Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

L'Atelier d'écriture de Villejean

28 novembre 2023

Caroline ? / Jean-Paul

- Moi je lis plutôt « Caroline » m'a dit mon épouse à qui j'ai montré la lettre de ouvrez les guillemets Coralie point d'interrogation fermez les guillemets et à qui j'ai raconté l'histoire de la lettre non transmise. (cf ce texte-ci)

Si on met à part le fait que Jean-Baptiste était bien encore en 1980 un de mes meilleurs amis toute cette histoire pourrait très bien sortir d'un roman de Patriiiiick Modiano.

AEV 2324 10 JK Hopper_NighthawksDans une ville dont on ne mentionne pas le nom existerait un café associatif appelé L’Orang-outan. Pas un de ces palaces à grandes baies vitrées comme on en voit dans les tableaux d'Edward Hopper, non mais un troquet à l'ancienne comme celui que tenaient la mère et la grand-mère de Daniel Bird à Wazemmes, quartier très populaire de Lille.

Ce café de l'Orang-outan se trouverait dans le bloc B4, dans la rue de Steenwijk. C'est là que tous les soirs Olga Tchigorine et Caroline Cann se donnent rendez-vous. Ce sont des étudiantes. La première, Olga, sirote une grenadine avec un glaçon alors que Caroline turbine au Perrier tranche.

Elles ont entrepris d'écrire un roman à quatre mains. Cela s'appelle « Sabine Maroczy ».

Pour Olga qui a imposé le patronyme du personnage il était impératif que ce nom se termine par un Y à cause de « Madame Bovary ».

- Si tu veux, a concédé Caro Cann, mais je refuse qu'elle se suicide à la fin du livre. D’ailleurs personne ne doit mourir dans mon roman, enfin dans notre roman.

 

AEV 2324-10 JK Collage Cavalier pieuvre

- Même pas le cavalier Pieuvre ?

- A la limite celui-là peut perdre un bras sur le champ de bataille mais sinon pas de passage de vie à trépas !

- Ni non plus Marc Taïmanov, le pion empoisonnant du collège Philidor, avenue de la Volga ?

- Un pion c'est temporaire, juste le temps du collège ou du lycée. Ça s'oublie. Sa promotion en prof est assurée pourvu qu'il bosse et qu'il décroche le CAPES. Il peut même rêver d'agrégation si tout tourne bien.

Chaque soir Olga et Caro se lisent l'une à l'autre le chapitre qu’elles ont pondu chacune de leur côté. S'il y a des incohérences elles corrigent puis elles discutent des évolutions possibles et se répartissent les deux chapitres suivants dont elles ont énoncé la trame.

Certains soirs Miguel Najdorf, leur condisciple qui donne des cours de piano à la M.J.C. Diagonales pour payer ses études vient les saluer et tente de savoir ce qu'elles écrivent. Mais devant ses questions les deux jeunes femmes se ferment comme des huîtres.

- Ça ne te regarde pas, Miguel !

- Je suis sûr que c'est de la poésie !

- Pas du tout ! Tu n'y es pas du tout !

- Ou alors c'est une méthode pour gagner à la bataille navale !

- Écarte-toi au lieu de dire des idioties ! Tu nous enlèves toute la lumière !

***

La patronne de l'Orang-outan s'appelle Greta Staunton. C'est là le nom de son mari car elle est hollandaise d'origine. Après la fermeture elle traverse à pied la ville dans la nuit pour rejoindre le bloc F5, l'immeuble Gambit-Roi à l'angle du boulevard Traxler et de la rue du Foie frit.

Son mari Edward est cuisinier à la Casa Rossolimo, une pizzeria installée au bas du bloc B5 qui est donc voisin du B4 où se trouve le café associatif.

Lui ne la rejoint que plus tard à la maison car le restaurant accueille encore plus longtemps les fêtards qui vont au spectacle et dînent ensuite. Souvent sur l'oreiller ils se racontent leur journée, les aventures de leurs clients, les esclandres des habitués, les fricotages des uns et des autres.

- C’est vrai qu'il n'y a pas mieux qu'un restaurant pour fricoter ! admet Greta mais ce soir j'ai mieux que toi comme ragot. Ton patron, monsieur Benoni, est venu à l’Orang-outan jouer à l'avantageux devant les étudiantes qui écrivent un roman !

