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L'Atelier d'écriture de Villejean
24 novembre 2020

Consigne d'écriture 2021-09 du 24 novembre 2020 : Dominique Appia

Tableaux de Dominique Appia

 

Saurez-vous vous laisser inspirer par une ou plusieurs des 23 toiles de Dominique Appia, peintre surréaliste suisse (1926-2017), que nous avons rassemblées ci-dessous ?

On peut les voir en un peu plus grand grâce à « Bruitsdeplume » à cette adresse :

https://www.flickr.com/photos/manche-pixels/albums/72157714918636663

Si les images ne vous suffisent pas, vous pouvez insérer dans votre texte des titres de ses œuvres ou des mots constitués avec les lettres de son patronyme complet. Ceci est facultatif.

Si cela pouvait être une lettre envoyée par X à Y, ce serait pas mal non plus. Facultatif aussi.

Titres d’œuvres :

13 bis rue des Canettes - Architecture de la Renaissance - Au jardin botanique - Au pied du mur - autoportrait - Berthe vue à vol d'oiseau - Crystal Palace - Désidérata - En Provence - Entre la lumière et l'ombre - Entre le secret et le danger - Entre les trous de la mémoire - Extrême jonction - La carte postale - La leçon de perspective qui est au bout du fil - La Place du cirque - La visite - Le génie de la liberté - Le grand voyage - Le palais - Le silence - Le songe retrouvé - Le temps des gares - Les pages du dictionnaire - Maturité - On a la chance que l'on mérite - Où va le temps qui passe ? - Oui, montagneuse est ma passion - Un papillon sur l’épaule - Vive l’esprit !

Anagrammes de Dominique Appia :

appuie-main - dopamine - maniaque - amadoué - diminue - domaine - épanoui - impunie - indique - minaude - modique - moineau - Monique - oppidum - panique - poupine - amadou - amande - amidon - appeau - appuie - aumône - Damien - demain - démuni - dénoua - domine - douane - épandu - idiome - idoine - impuni - inique - inouïe - madone - manipe - manque - médian - monade - naïade - niaque - nomade - opaque - padoue - panade - papoue - penaud - péquin - pineau - pipeau - podium - pondue - poupin - quidam - quinoa.


Consigne_AEV_2021_09_Livret_Dominique_Appia

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24 novembre 2020

Le Grand voyage / Maïck conteuse

AEV 2021-09 Maïck pluie 01

Depuis des semaines, la pluie n’avait pas cessé. Gouanag regardait, jour après jour, les trombes d’eau crépiter sur la rivière.

Mais ce matin, en se réveillant, une ambiance insolite l’interpelle. Quelque chose a changé. Oui… Le silence ! La pluie a cessé ! Et puis ce mouvement imperceptible….

Gouanag se précipite sur le pont. Il n’y croit pas ! Le bateau, cette vieille épave, part doucement au fil de l’eau ! C’est impossible, que s’est-il passé ?

On ne va pas refaire le coup du déluge quand même ! Et de l’Arche de Noé ?

Appia 08 BIl regarde autour de lui, plus de rives, plus de maisons le long de la rivière…Tout a disparu ! Il rêve, se pince, non, tout est bien réel… Mais comment le bateau va-t-il tenir ? Il n’est plus capable de naviguer depuis longtemps, il le sait bien. Il l’a étudié sous toutes les coutures depuis qu’il a élu domicile dans ses flancs. C’était … quand ? il y a bien longtemps… Il ne sait plus ce qui l’a amené là, enfin si…

***

Il y a longtemps que Gouanag s’est retiré du monde, il ne compte plus les jours depuis que ses pas l’ont happé pour le mener nulle part.

Il avait marché au hasard, ruminant ses échecs, ses espoirs déçus, ce monde qui l’avait mené au bord du vide.

Pendant des jours, mécaniquement, il avait parcouru les chemins. Evitant les rencontres et les questions dans le regard des autres. Jusqu’à ce petit matin où le soleil s’était levé sur ce fond d’estuaire. Une carcasse de bateau échoué, déjà envahie par les roseaux, se détachait sur l’aube naissante. Là, pour la première fois, dans son errance, il s’était senti bien, pénétré d’une douce paix intérieure.

Il avait observé cette épave pendant de longues minutes, regardé les oiseaux tourner dans le ciel, écouté le silence puis s’était décidé à s’approcher.

