Adrienne s'amuse / Adrienne
« Il faut être absolument moderne! » s’écria-t-il. Et joignant le geste à la parole, il prit la plume et écrivit :
Depui ui jour, j’avé déchiré mè botine
O cayou dè chemin. J’antré a Charlerwa
– O Cabarè Vèr: je demandé dè tartine
Du beur é du janbon ki fu a mwatyé frwa.
« Pas mal ! Pas mal du tout ! Et absolument moderne ! » fit-il, content de lui. Donc il continua :
Byieneureu, j’alongé lè janb sou la table
Verte : je contanplé lè sujè trè nayif
De la tapiseri. – Et se fu adorable,
Kan la fiy o téton énorm, o zyeu vif,
Il hésita un peu sur le ‘byieneureu’ mais se dit que de toute façon, la poésie était pour les ‘happy few‘, alors il poursuivit en tirant la langue – il n’avait que seize ans, après tout :
– Cèl-là, se nè pa un bézé ki l’épeur –
Ryeuze, m’aporta dè tartine de beur,
Du janbon tièd, dan zun pla coloryé,
Il commençait à bien maîtriser son orthographe moderne et c’est d’une plume jubilatoire qu’il traça le dernier tercet :
Du janbon roz é blan parfumé d’une gous
D’ay, – é m’anpli la chop imans, avèk sa mous
Ke dorè un rèyon de soley aryéré.
Le poème de Jean Nicolas Arthur est à lire ici.
Photo prise à Ostende (ya kèk zané). La tête de ce personnage de BD a quelque chose d’Arthurien, non ?