- Elles ne risquent rien les minettes, avec cet homme-là !

- Quand même, elles sont majeures, bien jolies et bien attirantes !

- Si elles écrivent des romans c’est qu’elles n'ont pas la tête à s'en bâtir un de ce genre-là. Il y a assez d'étudiants de leur âge en ville ! Elles ne vont pas s'intéresser à un commerçant marié qui commence du reste à bedonner un chouïa !

- Sait-on jamais ?

*** 

2023-04-18 - Nikon 371

C'est une semaine après ce dialogue-là qu'on a découvert dans le square Tartakover le cadavre d'un militaire du 41e régiment de cavalerie. Il avait été découpé proprement et savamment en morceaux et du coup on a suspecté le boucher Tarrasch dont la boutique, place de Budapest, donne sur le square. Le plus étrange de l'affaire est bien que dans les sacs plastiques se trouvaient également six autres bras humains.

- Ça fait penser au cavalier Pieuvre ! a confié Olga Tchigorine à Caro Kann !

Le boucher avait un alibi en béton. Alors une espèce de psychose s'est emparée de la ville. Des gens se sont confinés chez eux, les boutiques ont baissé les volets plus tôt, plus personne ne traînait la nuit dans les rues.

Puis l'affaire s'est tassée, tout est redevenu normal dans la vie d’Edward et Greta et des habitants de la ville aux soixante-quatre blocs. Sauf qu'un matin où il ne s'y attendait pas Edward a trouvé la pizzeria définitivement fermée et a perdu son emploi.

- Monsieur Benoni a disparu ! Envolé ! Il va falloir que j'aille pointer au chômage et que je trouve un nouveau job !

- Ils sont partis en emportant la caisse ?

- Non pas « ils ». Lui tout seul. Elle, la pauvre madame Benoni, est effondrée. Elle ne comprend pas. J’espère que ça n'a rien à voir avec l'affaire du square Tartakover !

C'est à peu près à ce moment-là que Caro-Kann disparaît elle aussi de la ville et de la vie d’Olga.

Celle-ci est allé au commissariat de police demander une recherche dans l’intérêt des familles, de la littérature juvénile et du comité Nobel.

- Avant de disparaître elle m'avait donné une lettre à remettre à Monsieur Benoni.

- Vous l'avez cette lettre ?

- Ben non, je l'ai remise !

- Vous l'avez lue ?

- Ben non c'était mon amie, c'étaient ses affaires. Je ne lis pas le courrier des autres, c’est indiscret.

***

Le roman « Sabine Maroczy » n'a jamais paru en librairie. Il est resté à l'état de brouillon inachevé dans une valise marron conservée dans le grenier d’Olga Tchigorine.

C'est tout juste, le jour où elle l'ouvrira, si elle se souviendra de cette Caroline Cann ! Mais se prénommait-elle réellement Caroline ? Elle n'en n'est plus très sûre à présent, quarante ans après ! 

AEV 2324-11 Coralie ou Caroline - signature

Publicité
Publicité
21 novembre 2023

Consigne d'écriture 2324-09 du 21 novembre 2023 : Le Jour suivant

Le Jour suivant

 

C'est le titre d'un livre, ou plutôt d'un album d'illustrations muet, du graphiste japonais Mitsumasa Anno, paru à L'École des loisirs en 1979.

On y voit les étapes du périple que le dessinateur a accompli en Europe en 1963, 1975 et 1978. Les lieux représentés sont un mélange de médiéval et de contemporain assez surprenant.

Vous allez choisir une des images de l'album. L'incipit de votre texte sera obligatoirement "Le jour suivant, Mitsumasa..."

Vous devrez obligatoirement inclure dans votre texte les cinq mots qui figurent sous l'image choisie. Vous essaierez de décrire un maximum d'éléments de détail de cette image.