Plus il avançait, plus les détails se dessinaient et plus son cœur accélérait son rythme. Une sorte d’affolement exaltant l’avait submergé, il s’était mis à chercher fébrilement comment monter sur cette sorte d’îlot.

Il avait dérangé mille animaux fantômes. Une fois à l’intérieur, il s’était assis sur une vieille banquette et avait écouté mille petits bruits, scruté les zones d’ombres.

L’intérieur était délabré mais pas pourri, avec un peu de nettoyage, il pourrait y aménager un abri temporaire.

Après quelques jours d’exploration, de questionnement, de recherche de ce qu’il pouvait récupérer pour bricoler un intérieur décent, Gouanag s’était senti bien et sans s’en apercevoir, avait finalement décidé de rester là. Loin du monde, derrière le rideau de roseaux, il était bien, apaisé. Il avait l’impression que le bateau lui parlait dans ses rêves.

AEV_2021_09_Ma_k_Goanag

Un jour, il avait découvert, en grattant, une plaque avec le nom du bateau : Gouanag !

Comme lui… Espoir, quel beau nom pour un bateau, que d’aventures en son ventre !
Espoir, lui, avait toujours trouvé son prénom ridicule. Quelle idée avaient eu ses parents ! Heureusement, personne ne connaissait la signification de ce prénom Breton et il se gardait bien de répondre aux questions !

Au fil des jours, il s’était installé dans cet îlot miraculeux.

Dénichant quelques vieux outils, il avait réparé, cloué, vissé… finalement c’était devenu plutôt cosy !

Il avait fini par être admis par ses co-locataires. Ragondins, lapins, oiseaux, tous semblaient s’y faire et finalement la cohabitation se passait harmonieusement.

Il pouvait leur parler. Ils étaient devenus ses animaux de compagnie, leur racontant ses rêves, ses cauchemars, sa vie quoi !

Ces petits animaux étaient plutôt intelligents et ils se comprenaient à merveille.

Parfois, au début, il sortait et parcourait les kilomètres qui le séparaient du premier village, faisant quelques courses. Les villageois le dévisageaient, se demandant bien où il créchait. Il éludait toutes les questions et repartait avec ce que Pôle emploi lui permettait charitablement. Il savait que ça ne durerait pas longtemps ! Il avait fini par acheter une poule et un coq dans une ferme sur le chemin, puis une chevrette.

Il l’avait achetée sans savoir qu’elle était pleine, il s’en était rendu compte quelques semaines plus tard. Bah, le rafiot était bien assez grand pour accueillir tout ce petit monde !

Si bien que quand la source Pôle emploi s’était tarie, il était prêt ! La vie avait coulé comme ça, doucement, au gré des saisons. Il y avait toujours quelque chose à faire sur le bateau, il ne s’ennuyait pas.

Et puis la chaleur s’était intensifiée. Pour se protéger, il avait planté et cultivé sur le bateau même, charriant la terre du pré derrière les roseaux. Il avait aménagé un petit potager, avec carottes, navets, poireaux, tomates. Un coin d’herbes aromatiques et même un noisetier, des framboisiers, cassissiers, fraisiers. Un saule avait aussi poussé sans demander son avis, il l’avait laissé. Il se servait de ses souvenirs de l’université et de sa vie professionnelle, finalement ça lui servait quand même !

Son bateau était devenu presque invisible, comme une île flottante.

Combien de temps s’était-il passé depuis son arrivée et le début des orages et des pluies torrentielles ? Dix ans, douze ans ? Il n’arrivait plus à tenir le compte.

AEV 2021-09 Maïck arche 01

Quand il avait largué les amarres, un virus s’était insinué dans tous les interstices de la vie et n’en finissait pas de décimer ses collègues et congénères. Il l’avait chopé, s’en était sorti mais dans quel état ! C’est là qu’il avait commencé à dériver.

***

Bon, pas la peine d’y revenir. Là, maintenant que faire, à part se laisser guider par son bateau ? Où cela va-t-il l’emmener ? Sa bonne fée Gouanag va-t-elle veiller sur lui ?

Oui, confiance, elle va le pousser vers une autre terre. Oui, il en est sûr ! Il ne pleut plus, le soleil brille ! Et vogue la galère, sur son petit paradis personnel !

