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L'Atelier d'écriture de Villejean

12 septembre 2017

Saltimbanque érudit / Eliane

Il vivait comme un saltimbanque, élevait ses enfants à la va-comme-je-te pousse et les nourrissait essentiellement de nouilles, seule chose qu'il savait cuisiner.

Leur mère était partie et depuis on ne lui avait connu aucune petite amie. En fait il y avait longtemps qu'il avait viré sa cuti.

Il disait volontiers : « Je pense donc je suis ….célibataire. »

Néanmoins il était cultivé. Et même s'il ne faisait rien de cette culture elle transpirait de-ci de là dans ses propos. Il citait Sartre, Camus ou Victor Hugo, racontait volontiers qu'il était allé sur la tombe de Rimbaud à Charleville-Mézières. Il avait les yeux remplis d'émotion en parlant de Michel-Ange dont il était fan.

Il disait :

« Si Michel-Ange n'avait pas été homosexuel, la Chapelle Sixtine aurait été peinte en blanc au rouleau, Et en deux jours l'affaire aurait été réglée. »

Lorsque ses enfants étaient endormis, il allait chercher l'extase dans les boites gay où, entre deux lambadas, l'affaire était conclue.

AEV 1718-01 michel-ange-la-creation-d-adam

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12 septembre 2017

Repas du soir / Eliane

Il était là, attablé, le coin de la serviette à carreaux enfoncé dans son col. Son gros ventre l'empêchait de suffisamment s'approcher de son assiette et il était obligé, en avant, de se plier en deux.

Il était concentré sur ce qu'il faisait, rien d'autre n'existait autour.

Se goinfrer, la tâche était essentielle pour lui. On ne peut pas dire qu'il mangeait, il bâfrait plutôt. La cuiller arrivait jusqu'à sa bouche et il avalait la soupe avec de grands bruits, avec de grands « Schulps ». Il nourrissait aussi sa moustache.

AEV 1718-01 Outremangeur

Sa femme prit place en face de lui avec grâce et élégance. Elle pinçait le nez, il y avait de quoi être au bord de la nausée.

Le potage terminé il se redressa, s'affaissa sur son dossier et rota bruyamment avant d'essuyer bouche et moustache d'un grand coup de serviette.

Elle n'en pouvait plus de ce spectacle, elle se leva.

- Mais quand apprendras-tu à manger correctement ?

Il la regarda goguenard.

- J'ai une réunion, dit-elle rapidement. Je te saurais gré de débarrasser et de remplir le lave-vaisselle avant mon retour.

Il se tapa sur le ventre.

- Je sais que tu as des envies de meurtre, mais si je t'aide je serais tranquille pour ce soir. On n'a jamais vu une femme tuer son mari pendant qu'il faisait la vaisselle. Pas vrai ?

Elle ne daigna pas répondre et sortit.

7 juin 2017

Consigne d'écriture 1617-29 du 6 juin 2017 - Six consignes de Pascal Perrat

AEV 1617/29 du 6 juin 2017 : Six consignes de Pascal Perrat

340 Deux oreillers s’aimaient d’amour tendre, jusqu’à ce qu’un polochon vienne troubler la paix du ménage. Leur brouille naquit sur un tissu de mensonges, vous allez comprendre pourquoi.

339 Appliquant le conseil de Flaubert, il relut son poème à voix haute et s’aperçut que son phrasé avait le hoquet, que certains mots chantaient faux. Il ajouta quelques vers d’O. C’était déjà mieux, mais pas encore ça…

338 L’invitation était sans équivoque : « Rejoignez notre bacchanale à pied et déguisés en arbres ! ». Ils s’y rendirent. Ce n’était vraiment pas une bonne idée…

337 Parvenue sur la 49e marche de sa vie, elle reprit son souffle. Du promontoire où elle était juchée,
elle pouvait contempler son passé. C’est alors qu’elle entrevit… (Notez que ce peut-être IL ou ELLE)

336 Une rivière en avait marre de vivre sous les ponts, de refléter le soleil puis la lune et quelques pêcheurs à la ligne. Elle décida de sortir de son lit. Il était temps, elle approchait les 50 berges…
Inventez la suite en développant le même anthropomorphisme

335 Son polar ne trouvait aucun éditeur. Pas assez de sang, de sexe, de sauvagerie, consultez un writing doctor, conseillaient-ils. Écrivez avec vos tripes, ordonna le doctor es lettres, puis il ajouta : écrivez votre prochain roman à l’encre rouge, exclusivement, et je vous garantis que le succès viendra. Le succès ne tarda pas, mais pas celui tant espéré…

6 juin 2017

Deux oreillers, un polochon / Eliane

Deux oreillers s'aimaient d'amour tendre.

