, le soir».
Les gens qui pensent de travers pensent que les bons voeux qu'on lance début janvier
Sont faits pour les cons mielleux ou pour les petits vieux Mais c'est une absurdité car à la vérité, ils sont là c'est prouvé Pour faire fleurir dans le temps un monde plus heureux
Les voeux sincères se donnent sur des airs de musique
De musique, de musique
En s'foutant pas mal du regard cynique
Des casse-noisettes
Les voeux sincères se donnent sur des airs de musique
De musique, de musique
Et ceux qui osent des rêves chimériques
Rendent le monde plus sympathique
Ils inventent des colombes, un monde plus léger et des cieux bleu d'azur
Laissant les fourmis cupides à leurs combats constants
Ils se voient déjà grimpant les marches du futur, d'un avenir si pur
Que même les coquelicots en deviendraient tout blancs
Les voeux sincères se donnent sur des airs de musique
De musique, de musique
En s'foutant pas mal du regard cynique
Des casse-noisettes
Les voeux sincères se donnent sur des airs de musique
De musique, de musique
Et ceux qui osent des rêves chimériques
Rendent le monde plus sympathique
Quand les apprentis sorciers leur promettent la lune...ils n'en ont rien à faire
Ils ont déjà leurs voyages dans les pays du coeur
Pas besoin de petites fioles, de médocs, ni de coke, ni de mauvais dealer,
Quand ils ont pour s'envoler les grands champs du mystère
Les voeux sincères se donnent sur des airs de musique
De musique, de musique
En s'foutant pas mal du regard cynique
Des casse-noisettes
Les voeux sincères se donnent sur des airs de musique
De musique, de musique
Et ceux qui osent des rêves chimériques
Rendent le monde plus sympathique
Quand les mois auront passé, que l'année sera vieille, que l'hiver reviendra
Même s'il reste encore quelques nuages lourds
Ils s'apercevront émus que leur petite chanson comme un joli mantra
Leur avait donné les clés d'une année d'troubadour...
Les voeux sincères se donnent sur des airs de musique
De musique, de musique
En s'foutant pas mal du regard cynique
Des casse-noisettes
Les voeux sincères se donnent sur des airs de musique
Pour ne pas perdre le Nord, je monte… mes quatre collines.
Il y a celle de chez moi - Saint Etienne, ma ville d’adoption en compte sept, comme Rome - que je descends allégrement le matin vers la gare.
Je préfère la remonter en bus le soir mais je la grimpe souvent à pied après le marché (donc chargée), le cinéma etc., lorsqu’il n’y pas de bus (après 19h30 et le dimanche) ou que l’attente excède le temps de la grimpette.
Des personnes qui font attention à moi m’ont dit, alors qu’elles l’ont montée en voiture, que ça montait bien, que ça faisait une trotte jusqu’aux commerces.
Le mercredi, je descends ma colline pour la piscine mais la pente, après deux kilomètres dans l’eau, est raide (plus que celle des autres jours), encore plus après la nage. Ensuite, il faut monter les deux étages.
Il y a la colline de mon premier travail, les lundis et vendredis, en collège et lycée général, à dix minutes en train de chez moi. En sortant de la gare, je monte jusqu’à mon établissement puis je prends l’ascenseur (ouf !) pour mon CDI au premier.
Pour accéder à mon deuxième établissement, j’ai deux collines : celle du lycée professionnel lui-même et celle de la gare que je monte le soir. C’est le seul CDI en sous-sol que j’ai connu donc il y a des marches pour en sortir puis pour aller en salle des professeurs.
Le midi, je sors prendre l’air car ma discopathie sévère réclame du mouvement et le soir je fais des courses ou vais en bibliothèque. Je marche chaque jour entre 4,5 et 7 kilomètres en moyenne.
Pour ne pas perdre le Nord alors que j’ai mal, plus ou moins intensément, du matin au soir (et inversement, je nage (cf. ci-dessus) et je fais de la gym entre vingt minutes pour le cardio et une demi-heure pour les abdos, la muscu, le vélo, etc.) je danse car mon arthrose réclame du mouvement.
Pour ne pas perdre le Nord alors que la douleur m’empêche de dormir et que la fatigue rend moins supportables les douleurs, j’écris. Depuis quinze ans, des pages de douleur physique qui font mal à l’âme s’envolent vers ceux qui ne comprennent pas.
Pour ne pas perdre le Nord, je lis la presse pour comprendre, de l’art (revues, essais et catalogues) pour contempler et des polars pour comprendre aussi par la psychologie des personnages.
Moi je t'offrirai la Belgique, ce plat pays, frontalier du mien, où je faisais encore du vélo dehors, - j’ai maintenant un pédalier d’intérieur -, où les mémés (celles de Toulouse et de Nougaro aiment la castagne) boivent de la bière.
Pour ne pas perdre le Nord je bois de ma Champagne natale des bulles non champenoises. Peu importe la provenance, pourvu qu’on ait les bulles.
Il y a grand monde au cabaret Pour présenter ses meilleurs vœux Aux jeunes mariés très heureux.
C’est ici qu’on cherche fortune Lorsque la lune est plus sereine ; Aristide a trouvé la sienne !
Elle est jolie, s’appelle Blanche Et la semaine et le dimanche Elle rend la vie plus amène.
De ce bouge un peu dégueulasse La gamine a fait un palace Et l’enrichit de ses chansons.
