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L'Atelier d'écriture de Villejean
4 octobre 2022

Auguste / Brigitte

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2223-04 Facteur amoureux 3

Quel personnage, cet Auguste ! Chacun dans le quartier appréciait sa simplicité, sa bonne humeur communicative. Chaque matin il passait dans la rue entre 9 h et-11 h, souhaitait la bienvenue à un nouvel arrivant, ne manquait jamais de donner un conseil au jardinier amateur qui taillait sa haie. A peine arrivait-il au bout de la rue, comme par magie les portes s'ouvraient pour accueillir ce passionné du courrier.

Jamais il n’aurait imaginé déposer simplement une enveloppe dans une boîte. Non, ce qu'il aimait, lui, c'était le contact direct avec les destinataires. Il flairait délicatement chaque enveloppe avec une écriture manuscrite, respirait le délicat parfum de rose et imaginait aussitôt la jeune fille délicate qui s'était laissée séduire le temps d'un week-end et espérait profiter quelques temps encore de ce nouvel ami généreux. L’ami en question, il le connaissait bien : un banquier discret, bel homme, un peu réservé, qui jusque-là vivait seul dans une belle demeure héritée de ses parents. Un peu intéressée, la jeune fille à la rose !

Auguste adorait se créer des histoires. Il inventait des vies extraordinaires aux habitants du quartier. Il lui arrivait d'écrire lui-même des courriers juste pour rendre les gens heureux : une carte de la baie de Somme de la part de sa fille à la vieille dame du 24 qui ne reçoit jamais plus de nouvelles, une lettre de son papa parti six mois en mission pour le petit Pierre. Il était même capable de se concocter une jolie lettre d'amour juste pour la liberté d'écrire

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Auguste aujourd'hui ne veut penser à rien. Il est triste en respirant le parfum de celle qui l’a quitté. Il se rappelle du jour de leur rencontre. C’était à Arles.
La foule occupe toute la place devant les arènes, une fanfare assourdissante lui hurle dans les oreilles. Au milieu de ce brouhaha, elle est là, comme posée sur un mirador ; leurs regards se croisent et tout s'arrête. Il n'y a plus de mots, juste la passion qui, telle un cannibale, les dévore au pied du monument aux sacrifices habituels. Leur aventure durera quelques mois.

Le cœur de la belle s'est emballé pour un autre et lui reste là au milieu du trottoir, l'esprit encombré par les vestiges d'un amour envolé.

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Commentaires
T
Le comble serait qu'il fût né au mois d'août !
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