AEV 2324-09 Mitsumasa Anno  AEV 2324-09 Mitsumasa Anno
Linge
Cartable
Clocher
Fleurs
Statue
Cavalier
Diligence
Bicyclette
Jarres
Lavandière
 AEV 2324-09 Mitsumasa Anno  AEV 2324-09 Mitsumasa Anno
Pigeons
Kiosque
Ballons
Oeil-de-boeuf
Dôme
Calèche
Tuiles
Arcades
Cheval
Clocher
 AEV 2324-09 Mitsumasa Anno  AEV 2324-09 Mitsumasa Anno
Religieuse
Porte-voix
Landau
Caravelle
Échafaud
Violoncelle
Toréador
Marionnette
Mousquet
Coiffeuse
 AEV 2324-09 Mitsumasa Anno  AEV 2324-09 Mitsumasa Anno
Photographe
Bonneteau
Terrasse
Plan
Spaghetti
Rialto
Pigeon
Gondole
Cloche
Arcade
21 novembre 2023

Tout un cinéma / Maryvonne

AEV 2324-09 Mitsumasa AnnoLe jour suivant Mitsumata s'émerveilla devant les arcades où l'ombre était bienfaisante. La chaleur lui tombait sur les épaules comme un couperet. Mais plus horrible était la vision de la guillotine qui préfigurait une exécution où, là, la tête tomberait vraiment des épaules. Hormis qu'il ou elle n'aurait plus jamais de coiffeuse la mort n'avait aucun avantage. Que l'on soit le toréador encorné par le taureau ou le soldat victime d'un mousquet, la mort avait le même résultat.

C'est étonnant de réunir dans un même endroit la vie bouillonnante d'un marché avec des peintres, des sculpteurs, des marchands, des marionnettes et la veuve rouge.

Au centre un capitaine au long-cours a exposé son bateau dans le but sans doute de constituer son équipage. Ceux qui rêvent de voyage ne savent pas que s’ils signent, ils embarqueront pour une vie de galère sauf si c'est juste pour un rôle dans un film.

Du haut de sa monture Mitsumata s'étonne du mélange des époques et se dit que c'est peut-être, là, Cinecittà avec sous ses yeux les accessoires de cinéma car les affiches de Jean Gabin, Sophia Loren, Charlie Chaplin et Marilyn Monroe nous emmènent au XXème siècle et non au temps de la Louisette.

Un accessoiriste convoie sur un chariot la statue de la louve avec Romulus et Remus.

Pour mettre toute cette scène en musique, un violoncelle attend son heure à l'entrée de l'église pour jouer la symphonie de la « Commedia del Arte » : Moteur ! Action ! Et si vous montez les marches de la raccourcisseuse, ne coupez-pas !

AEV 2324-09 Maryvonne

21 novembre 2023

Mitsumasa en Italie / Marie-Thé

AEV 2324-09 Marie-Thé 01

Le jour suivant, Mitsumasa parcourt les rues de la banlieue de Venise.

Personne ne semble remarquer ce cavalier à l’allure fringante sur son beau cheval bai dont les fers claquent sur le sol. Les rues sont quasiment désertes à cette heure matinale.

Un moine passe rapidement près de lui, la tête baissée, comme s’il avait quelque chose à cacher pense Mitsumasa. Peut-être fait-il tout simplement ses prières du matin ?

Pourquoi donc le tailleur ferme-t-il sa porte sur son passage ? C’est son jour de fermeture. Dommage pour Mitsumasa qui aurait aimé se faire tailler une veste !

Au bâtiment suivant, il voit le garde champêtre coller une affiche sur le panneau de la Mairie.

Que se passe-t-il ? Curieux, Mitsumasa s’approche et lit : « Une statue qui se trouvait dans le clocher a disparu. Le voleur est recherché ».

AEV 2324-09 Marie-Thé 02Quelques rues plus loin, il entend un chœur de femmes chanter joyeusement « Connaissez-vous les lavandières ? » Il connaît cette mélodie et se dirige allègrement vers les voix, tel Ulysse vers les Naïades de la légende Grecque.

- Hello beau chevalier, approche, nous allons laver ton linge !». Tu peux te baigner si tu veux, nous chanterons pour toi. Lorsque Mitsumasa arrive près de la fontaine les trois femmes l’éclaboussent en riant.

AEV 2324-09 Marie-Thé 03Il poursuit son chemin et passe devant une diligence dans laquelle montent deux moines chargés d’un gros colis. Il pense alors à la statue volée mais décide de ne pas se mêler de cette affaire. Il a de l’imagination mais cela lui a déjà joué bien des tours.