Les jeunes époux dont ils soutenaient les rêves dormaient enlacés, les oreillers se serraient donc l'un contre l'autre.

Cela dura quelques années, puis tout se brouilla, les amants enflammés d'hier se tenaient désormais chacun à un bord du lit en se tournant le dos. Les oreillers s'éloignèrent.

Ce n'était pas encore très grave, les mouvements involontaires des dormeurs les rapprochaient souvent.

Mais ils commencèrent à se quereller, chacun accusant l'autre d'être à la source de ce malaise. Le malaise laissait toutefois place à la tendresse quand il leur arrivait fortuitement d'être rapprochés, voire de se chevaucher.

La mésentente des époux gagna encore quelques degrés et, comme il n'y avait qu'un lit dans l'appartement, ils décidèrent de délimiter la place de chacun pour dormir à l'aide d'un polochon.

Ce polochon trônait royal au milieu du lit séparant les deux oreillers à tout jamais.

La frustation les fit devenir ennemis, chacun accusant l'autre de vouloir pactiser avec le nouveau venu.

Et, tandis que le polochon s'épanouissait à l'aise, chacun des oreillers se renfrognait, le froissait, se tirebouchonnait.

Bref, chaque matin le lit ne ressemblait plus à rien.

AEV 1617-29 Eliane 960x614_20mn-1432

6 juin 2017

Oh ! La Vilaine ! / Maryvonne

 

AEV 1617-29 Vilaine

Une rivière en avait marre de vivre sous les ponts, de refléter le soleil puis la lune et quelques pêcheurs à la ligne. Elle décida de sortir de son lit. Il était temps, elle approchait des 50 berges.

Elle était née du ventre de la terre fécondée par un amont terrible. Ça coulait de source que son nom de bébé fut Ru puis elle fut baptisée très vite à l'eau sauvage de la première cascade d'un joli nom qui aurait pu être la Loire, la Seine, la Meuse, mais non, elle, ce fut : La Vilaine.

Elle aurait tellement aimé qu'on la nomme, par exemple, la Gironde : ses courbes, ses sinuosités lui auraient paru plus sexy. Vilaine elle se demande qui est le con influent qui lui a trouvé ce nom stupide.

Elle a tant de chagrin que pour le noyer elle écluse l'eau de vie. Elle est grise, elle a la vase triste, elle dit qu'elle va se jeter à la mer.

Ceux à qui elle rendait service autrefois et qui égayaient ses rives lui ont tourné le dos. Les laveuses, les bouilleurs de cru, les bouchers qui venaient se tordre les boyaux  c'était gai à l'époque.

Alors elle se dit avant le baiser à la mer avec son embouchure qu'elle sent que son chagrin va déborder.

Ses flots de larmes sautent les barrières, envahissent les champs, baignent les villages."Tant pis pour eux ! C'est un peu de leur faute aussi. Autrefois les racines des arbres, les haies me prenaient dans leurs bras, se dit-elle. Avec le « démembrement » plus de câlins, plus de chemin creux. Je fais des poutous partout en dehors de mon lit  je les cocufie , je les inonde d'un chagrin amer.

Je déversoir(e) , je m'infiltre , je catastrophe mais au moins je passe à la télé, je fais la Une de Ouest-France. 

- La Vilaine est sortie de son lit !»  disait mon père quand je me levais mal coiffée le matin. Voyez comment on me traite? Comment on parle mal de moi ?

Elle est au courant que l'on se moque d'elle.

AEV 1617-29 Vilaine2Mais non La Vilaine n'est pas moche, elle est bien chahutée avec son nom mais elle se dit pour se consoler qu'il y a pire : ce sont les candidates qui prétendent au titre de Miss Ille-et-Vilaine. Il faut oser ce titre même si elles n'ont que 18 ou 20 berges et que leur jeunesse leur sert d'écrin. Il faut avoir la ligne et la pêche pour se jeter dans le grand bain médiatique.

Mais avec l'aval de leurs parents elles peuvent gravir « l'amont-agne » et ça les fait rêver.

La Vilaine, elle, a fini de rêver, elle s'est noyée et pendue au fil de l'eau. Elle aurait aimé finir en delta , elle n'a même pas eu cette chance. Ça ne rigole pas beaucoup du côté de l'estuaire.

