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L'Atelier d'écriture de Villejean
27 septembre 2022

Numéro 3 rue des Artistes / Josiane

Dixit O 02C’était un jour comme les autres, le soleil avait remplacé la pluie qui n’avait pas cessé de tomber pendant la nuit. A bien observer le jardin, la pelouse avait reverdi après un été particulièrement sec. Les oiseaux pépiaient à bec déployé.

Je m’étais levé tôt ce matin là, contrairement à mon habitude. La cuisine sentait le café fraîchement passé et l’odeur du pain grillé flottait encore dans la maisonnée. Le bruit de la pluie sur les carreaux avait fait place au silence ponctué seulement par le vol d’un insecte attiré par la confiture du petit déjeuner.

Dixit O 15

J’avais mal dormi, mon sommeil avait été ponctué de cauchemars qui me revenaient par bribes : un fantôme gigantesque foulant le désert, à la main marteau et coins brandis au bout de quatre bras vengeurs, un loup marionnettiste manipulant un agneau ceint d’une ceinture d’explosifs... J’avais trop écouté les informations et l’actualité me poursuivait jusque dans mes rêves.

Dixit O 14Que n’aurais-je donné pour que mes nuits me transportent en un lieu où des roses multicolores s’épanouiraient sur une tige gracile sans épines, où les horloges seraient à jamais arrêtées, où les clefs ouvriraient sur des châteaux où tout ne serait que fêtes et contes de fées !

Dixit O 04Pour l’instant il n’était plus question de rêver, la journée qui m’attendait n’était pas des plus réjouissantes. La galerie allait bientôt ouvrir et ma journée commencer. Les dernières oeuvres exposées étaient certes fort colorées, plutôt gaies, à l’opposé de leur auteur qui devait ce jour nous honorer de sa présence : un grand échalas échevelé, imbu de sa personne, ne cessant de parler de lui et de son œuvre, comme s’il eût été le seul, l’unique peintre de sa génération. Avec cela il était triste comme le glas, ennuyeux à mourir, à croire qu’il n’était pas l’auteur de ses tableaux. Il arborait généralement un costume noir qui le faisait ressembler à une ombre.

Je ne me précipitais donc pas pour gagner le numéro trois de la rue des Artistes. Je n’étais guère pressée de retrouver cet individu qui n’honorait pas ses pairs.

Alors que je marchais vers cette journée prétendument désastreuse, un attroupement attira mon attention. Retarder le plus possible l’ouverture du numéro trois fut sans doute l’activateur de ma curiosité. Je fendis maladroitement la foule compressée et ce que je vis me laissa interdite. Il gisait sur la chaussée, la tête baignant dans une flaque noirâtre, les yeux grands ouverts sur le ciel bleu.

Au premier regard je l’avais reconnu.

Je fendis à nouveau la foule et me dirigeai vers la galerie. Mes pensées avaient-elles un lien quelconque avec ce qui venait de se produire? Certainement non, mais ma journée fut encore plus désastreuse que je ne l’avais prévu.

Les tableaux me chuchotaient des reproches, les couleurs agressaient mes pupilles . La journée s’étira sans fin comme un long voile de deuil.

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