Un petit garçon, son cartable sur le dos lui indique une auberge où il pourra s’installer. C’est la plus jolie maison du quartier. Des jardinières chargées de fleurs égaient la façade surmontée de pierres de taille donnant à l’ensemble l’allure d’un petit château. Il décide de se reposer dans cette auberge. Il pourra ainsi se restaurer et écrire à sa mie pour lui raconter sa journée.

 

21 novembre 2023

Le Voyage raté de Mitsumasa / Anne J.

AEV 2324-09 Anne J

 

Le jour suivant, Mitsumasa sortit de très bonne heure le matin. Il traversa la place déserte, au centre de laquelle trônait le navire qui s’embarquerait très bientôt pour le Nouveau monde et souleva le couvercle de l’une des deux malles qui attendaient leur chargement tout près des tonneaux de beaujolais nouveau. Il partait loin de tout cela, il n’en pouvait plus de sa vie et de son encombrante famille.

 

 

 

AEV 2324-09 Anne JSon beau-frère qui avait exercé un temps le dangereux métier de toréador vendait désormais des glaces italiennes aux enfants et on l’entendait clamer du matin au soir : « Gelati ! Assaggiare i meravigliosi gelati di Faustino ! »  (vous pouvez bien imaginer que cela signifie : « Goûtez les merveilleuse glaces de Faustino ! »). De plus il avait une abominable voix de chanteur d’amour et chantait faux mais ses enfants l’adoraient.

AEV 2324-09 Anne JSa femme, la belle Livia ne jouait plus de violoncelle, elle l’avait mis en vente au bénéfice des pauvres de l’Église, encouragée en cela par un prêtre italien du nom de Antonio quelque chose, dont elle était tombée éperdument amoureuse.

Mitsumasa ne voyait pas du tout ce qu’elle lui trouvait et faisait toutes les nuits des rêves qu’il espérait prémonitoires, dans lesquels le bel Antonio finissait guillotiné en place publique. Il voyait sa tête avec ses cheveux roux, rouler dans le panier et son corps désarticulé jeté dans une charrette comme une marionnette sans succès, En route pour le cimetière de San Michele et la fosse commune ! 

AEV 2324-09 Anne JMitsumasa voyait tout dans sa cachette, grâce aux fentes entre les lattes de bois : il apercevait un homme et une femme candidats au voyage avec leur maigre bagage et les religieuses sortant du couvent de la place pour prendre l’air et se distraire un peu : en voila deux qui se mettent à parler tandis que deux autres admirent un landau à vendre dans l’étal de bric-à-brac au pied de la chapelle, comme si elles pouvaient en avoir l’usage !

Allait-on embarquer cette lourde Pieta en marbre ou bien ce piano abandonné, à moins qu’on ne préfère un cheval à bascule ?

Soudain, une femme s’approche du marin qui surveille la cargaison et veut lui acheter la malle dans laquelle se trouve Mitsumasa bien caché pour attendre son départ vers une nouvelle vie. Elle prétend vouloir meubler son salon de coiffeuse avec des objets marins :

- C’est la mode, dit-elle, et je voudrais aussi un cabestan, une lampe tempête, des cordages et une boussole. Je prendrais bien aussi le canot de sauvetage mais mon salon est trop petit !

Le marin hésite : avec tout cet argent, il pourrait aller boire quelques bières à la taverne.

Et voilà qu’arrive le capitaine du navire, avec son bandeau de pirate et sa jambe de bois

AEV 2324-09 Anne J- Mon matériel n’est pas à vendre, dit-il en brandissant son sabre. Vous ne voulez pas plutôt une décoration chinoise ? Allez voir en face : il y a un étal de chinoiseries, en marchandant un peu vous l’aurez pour un bon prix.

La femme insiste, sort des billets de son réticule et fait des œillades au pirate qui se sent tout émoustillé. Pourquoi pas après tout ? se dit-il. Avec cela je pourrais m’offrir un beau mousquet pour mon prochain voyage.

- Allez , je vous laisse la malle et deux lampes-tempêtes et débarrassez moi le plancher !

