Consigne d'écriture 2122-15 du 11 janvier 2022 : Dixit
Dixit
Voici trente six jolies cartes d'un jeu nommé Dixit, récupérable en partie ici.
Le jeu original consiste à faire retrouver à ses adversaires une carte qu'on a choisie, mêlée à d'autres, en leur donnant une phrase-indice relativement ambiguë : il ne faut pas en effet que tous les joueurs la retrouvent ni non plus que personne ne la retrouve sinon on ne marque pas de points.
Nous y avons joué un peu ce soir, le temps de récupérer dix de ces formules :
- Pour ne pas perdre le Nord
- Moi je t'offrirai la Belgique
- Il me vient une idée
- C'est ici qu'on cherche fortune
- Un amour de Mouloudji
- Meilleurs voeux
- Rêver
- Bercer
- Le marché de Cherbourg
- La musique s'est arrêtée
Il vous est demandé de choisir entre une et six de ces illustrations et d'écrire ce qu'elle ou elles vous inspire(nt) en incluant deux des formules ci-dessus dans votre texte.
Vous pouvez cliquer sur chaque image pour l'agrandir
Rêver / Josiane
Se faire papillon, aux belles ailes d’or
Et grimper aux échelles pour sculpter les nuages
Et pour ne pas perdre le nord
Rêver.
Se faire violoncelle pour être la musique
Et se faire escalier pour tutoyer le ciel
De sa bibliothèque faire une citadelle
Rêver.
Oser porter un masque quand on ne peut plus rire
Et oser des châteaux pendus aux montgolfières
Emprisonner Pierrot et la fée Mélusine
Rêver, rêver encore.
Diriger le choeur des oiseaux qui s’ennuient
Et mettre des bouquets sur des troncs d’arbres morts
Peindre jusqu’à laisser déborder les couleurs
Rêver.
Au champ des coquelicots un seul blanc à fleuri
Les lettres du journal ont pris leur liberté
Le poète a pleuré des larmes de papier
La musique s’est arrêtée.
Interdit de rêver.
Mon ami Pierrot / La Licorne
Dans la nuit qui dure
Pierrot est en pleurs
De tristes figures
Encagent son bonheur
La Lune insolente
Interpelle Mercure
Et lui dit "Invente
Un autre futur"
Directions / Anne J.
Qu'est-ce que tu veux faire, quand tu seras grand ?
En voilà une question, quand on a 17 ans, un diplôme en poche et juste quelques désirs ou intuitions et que ce que pensent tes parents pour toi, c'est sûrement le meilleur !
Mais est-ce vraiment ton choix ?
Et me voilà partie dans de longues études, guidée par une lumière vacillante et fragile qui éclaire à peine le chemin et laisse des ombres inquiétantes sur les murs et des illusions pleins la tête.
On ne marche pas vraiment dans la nuit mais l'espace est restreint et personne ne sait si la lueur mène quelque part.
Dans cette confortable prison, y a-t-il une porte de sortie ?
Rêver ?
Ou se prendre pour une fée, vêtue d'un manteau à étoiles bleues, qui, de sa baguette magique, peut changer le monde ?
A moins que ma mission dans ce monde qui n'est pas du cinéma soit d'être l'allumeur de réverbères ?
Et si je me cachais sous une forêt de parapluie ?
Pour ne pas être mouillée, est-ce une bonne idée ?
Mais vivre là dessous n'est-ce pas se condamner à ne jamais voir le soleil,
Celui qui brûle certes
Mais aussi réchauffe et fait tout resplendir ?
Choisir le risque du plein jour
Ou rester à grelotter sous le parapluie ?
Aurais-je dû comme la plupart de mes amis
Choisir de partager ma cage ?
Délaissant les mirages
Comme le chat de l'image
En avançant en âge
Je deviens sage :
Je pars à l'aventure,
Je voyage léger
En faisant des bulles de savon.
«Je cherche fortune
tout au long du chat noir
et au clair de la lune
à Montmartre, le soir».
Meilleurs voeux / La Licorne
(Se chante sur un air de Geo)
Mais c'est une absurdité car à la vérité, ils sont là c'est prouvé
Pour faire fleurir dans le temps un monde plus heureux
Pour ne pas perdre le Nord (1) / Laura
Pour ne pas perdre le Nord, je monte… mes quatre collines.
Il y a celle de chez moi - Saint Etienne, ma ville d’adoption en compte sept, comme Rome - que je descends allégrement le matin vers la gare.
Je préfère la remonter en bus le soir mais je la grimpe souvent à pied après le marché (donc chargée), le cinéma etc., lorsqu’il n’y pas de bus (après 19h30 et le dimanche) ou que l’attente excède le temps de la grimpette.
Des personnes qui font attention à moi m’ont dit, alors qu’elles l’ont montée en voiture, que ça montait bien, que ça faisait une trotte jusqu’aux commerces.
Le mercredi, je descends ma colline pour la piscine mais la pente, après deux kilomètres dans l’eau, est raide (plus que celle des autres jours), encore plus après la nage. Ensuite, il faut monter les deux étages.
Il y a la colline de mon premier travail, les lundis et vendredis, en collège et lycée général, à dix minutes en train de chez moi. En sortant de la gare, je monte jusqu’à mon établissement puis je prends l’ascenseur (ouf !) pour mon CDI au premier.