Alors elle s'étend alanguie sur le banc de sable attendant la fin. Mais elle arrive surprise au paradis bleu, là où la vie a le goût du sel, elle prend la vague, elle va danser, elle va voir du pays, elle se marie avec l'océan , elle prend son nom. Fini la miss Vilaine , elle est Madame Atlantique.

A elle les escales de port en port, à elle l'immensité, le tour de la Terre. Au revoir la petite Bretagne riquiqui qui lui serrait les courbes et les méandres.
Les voyages, voilà ce qui la rend jolie, La Vilaine !

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6 juin 2017

Roman à succès / Eliane

 

AEV 1617-29 presse-livres

Son polar ne trouvait aucun éditeur. « Pas assez de sang, de sexe, de sauvagerie, consultez un writing-doctor ! » conseillaient-ils. 

- Ecrivez avec vos tripes ! » ordonna le doctor es-lettres, puis il ajouta : « Ecrivez votre prochain roman à l'encre rouge exclusivement et je vous garantis que le succès viendra ». Le succès ne tarda pas, mais pas celui tant espéré.

Il commença donc son histoire à l'encre rouge mais bien sûr cette encre appelait le sang. Il inventa alors des scènes de crime plus gores les unes que les autres. Ses assassins étaient d'une imagination débordante pour infliger les pires sévices à leurs victimes.

Les scènes lui apparaissaient si nettement qu'il en faisait des cauchemars la nuit et se réveillait en hurlant dressé sur son lit et en sueur.

Sa femme, d'abord compatissante, le rassurait : « Ce n'était qu'un rêve !». Puis elle s'irrita, lui intimant de se rendormir et enfin elle fit chambre à part. S'il voulait qu'elle réintègre le lit conjugal qu'il finisse ce fichu roman au plus vite !

Il ne souffrait pas de cette désertion, le sexe étant pour l'heure le cadet de ses soucis, du moins dans la réalité car, il le savait, il lui faudrait très vite en parsemer son roman. Pour ce sujet en particulier il n'avait pas vraiment d'idées, sa vie sexuelle avec son épouse étant plutôt plan-plan.

Alors il acheta des revues spécifiquement masculines. Il regardait ces filles qui s'offraient sans émoi. Il alla voir des films pornos, il relut le Kama-Sutra, il regardait tout cela avec un œil professionnel et il inventait des situations pas possibles, sans aucune morale, des trucs sado-masos dont il n'avait même pas idée jusque-là.

Il alla même jusqu'à aller voir les putes. Il leur trouvait une imagination débordante, et il écrivait, il écrivait.

Son commissaire-héros était dépassé, tout comme il l'était lui-même et pourtant l'un des imitateurs d'un tueur en série particulièrement machiavélique commit une erreur. Le commissaire et toute son équipe s'engouffrèrent dans la brèche, ils arrêtèrent plusieurs assassins mais ne parvinrent pas jusqu'à celui qu'ils traquaient depuis des mois. Il y aurait donc une suite, il sentait qu'il tenait un bon filon.

Il envoya son manuscrit à plusieurs éditeurs. Tous, enchantés, souhaitaient le publier, alors il choisit le plus offrant.

Le livre parut mais, contrairement à tous les espoirs mis en lui, il n'intéressa qu'un petit nombre d'amateurs. Il allait devoir réviser sa copie.

Mais un fait divers remit tout en question. Un crime particulièrement abominable fut commis. Une femme fut violée, éviscérée, énuclée et retrouvée sous une couverture de pétales de roses.

Très vite le bruit courut que le criminel s'était inspiré de son récit pour accomplir son œuvre. Une foule se précipita pour acheter le bouquin et dès lors il fut célèbre, son nom était sur toutes les lèvres, dans tous les journaux. Il ne s'en réjouit pas : il était donc responsable de cet acte odieux, il avait réveillé les instincts pervers et sadiques d'un malade, qui selon toute vraisemblance, si on ne l'arrêtait pas à temps, commettrait d'autre crimes tout aussi atroces.

Il en avait la nausée, ce n'était pas de cette gloire là qu'il avait rêvé.

AEV 1617-29 scène de crime

6 juin 2017

Débordement / Jean-Paul

Une rivière en avait marre de vivre sous les ponts, de refléter le soleil puis la lune et quelques pêcheurs à la ligne. Elle décida de sortir de son lit. Il était temps, elle approchait les 50 berges !