Et voilà comment Mitsumasa se retrouva au beau milieu d’une volière de femmes en bigoudis ! C’était un Nouveau monde aussi mais pas celui dont il rêvait. Il dut attendre la nuit tombée pour sortir de sa cachette et se faufiler sur la place à nouveau déserte pour rentrer chez lui.

Sa femme l’accueillit avec un aimable «  Alors ? T’étais ou ? » et Mitsumasa se dit que demain il retenterait sa chance.

Publicité
Publicité
21 novembre 2023

T comme Thuin / Adrienne

21 novembre 2023

Le Jour suivant / Jean-Paul

AEV 2324-09 JK 01Le jour suivant Mitsumasa fut très déçu par le Grand Canal : il était tout petit ! Au pied de l'église Santa Maria della Salute il n'y avait que cinq gondoles. C'est tout juste si les gondoliers présents ne se battaient pas entre eux pour proposer une balade en amoureux au seul couple de touristes qui déambulait à proximité de l’embarcadère sur la piazzetta.

AEV 2324-09 JK 07C'est vrai qu’au prix de la course vers le Pont des Soupirs ou le Rialto il ne fallait pas aller chercher plus loin les vrais pigeons de Venise.

Mitsumasa alla s'enregistrer à la Pensione Wildner où il hérita de la chambre n°28. Ce numéro était également celui du jour où il était né. Après avoir confié son cheval à un palefrenier très bronzé il revint à pied prendre la température du lieu.

AEV 2324-09 JK 03Tout était pittoresque en diable ! Devant l'église fermée deux paysannes locales, un fichu sur la tête, semblaient se prendre en photo avec une perche à selfie. C'était d'autant plus incongru qu’un peu plus loin à droite un photographe de rue proposait ses services à un officier de marine accompagné d'une hôtesse de l'air. Son appareil ancestral, semblable à ceux dessinés par Albert Dubout dans son recueil « Les Photographes » était posé sur un trépied et devait encore fonctionner avec des plaques rigides.

AEV 2324-09 JK 05- Soit quelque chose cloche par ici, soit il y a des problèmes dans la temporalité de cet univers ou de l'Italie tout entière ! » songea Mitsumasa.

 De fait, à droite du photographe, un médecin en robe et portant un chapeau moyen-âgeux avait posé sur des tréteaux roulants trois gobelets renversés. 

AEV 2324-09 JK 09Proposait-t-il une partie de bonneteau ? Ou bien, comme il brandissait un flacon, commercialisait-il en Europe le fameux élixir du docteur Doxey fabriqué en Amérique avec des ingrédients qui devaient rester aussi secrets que la lettre de Coralie ?

Mitsumasa avait eu droit, sans en comprendre un traître mot, à toute l'histoire que Giacomo avait contée à voix forte au gendarme de Saint-Tropez en képi et ceinture blanche et qu’avait écoutée également dame Véronica en jupe rouge et pull vert.

AEV 2324-09 JK 02- Je l'ai retrouvée dans mon grenier cette lettre écrite par une certaine Coralie il y a quelques vingt ans ! D'après son contenu il paraît que j'étais chargé de la remettre alors à mon ami Giambattista. C'est une jeune fille de 19 ans qui était tombée amoureuse de lui bien qu’il fût marié depuis peu et qui lui disait son souhait de le revoir pour l'embrasser  !

- Et plus si affinités, sans doute ? demanda Veronica.

- On ne saura jamais ! Si j'ai retrouvé la lettre vingt ans après c'est que je ne l'ai pas remise !

- Mais tu es un vrai père La Morale, Giacomo Crapovio ! commenta le gendarme. Je n'aurais jamais cru cela de toi !

- Un père La Morale ? Tu parles ! Un vrai tue-l’amour, oui ! commenta Véronica.

AEV 2324-09 JK 04

A proximité, deux touristes français, un homme et une femme, s'étaient assis sur les marches de l'église avec leurs lourdes valises posées à même le sol. Sans doute repartaient-ils vers la gare. Ernest avait encore sur l'arcade sourcilière le sparadrap dont Margaret l'avait artistiquement décoré après la bagarre de la veille au Harry’s bar.

- Eh bien ! On s'en souviendra de notre voyage de noces à Venise ! rigolait-elle.