On n’reconnaît plus l’Aristide : Le Bruant devenu timide Est tout aux soins de sa poupée.
Elle a fleuri d’amour en cage «Le Chat noir» et tous ses parages : Les fleurs embaument le quartier.
Le chat, sur l’enseigne, est inquiet : Voilà le petit canari Qui parle de quitter Paris !
Se pourrait-il que d’aventure On transborde en sous-préfecture Son populaire paradis ?
Il sait qu’il y mourrait d’ennui Alors, patiemment, il attend Que dans la nuit noire monte un chant
Du genre, forcément alléchant Pour son museau, : « Ouvrez ouvrez la cage aux oiseaux... ».
LA PRINCESSE JAUNE
- Il me vient une idée » A dit la princesse jaune.
« Mon tout petit pays Entouré de royaumes ennemis
Peut faire à tout moment L’objet d’une invasion.
Réunissons les rois, Carreau, Coeur, Pique et Trèfle.
Enseignons-leur le goût De lutter pour des nèfles.
Promettons-leur Que je serai le prix Que je serai la proie De choix Du vainqueur D’un tournoi. »
Ils sont venus, ils sont tous là. Elle leur a expliqué toutes les règles. Elle a donné toutes les cartes Elle a servi le vin de Sarthe Et depuis, jour et nuit, ils jouent à la belote En descendant Jasnières et Coteau-du-Layon.
Elle vient le matin Dans la chambre de chacun Voir si dans leur culotte Traîne encore un dragon, Histoire de redonner A ce carré de rois La force de rêver, En clamant « Dix de der !», Qu’ils l’auront à jamais Pour soi seul.
Elle se fend la gueule : Pendant ce temps qu’ils jouent Et descendent des verres, Ils ne font pas la guerre !
ZODIAQUE
- On a coupé la montre en douze quartiers égaux.
- Si t’as cinq minutes je t’explique !
On a coupé le ciel en douze signes zodiacaux.
- Si t’as cinq minutes je t’explique !
On se souvient d’Hercule Et de ses douze travaux.
- Si t’as cinq minutes je t’explique !
- On a mis douze mois dans l’année ça vaut ce que ça vaut.
- Si t’as cinq minutes je t’explique ! Mais si tu fais tourner à rebrousse-temps la montre On arrivera au temps de notre non-rencontre Et tout repartira dans le même non-sens Alors, sois gentille : Rends-moi les aiguilles, Retourne le cadran, Allons de l’avant !
UN SOIR UN TRAIN
Moi je t’offrirai la Belgique, Une île de fantaisie Dans une pluie de perles !
Des gens qui restent-là Quand passent les Teutons !
Des sages qui font tout Pour ne pas perdre le Nord !
Des Flamandes qui dansent En silence !
Même quand le train a déraillé Et que la musique s’est arrêtée !
Samedi, c’est la fin de la semaine ! Super, super, super !
Simone est une sage secrétaire sténo-dactylo pendant la semaine. Ce samedi, elle fait les sacs en sifflotant : shorts, sandales, lunettes de soleil, sudokus et scrabble dans l’un ; sardines en boîte, saucisson, salami, salade et Saint-Nectaire pour faire des sandwichs dans un autre, savon, shampooing, serviette et sèche-cheveux dans un troisième. De son côté, Séraphin a laissé sa salopette sale de serrurier (et ses soucis !), souhaitant souffler pendant ce séjour en Saône et Loire.
En voiture, Simone ! Ils ont quitté la Sarthe sous la pluie ce matin sans stress, après une bonne nuit de sommeil. Il était 7 h 66 mn et soixante-sept secondes. Ils sont dans un doux songe en écoutant une sonate de Schumann.
Après quelques heures de route dans le silence, Séraphin stationne après un bois de sapins. Plus loin, un scout fait de l’auto stop. Ils sortent de la voiture sous le soleil et s’étirent. Séraphin souffle et s’allonge dans l’herbe. Il se laisse submerger par la nature sauvage. Il sent le parfum de la sauge, de la sarriette et du serpolet. Simone cueille des soucis, sursaute quand une salamandre se glisse entre ses cuisses et qu’une sauterelle s’ébroue dans sa chevelure avant de sauter sur les cèpes.
Séraphin est séduisant, Simone est splendide ! Elle regarde sérieusement Séraphin, il la trouve si sexy… Un sentiment de sérénité et de sensualité les saisit et les submerge… C’est sublime !
Ils vont s’allonger sous un saule pleureur. Ils se susurrent des mots sucrés. Ils savourent, en retirant leurs strings, un moment d’amour qui n’est pas que spirituel ! On entend des soupirs de satisfaction, des sons surprenants. Soudain, un sanglier surgit et stoppe la scène. Ils se séparent, surpris de cette envie saugrenue, un peu sonnés.
Aujourd’hui, Séraphin a soixante-dix-sept ans et Simone soixante-seize. Ils se souviennent en souriant de cet instant sur une nationale 7 bien sympathique !
Une apocope, du grec apokoptein/ἀποκόπτειν («retrancher»), est une modification phonétique, parfois utilisée comme figure de style, qui se caractérise par l'abréviation du mot complet, en gardant uniquement son ou ses premiers phonèmes ou syllabes, par exemple « auto » pour « automobile. (Wikipédia)
Insérez un maximum des abréviations ainsi obtenues dans un texte dont l’action ne se situe pas de nos jours (récit historique, conte poème ou légende).