Par bonheur pour elle, les hommes avaient inventé le réchauffement climatérotique. Tout le temps était tout le temps détraqué et un jour, deux jours, trois jours durant, il se mit à pleuvoir du pont. Du pont des Arts, pour être précis, il plut des cadenas et des rambardes.

Quand toutes ces amours ou preuves d’amour furent tombées dans l’eau pour y rejoindre les clés des cadenas et les amours de Guillaume Apollinaire, la Seine, car c’était elle, déborda de reconnaissance :

- Ah merci, merci, Pont des arts, Averse et Pluie de cadenas ! Depuis le temps que j’étais serrée dans ce lit ! Je ne pouvais même pas étendre mes bras ni sentir le sang affluer à mes joues ni même jouer à l’habile beau quai ! De quoi perdre la boule !

AEV 1617-29 zouave 8678937

Et la Seine d’envahir Paris, de se répandre en bavardages dans ce nouvel entourage, d’aller rire au nez et à la barbe du zouave du pont de l’Alma, de mettre la main, comme une sœur, dans sa culotte, de se moquer de sa chéchia.

- Fichez le camp sur le champ ! » ordonna la statue du militaire.

Ça tombait bien, le Champ de Mars n’était pas loin. Elle s’ébattit gaiement sur ce nouvel espace mais soudain elle entendit une grosse voix qui lui disait :

- C’est ça ! C’est ça ! Entrez dans mon cabinet sans rendez-vous ! Allongez-vous sur la canopée, pendant que vous y êtes !

- Oh je ne monterai jamais jusque là-haut, répondit la graine d’évaporée. Car il est dit dans le « Livre sacré des fleuves et des rivières » que l’histoire du patriarche de la Noë est une légende lutécienne non vérifiée. Mais qui êtes-vous donc, Monsieur ?

- E.I. Felturm, psychanalyste. Qu’est-ce qui vous amène ? Vous avez de la chance, je le suis aujourd’hui. Amène.

- Eh bien voyez-vous j’avais comme qui dirait une petite envie de m’épancher et j’ai trouvé une fenêtre de « j’me tire ».

- Allongez le pognon et vos fesses sur le champ et racontez-moi vos débuts dans la profession. Remontez bien à la source, surtout !

AEV 161729 4626- Eh bien voilà, Docteur Felturm, c’est assez oedipien comme comportement et somme toute naturel pour un fleuve : j’ai toujours eu envie de voir la mer ! Alors je me suis nourri de ce rêve, de l’eau qui tombait des nuages, j’ai grossi, j’ai tracé mon chemin, j’ai fait les quatre cents coups dans le calcaire, j’ai suivi ma voie, j’ai coulé des jours heureux, j’ai passé l’été en pente douce, puis j’ai décliné…

Il s’ensuivit tout un flot de paroles plaintives, une dégoulinade de souvenirs en cascade, d’épanchements de Seino-vie que le psychanalyste écouta impassible. Ou plutôt il entendit tout ce roman-fleuve comme un clapotis de potins, des bruits de vagues et de ragots de virago, une remémoration de murmures sous ramure qui l’endormirent presque. Il se demanda si la cliente ne lui montait pas un bateau-mouche tant elle versait de larmes sur son sort de voyageuse énurétique en perpétuel transit avec des aspirations au voyage vers le large à la longue étouffées sur les bords. Quand elle eut vidé suffisamment son sac il l’arrêta et lui dit :

- Rentrez chez vous, remettez-vous au lit et laissez faire les choses. Ne traitez que le courant. Vous allez la voir bientôt, la mer. Vous allez le trouver, votre havre de paix. Si vous êtes pressée, vous n’aurez qu’à regarder le film homonyme d’Aki Kaurismaki en DVD. Ou alors en streaming.

- Merci beaucoup, Docteur Felturm. Je vous dois combien ?

- Il est d’usage qu’on me paie beaucoup et en liquide mais pour vous ce sera gratuit. D’habitude on me casse les pieds avec de vieilles histoires mais vous, vous me les avez lavés avec des rêves d’avenir. J’ai juste une chose à vous demander.

- Oui ?

- Vous avez une voix de crécelle un peu énervante. Aussi, quand arriverez aux Andelys…

- Oui ?

- Bouclez-la !

P.S. Cette histoire d’inondation de Paris était totalement imaginaire mais il est tout à fait possible – vous m’en verriez alors ravi - que certaines et certains d’entre vous l’aient… crue !

AEV 1617-29boulevard-haussman-crue-de-la-seine-1910

Pour voir d'autres images de la Seine en crue, c'est ici.

6 juin 2017

Une semaine de vacances / Jean-Paul

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Deux oreillers s’aimaient d’amour tendre jusqu’à ce qu’un polochon vienne troubler la paix du ménage. Leur brouille naquit sur un tissu de mensonges, vous allez comprendre pourquoi très vite quand je vous aurai dit que cela se passe en juillet dans la maison de vacances de Roméo et Juliette.

Appelons comme ça ces deux quadragénaires. Ils travaillent tous les deux, ils sont cadres moyens, ils ont deux enfants et depuis qu’ils ont acheté cette résidence secondaire sur la Côte d’émeraude, ils viennent y passer tous les week-ends. Tout au long de la semaine, les deux oreillers brodés de leurs initiales, que nous nommerons R et J, ont la paix vu que Roméo et Juliette retournent bosser ensuite à Rennes.

Quand il n’y a pas d’humains dans la pièce les oreillers s’envoient en l’air. Le plumard, c’est le meilleur moyen qui existe pour ne jamais se plumer. Il faut voir comme ils n’arrêtent pas ! Quand Roméo et Juliette sont là, R et J vivent plus calmement. A tête reposée. Ils ne sont pas mécontents du tout de leurs propriétaires qui lisent beaucoup au lit. Par-dessus leurs épaules R et J ont ainsi des nouvelles des mondes imaginaires qui peuplent les romans.

Mais voilà : la maison a coûté cher et c’est la crise. Afin de rembourser leur emprunt Roméo et Juliette la mettent en location en juillet-août. Et on y est.

Voici donc la famille Tuyaudepoêle-Recomposé qui débarque. Il y a Monsieur Tuyaudepoêle avec ses trois garçons d’un premier lit, Madame Recomposé avec ses deux filles d’un premier canapé-lit et le petit dernier, Chevalier-Braillard Tuyaudepoêle-Recomposé qui est là pour sceller la nouvelle union.

Dans la famille Tuyaudepoêle, les enfants sont rois. Les trois frères, Georges, Jacques et William ont réclamé de dormir dans la chambre de Roméo et Juliette et l’ont obtenu, jurant qu’ils roupilleraient mieux là, bien sagement, le soir, épuisés qu’ils seraient par les jeux de plage et les bains de mer. Ils ont amené un grand traversin trouvé dans les placards et du coup on a mis R et J dans des coffres. Séparés, les coffres.

A l’intérieur du premier, R a vécu une semaine de promiscuité avec une couette en plume d’autruche. Dans le second J. a côtoyé de manière très proche un édredon et un coussin de bergère en forme de cœur.

De quoi était constitué le tissu de mensonges dont nous parlions au début ? C’est très simple : tous les soirs les garçons Tuyaudepoêle et les filles Recomposé se sont adonnés à d’homériques batailles de polochons. Ces parents modernes, avec leurs lubies de bains de minuit, de tour au casino, de restaurant en amoureux ou de promenade au clair de Lune de Chevalier Braillard dans sa poussette, c’est permissif à un point qu’on n’imagine pas !

Mais bon, la semaine est finie, ils sont retournés chez eux et Roméo et Juliette sont revenus mettre la maison en état pour la location suivante.

Mais pour R et J, ça n’est plus pareil.

Maintenant que les propriétaires sont repartis, chacun des oreillers se taie. Non, pardon, se tait.

J rêve d’un retour de la famille foldingue. Afin de retrouver ses compagnons de partouze.

R espère que le pavillon sera loué tout l’été à d’autres tribus du même type. Pour la même raison.

Il faudra que je demande à mon psychanalyste pourquoi les monte-en-l’air, inconsciemment, rêvent toujours de se faire coffrer. Il sait peut-être, lui !

6 juin 2017

Equivoque la galère ! / Jean-Paul

L’invitation était sans équivoque : « Rejoignez notre bacchanale à pied et déguisés en arbres ! ». Ils s’y rendirent. Ce n’était vraiment pas une bonne idée : déguisés en bouleaux, ils avaient l’impression d'y aller et tous les dalmatiens du quartier, attirés par le noir et blanc flambant neuf de leurs costumes, s’en venaient uriner sur leurs racines, enfin sur leurs pieds.

AEV 1617-29 Cabaret-neant-enfer

C’est d’ailleurs ce qui les sauva. La fête avait lieu dans une grotte dont l’entrée était gardée par un diablotin cornu, barbichu, vêtu d’une grande cape rouge et doté d’une impressionnante fourche à trois dents.

- Comment est l’ambiance à l’intérieur ? demanda Bouleau premier.

- Y hêtre ou ne pas y hêtre, là n’est pas la question, répondit le vigile. Elle est du feu de Dieu, si je puis dire, l’ambiance. Mais je ne laisse entrer que les grands secs.

- Mais ce n’est pas de notre faute si on a les pieds mouillés ! protesta Bouleau deuxième. Des dalmatiens nous ont épicéa dessus. Allez, M’sieu, S’iouplaît !

- N’insistez pas, il y a peu de chances que je tremble même devant des menaces ! Arrêtez de me faire du charme, je ne cèdrerai pas. De toute façon, vous pourrez remercier les dalmatiens au retour. C’est d’enfer là-dedans ! Il y a une atmosphère à couper à la hache ! Tous les beaux messieurs de Bois doré ont été très vite abattus par les briseurs de chênes qui ne se sont pas cassé le tronc pour les transformer en rondins. Mais désolé, vieilles branches, on refoule le bois humide. Surtout quand il refoule des nougats.

- Mais quand même ! On a fait tout comme il était dit sur l’invitation : sans équivoque. Vous pouvez nous fouiller : on n’a pas d’équivoque sur nous !

- J’ai bien vu ! Rentrez chez vous, je vous dis ! Ils sont d’un con, ces damnés de la terre, aujourd’hui ! Comment ils croient qu’on l’alimente, la boule de feu qui est à l’intérieur de la planète ? Ils coupent à tous les tissus de mensonges, les coups de pub et à trèfle, ces idiots !

Alors, plus pleureurs que des saules, plus dépités que des Gaulois en Halésia, un peu pliés, beaucoup voûtés, déçus d’avoir échoué cyprès du but, Bouleau 1 et Bouleau 2 reprirent sans équivoque le chemin du retour.

Ils firent même ce que leur avait conseillé le virgilier : ils dirent merci aux dalmatiens. Lesquels se marrèrent franchement, sans aucune équivoque.

1 juin 2017

Consigne d'écriture 1617-28 du 30 mai 2017 : Sentiments et couleurs primaires

Sentiments et couleurs primaires

 

L'animateur distribue une liste de sentiments et une autre d'adjectifs de couleurs. Il est demandé de piocher dans les deux listes pour écrire son histoire.

Adjectifs de couleur s'accordant en nombre et en genre
alezan - aubère - bai - baillet - basané - beige - bis - blafard - blanc - blême - bleu - blond - brun - céruléen - cramoisi - écarlate - écru - fauve - glauque - gris - grenat - incane - incarnat - incolore - infrarouge ou infra-rouge - jaune - livide - louvet - mauve - mordoré - moreau - noir - opalin - pers - pinchard - pourpre - rose - rouan - rouge - roux - tourdille - ultraviolet ou ultra-violet - vairon * - vermeil - vert - violet - zain - zinzolin –

Adjectifs de couleur Invariables
abricot - absinthe - acajou - aigue-marine - albâtre - amadou - amande - amarante - ambre - améthyste - andrinople - anthracite - ardoise - argent - argile - aubergine - auburn - aurore - avocat - azur - basane - banane - bistre - bitume - bourgogne - brique - bronze - bulle - cacao - cachou - café - café au lait - canari - cannelle - capucine - caramel - carmélite - carmin - carotte - céladon - cerise - chair - chamois - champagne - châtaigne - chaudron - chocolat - citron - cognac - coquelicot - corail - corbeau - crème - crevette - cuivre - cyclamen - ébène - émeraude - étain - feuille morte - filasse - fraise - framboise - fuchsia - garance - grenat - groseille - havane - indigo - isabelle - ivoire - jade - jonquille - kaki - lavande - lilas - magenta - maïs - marine - marengo - marron - mastic - melon - miel - moutarde - muscade - nacarat - nacre - noisette - noyer - ocre - olive - or - orange - paille - parme - pastel - pastèque - pêche - perle - pervenche - pie - pistache - pivoine - ponceau - porto - prune - puce - réséda - rouille - rubis - sable - safran - saphir - saumon - sépia - serin - soufre - tabac - tango - taupe - thé - tilleul - tomate - topaze - turquoise - vermillon – violette

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