- Je savais que l'Italie avait la réputation d'être un peu tape-à-l'oeil mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi frappant ! admit Ernest.

AEV 2324-09 JK 06Un peu plus loin sur les marches trois ragazzi della cita, des ados en goguette, des zazous en sweat à capuche zonaient en zyeutant le groupe de touristes attroupé autour de Zampano qui chantait des tarentelles accompagné de Gelsomina à l'accordéon. Il y avait peut-être des poches à se faire, mieux remplies que celle qu’Ernest avait sous les yeux.

Comme on approchait de midi Mitsumasa alla s'installer en terrasse du restaurant proche. Il ne déjeuna pas vraiment tranquillement : il fut importuné alors qu'il dégustait son plat de spaghetti par une mendiante qui portait son bébé dans un sac ventral puis par une gamine qui tenait à tout prix à ce qu'il lui achetât un bouquet de fleurs pour sa « donna ».


AEV 2324-09 JK 08

 Il avait trop peu encore de vocabulaire italien pour pouvoir expliquer à la fillette qu’il avait divorcé récemment et qu'il était revenu en Italie afin de retrouver une nommé Coralie qu'il avait connue par ici une vingtaine d'années auparavant.

14 novembre 2023

Consigne d'écriture 2324-08 du 14 novembre 2023 : Lautréaval

Lautréaval

 

D’après M. Jacques Quinton, le poète redonnais Louis Peuchard est né à Redon le 11 août 1919. Monté à Paris en 1936 il a fréquenté les peintres et poètes de cette époque et a connu l’effervescence et le bouillonnement intellectuel du Front populaire.

Il prit alors le pseudonyme de Lautréaval.

Ce qu’il écrivait, dans une veine humoristique, provocatrice ou extravagante, relevait soit du génie selon les uns, soit de la fumisterie pour les autres. En témoigne ce poème en hommage à la ville de Redon :

Le canal le canal
Horizontal
Le canal le canal le canal
Eau Eau

(in « Les Chants crurent »).

Après la guerre il a fréquenté Georges Brassens, René Fallet et Roland Topor.

Il aurait publié, à compte d’auteur et à très faible tirage, un recueil de poèmes intitulé « Effleure le mal » et son texte « Eau eau marais marais », précurseur du rap, figure dans une anthologie, « La poésie autrement » de Claude Verachté, parue en 2006.

Réécrivons ensemble l’oeuvre de ce poète méconnu. Au choix :

1) Écrivons des poèmes courts et absurdes dans le style de celui évoqué ci-dessus ;

2) Réécrivons en prose poétique des poèmes d’« Effleure le mal » dont nous n’avons que le titre, issu du recueil de Baudelaire « Les Fleurs du mal ».

Bénédiction ; L'Albatros ; Élévation ; Correspondances ; J'aime le souvenir de ces époques nues ; Les Phares ; La Muse malade ; La Muse vénale ; Le Mauvais Moine ; L'Ennemi ; Le Guignon ; La Vie antérieure ; Bohémiens en voyage ; L'Homme et la Mer ; Don Juan aux enfers ; Châtiment de l'orgueil ; La Beauté ; L'Idéal ; La Géante ; Les Bijoux - pièce condamnée ; Parfum exotique ; Je t'adore à l'égal de la voûte nocturne ; Tu mettrais l'univers entier dans ta ruelle ; Avec ses vêtements ondoyants et nacrés ; Le Serpent qui danse ; Une charogne ; Le Vampire ; Le Léthé - pièce condamnée ; Une nuit que j'étais près d'une affreuse Juive ; Remords posthume ; Le Chat (Viens, mon beau chat, sur mon cour amoureux) ; Le Balcon ; Je te donne ces vers afin que si mon nom ; Tout entière ; Que diras-tu ce soir, pauvre âme solitaire ; Le Flambeau vivant ; À Celle qui est trop gaie - pièce condamnée ; Réversibilité ; Confession ; L'Aube spirituelle ; Harmonie du soir ; Le Flacon ; Le Poison ; Ciel brouillé ; Le Chat (Dans ma cervelle se promène) ; Le Beau Navire ; L'Invitation au voyage ; L'Irréparable ;Causerie ; L'Héautontimorouménos ; À une dame créole ; Mœsta et errabunda34 ; Les Chats ; Les Hiboux ; La Cloche fêlée ; Spleen : I - Pluviôse, irrité contre la ville entière, II - J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans, III - Je suis comme le roi d'un pays pluvieux, IV - Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle ; Brumes et pluies ; L’Irrémédiable ; À une Mendiante rousse ; Le Jeu ; Le Crépuscule du soir ; Le Crépuscule du matin ; La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse ; Je n'ai pas oublié, voisine de la ville ; Le Tonneau de la haine ; Le Revenant ; Le Mort joyeux ; Sépulture ; Tristesses de la lune ; La Musique ; La Pipe ; Le Masque ; Hymne à la beauté ; La Chevelure ; Duellum ; Le Possédé ; Un Fantôme : I - Les ténèbres, II - Le Parfum, III - Le Cadre, IV - Le Portrait ; Semper eadem ; Chant d'automne ; À une Madone ; Chanson d'après-midi ; Sisina ; Sonnet d'automne ; Une Gravure fantastique ; Obsession ; Le Goût du Néant ; Alchimie de la douleur ; Horreur sympathique ; L'Horloge.

