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L'Atelier d'écriture de Villejean
29 novembre 2022

Le Samedi ou la Surprise des Barbares. 1 / Jeanne

L’avancée du déjeuner offrait au samedi une tournure particulière et ce pour toute la famille.Une tournure plus sympathique, plus indulgente. Le temps libre habituel était remplacé par un repas précoce et copieux. Ce petit décalage horaire faisait plus de bruit que le passage à l'heure d'hiver ; un petit samedi asymétrique qui fait plus parler que la femme du maire avec le facteur. C’est comme ça dans les sociétés fermées où il ne se passe pas grand-chose au sein des vies tranquilles des habitants.

Cela rendait notre samedi gai et l’humour, la taquinerie se levaient de bonne heure avec nous. Ça en devenait une sorte de rituel, l'événement du jour qu’on prenait peut-être trop au sérieux mais, écoutez, le bonheur n'a pas de secret ! « Il n'y a pas de temps à perdre n'oublions pas que c’est samedi ! » était la phrase à tendance rigolote que chacun s'amusait à répéter, faisant semblant de ne l'avoir encore jamais entendue.

repas familial 01

Ma tante, très sérieuse, osait demander un repas plus lourd, comme un beau morceau de veau puisque, évidemment, la journée serait plus longue. Certains distraits oubliaient ce décalage en pensant ne pas manger avant l'heure et demie et nous étions enchantés de leur rappeler... qu'on était samedi ! On riait longtemps et cela faisait le tour de la maison.

Le ciel semblait lui aussi au courant car après le déjeuner le soleil flânait une heure de plus là-haut. Cela en troublait certains qui pensaient être en retard pour la promenade. Et s’étonnaient de voir l’heure. Bien sûr le ou les étourdis «étaient rappelés à l’ordre par toute la famille ! Parfois des accidents arrivaient durant cette journée pourtant bien organisée : certains barbares se pointaient chez nous à 11 heures pour discuter avec mon père et nous trouvaient à table. Cela égayait Françoise mais ce qui l’égayait plus encore c'était la réponse ludique de papa : « Mais voyons, c’est samedi ! »

Quand elle en faisait le récit, elle pleurait et inventait la suite du dialogue, celma faisait rire toute la tablée.

Souvent on en faisait trop et on insinuait tous que la dernière fois qu’elle avait raconté cette histoire cela paraissait plus long. Ainsi l'histoire se répétait et se transformait indéfiniment.

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