Pour accéder à mon deuxième établissement, j’ai deux collines : celle du lycée professionnel lui-même et celle de la gare que je monte le soir. C’est le seul CDI en sous-sol que j’ai connu donc il y a des marches pour en sortir puis pour aller en salle des professeurs.
http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/09/19/j-ai-deux-amours.html
Le midi, je sors prendre l’air car ma discopathie sévère réclame du mouvement et le soir je fais des courses ou vais en bibliothèque. Je marche chaque jour entre 4,5 et 7 kilomètres en moyenne.
Pour ne pas perdre le Nord alors que j’ai mal, plus ou moins intensément, du matin au soir (et inversement, je nage (cf. ci-dessus) et je fais de la gym entre vingt minutes pour le cardio et une demi-heure pour les abdos, la muscu, le vélo, etc.) je danse car mon arthrose réclame du mouvement.
Pour ne pas perdre le Nord alors que la douleur m’empêche de dormir et que la fatigue rend moins supportables les douleurs, j’écris. Depuis quinze ans, des pages de douleur physique qui font mal à l’âme s’envolent vers ceux qui ne comprennent pas.
Pour ne pas perdre le Nord, je lis la presse pour comprendre, de l’art (revues, essais et catalogues) pour contempler et des polars pour comprendre aussi par la psychologie des personnages.
Pour ne pas perdre le Nord (2) / Laura
Moi je t'offrirai la Belgique, ce plat pays, frontalier du mien, où je faisais encore du vélo dehors, - j’ai maintenant un pédalier d’intérieur -, où les mémés (celles de Toulouse et de Nougaro aiment la castagne) boivent de la bière.
Pour ne pas perdre le Nord je bois de ma Champagne natale des bulles non champenoises. Peu importe la provenance, pourvu qu’on ait les bulles.
Source des illustrations :
http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2017/09/03/ne-me-quitte-pas-5976456.html
http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2006/08/31/pont-neuf.html
L'Ogre / Adrienne
Il me vient une idée !
– Monsieur l’ogre, pourriez-vous vous occuper de la maison des voisins ? Merci.
Quatre poèmes d'après Dixit / Jean-Paul
LE CHAT NOIR
Il y a grand monde au cabaret
Pour présenter ses meilleurs vœux
Aux jeunes mariés très heureux.
C’est ici qu’on cherche fortune
Lorsque la lune est plus sereine ;
Aristide a trouvé la sienne !
Elle est jolie, s’appelle Blanche
Et la semaine et le dimanche
Elle rend la vie plus amène.
De ce bouge un peu dégueulasse
La gamine a fait un palace
Et l’enrichit de ses chansons.
On n’reconnaît plus l’Aristide :
Le Bruant devenu timide
Est tout aux soins de sa poupée.
Elle a fleuri d’amour en cage
«Le Chat noir» et tous ses parages :
Les fleurs embaument le quartier.
Le chat, sur l’enseigne, est inquiet :
Voilà le petit canari
Qui parle de quitter Paris !
Se pourrait-il que d’aventure
On transborde en sous-préfecture
Son populaire paradis ?
Il sait qu’il y mourrait d’ennui
Alors, patiemment, il attend
Que dans la nuit noire monte un chant
Du genre, forcément alléchant
Pour son museau, :
« Ouvrez ouvrez la cage aux oiseaux... ».
LA PRINCESSE JAUNE
- Il me vient une idée »
A dit la princesse jaune.
« Mon tout petit pays
Entouré de royaumes ennemis
Peut faire à tout moment
L’objet d’une invasion.
Réunissons les rois,
Carreau, Coeur, Pique et Trèfle.
Enseignons-leur le goût
De lutter pour des nèfles.
Promettons-leur
Que je serai le prix
Que je serai la proie
De choix
Du vainqueur
D’un tournoi. »
Ils sont venus, ils sont tous là.
Elle leur a expliqué toutes les règles.
Elle a donné toutes les cartes
Elle a servi le vin de Sarthe
Et depuis, jour et nuit, ils jouent à la belote
En descendant Jasnières et Coteau-du-Layon.
Elle vient le matin
Dans la chambre de chacun
Voir si dans leur culotte
Traîne encore un dragon,
Histoire de redonner
A ce carré de rois
La force de rêver,
En clamant « Dix de der !»,
Qu’ils l’auront à jamais
Pour soi seul.
Elle se fend la gueule :
Pendant ce temps qu’ils jouent
Et descendent des verres,
Ils ne font pas la guerre !
- On a coupé la montre en douze
quartiers égaux.
- Si t’as cinq minutes je t’explique !
On a coupé le ciel en douze
signes zodiacaux.
- Si t’as cinq minutes je t’explique !
On se souvient d’Hercule
Et de ses douze travaux.
- Si t’as cinq minutes je t’explique !
- On a mis douze mois dans l’année
ça vaut ce que ça vaut.
- Si t’as cinq minutes je t’explique !
Mais si tu fais tourner à rebrousse-temps la montre
On arrivera au temps de notre non-rencontre
Et tout repartira dans le même non-sens
Alors, sois gentille :
Rends-moi les aiguilles,
Retourne le cadran,
Allons de l’avant !
UN SOIR UN TRAIN
Moi je t’offrirai la Belgique,
Une île de fantaisie
Dans une pluie de perles !
Des gens qui restent-là
Quand passent les Teutons !
Des sages qui font tout
Pour ne pas perdre le Nord !
Des Flamandes qui dansent
En silence !
Même quand le train a déraillé
Et que la musique s’est arrêtée !