14 novembre 2023

Trois poèmes idiots ? / Anne J.

Ciaran
Domingo
Federico

Les tempêtes sont elles
Des migrants illégaux
Sans permis de séjour ?

2023-11-03 Nikon 82

***

J'aime les raviolis,
Les petits Chinois,
Les gros Géorgiens
Et les classiques italiens.

Le monde a beaucoup à apprendre
De ces petits oreillers délicieux
Pour se reposer
Des fracas du monde.

AEV 2324-08 Anne J

***
A propos d’oreiller
Le mien est un espace partagé
Et toujours occupé

La nuit c’est moi
Le jour c’est le chat

La guerre n’a lieu
Qu’au petit matin
Et tard le soir

Pourrait-on résoudre
Les conflits du monde
De cette façon ?

AEV 2324-08 Anne J

14 novembre 2023

Quatre poèmes de Lautréaval extraits de "Effleure le mal" / Marie-Thé

Que diras-tu ce soir, pauvre âme solitaire ?

Tu es seul, mon ami, cherche sous l’évier !
Tu trouveras une fillette remplie de piquette,
Et puis tu la boiras pour oublier Lola
Qui de toi ne veut pas.

AEV 2324-08 Marie-Thé - Lola

 ***

La cloche fêlée

Dans les maisons du bourg,
On écoute dans la nuit
La cloche fêlée tintinnabuler
Toutes les heures avec un son cassé.

Aux environs de minuit, quelques lucarnes s’éclairent,
Pour quelques-uns, c’est l’heure d’une pause-pipi
Ensuite ils se recouchent, se rendorment bien vite.

Alphonse lui, se tourne sur la droite,
Se tourne sur la gauche
Puis s’allonge sur le dos.

La cloche sonne et résonne
C’est déjà le matin. Alphonse s’est endormi.

Aux douze coups de midi,
Il se réveille enfin, ébahi et surpris.

AEV 2324-08 Marie-Thé - Cloche fêlée

***

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle

Il est gris souris le ciel de novembre.

« Celle qui est trop gaie » est descendue dans son jardin,
Pour y cueillir du romarin.

Elle a bien ri avec Jean-Louis cette nuit.

Ce matin, en descendant les marches du perron
Avec ses sabots de bois,
Elle a glissé dans la boue.

Son cotillon est tout crotté.

Elle n’est plus « celle qui est trop gaie ».

AEV 2324-08 Marie-Thé - Celle qui est trop gaie

***

Elévation

J’ai grimpé très haut dans la montagne
Pour y cueillir du thym et du romarin.

Par la même occasion,
Je pensais méditer, élever mon esprit
Le vent m’a refroidie.

La pluie m’a transpercée.

De la vallée montaient les nuages.

Au lieu de m’élever dans la belle nature
Je suis redescendue et me suis recouchée. 

AEV 2324-08 Marie-Thé - le-matin-du-lundi-30-decembre-l-eglise-du-mont-saxonnex-semblait-flotter-au-dessus-d-une-mer-de-nuages-photo-celine-martinelli

Publicité
Publicité
L'Atelier d'écriture de Villejean
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité