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L'Atelier d'écriture de Villejean
14 décembre 2021

L’été sur toutes les lèvres / Jeanne

John Salminen12

Je continue ma promenade dans Paris que les grandes vacances n’ont pas encore changé en ville fantôme. A certaines périodes de l’année, et surtout en août comme aujourd’hui, les villes sont toutes changeantes. Du tout au tout elles ne deviennent plus que carcasses et bafouilles ou alors elles deviennent impénétrables.

Il n’est parfois plus possible de rentrer chez soi à l’heure dans sa propre ville. Touristes, fonctionnaires, touristes, touristes et encore touristes. Il m’arrive de ressentir un peu de rage, de petits soupçons seulement, mais cela me laisse de marbre devant mon volant. A ce moment-là, je désespère et je soupire devant une telle intensité dévastatrice qui s’appelle « la ville ».

Alors, sous la pluie tombant à flot, je regarde cette lignée de phares à la file derrière moi. Je coupe la radio et j’écoute… La pluie qui tapote violemment ma voiture, les essuie-glaces grincheux et les voitures qui passent à toute vitesse sur les voies alentour. J'aperçois deux personnes dans une voiture à ma droite, très charmantes d’apparences comme ça. Elles rigolaient ensemble, les yeux dans les yeux. Ce n’était pas simplement des rires vous voyez, c’était plus fin que ça et plus complexe en même temps. C’était poivré de complicité, d’affection, d’attente. Ce n’était qu’une vision de quelques secondes ou une minute peut-être mais ça se sentait que ces deux là n’avaient pas hâte d’arriver. Peut-être étaient-elles au cours d’un long voyage ou peut-être rentraient-elles du restaurant ? Je n’en savais rien, mais moi… j’avais hâte de rentrer. C’était ma plus grande hâte !

John Salminen8Ces personnes étaient heureuses à cet instant là, dans leur Clio, elles ne voulaient pas arriver. Pour eux, que l’été soit pluvieux, ils s’en foutaient puisqu’ils étaient amoureux. La ville me propose parfois des visions de bonheur et d’autres fois d’horreur. Celle-ci à vrai dire, je ne sais pas à quelle catégorie elle appartient. Elle me présente le bonheur complice de deux êtres mais elle me ramène surtout à une réalité à laquelle je n'ai pas su me faire : le fait que je suis seule. Personne ne m’attend à la maison, moi.

Alors là je me suis dit une chose qui est retournée aussi vite se loger là d’où elle venait : il faut fuir, s’arracher à la ville, à la torpeur moite qui s’y installe ; mais aucun train, aucun avion ne mène au pays que je voudrais rejoindre...

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