Allez Noé ! Bon il n’y a pas de Emzara, mais qui sait, avec un peu de chance… sur un autre caillou, quelque part dans l’univers…

24 novembre 2020

A comme Appia / Adrienne

Un secreto bien guardado, postal creada por dom - Vendu en vente directe - 21997665

               Ma très chère Berthe

Depuis que nous avons emménagé au 13bis rue des Canettes, je n’ai pas encore eu une minute à moi !

Mais tu le sais, j’attends la visite de ma chère sœur et comme tu le dis si bien : « Où va le temps qui passe? » Bref, j’espère que tu trouveras bientôt l’occasion de faire le grand voyage jusqu’en Provence pour venir admirer notre architecture de la Renaissance.

La carte postale jointe à ma lettre a été achetée au jardin Botanique à côté du palais : tu vois ce jeu entre la lumière et l’ombre? Avoue que tu veux voir tout ça de tes propres yeux !

Viens vite ! Tu verras, le silence ici est d’une qualité rare et je te montrerai l’autoportrait auquel je travaille. Je l’appellerai "Un papillon sur l’épaule’" je suppose que tu comprends l’allusion.

Si tu as des desiderata pour ton séjour ici, n’hésite pas à me le faire savoir.

C’est à ce moment-là qu’elle entend du bruit au salon, alors elle pose la plume et crie à sa fille :

– Clémentine ! Tu es encore en train de jouer au ballon avec ton dinosaure ? Tu sais bien qu’avec ses coups de queue il arrache le papier peint et abîme le plafond ! Combien de fois faudra-t-il encore te le répéter ?!

24 novembre 2020

Quête de silence / Eliane

Appia 20 La leçon de perspective qui est au bout du fil

La jolie Monique n'en pouvait plus de ces hordes d'oiseaux pépiant, jacassant, chantant sur les fils électriques juste devant sa fenêtre. Révolutionnaires de pacotille, acteurs ratés de la Comédia dell’ Arte, ouvriers du bâtiment miniatures. Ce petit monde très actif et très bruyant se relayait jours et nuits, en cadence, sans aucune trêve.

Elle voulait juste dormir. Elle voulait intensément dormir. Elle voulait partir, rêvait d'évasion. Elle voulait voguer sereine sur une mer tranquille, doucement bercée par les vagues.

Elle s'embarqua sans quitter son lit. Le chien Damien, laissé lâchement sur le quai, prit son air triste et tout penaud. Il savait si bien attendrir sa maîtresse.

Monique n'eût pas le cœur de le laisser. Pour la remercier Damien s'engagea à chanter autant de berceuses et chansons douces qu'il lui en faudrait pour l'endormir.

Appia 05B Entre le secret et le dangerIl embarqua donc à ses côtés à bord du kiosque à musique avec l'antique gramophone « La Voix de son Maître ».

Monique, peu prévoyante, n'avait pas envisagé que la météo pourrait se détériorer. Le vent se leva, souffla fort. La mer devint houleuse, secouant son lit en tous sens. Le tonnerre gronda. Des éclairs zébrèrent le ciel, illuminant brièvement un horizon devenu noir, d'une lumière aveuglante pour les yeux.

Monique, saisie d'angoisse, s'agrippait de toutes ses forces sur les bords de son frêle esquif. Damien le chien s'était réfugié sous le gramophone, aplati sur le sol. Il hurlait à la mort sans parvenir à surmonter le gémissement houleux du vent.

Et, bien sûr, comment dormir dans ces conditions ?

Appia 04Monique priait très fort, elle ne savait qui, mais elle priait pour qu'elle et son petit chien soient secourus par un paquebot ou n'importe quelle autre embarcation solide.

Elle réva alors qu'elle montait dans un joli bateau et que celui-ci se trouvait emprisonné dans une bouteille. Les sons y étaient totalement assourdis et par miracle la mer s'était calmée.

Elle rêva qu'elle s'allongeait voluptueusement sur la couchette d'une cabine confortable et, qu'enfin, elle pouvait se laisser aller dans les bras de Morphée.

 

24 novembre 2020

Le Déluge / Anne J.

Extrait de "Le Deuxième déluge" par Noé, le premier confiné :

« Tu vois, lors du premier déluge, j'ai sauvé des animaux dans mon arche mais quand le gouvernement et les scientifiques ont annoncé le deuxième déluge, j'ai réfléchi un peu.

La première fois, quand la pluie s'est mise à tomber, je n'y ai pas cru. Non, ça allait tomber ailleurs, là où ça avait commencé, là-bas en Chine. De toute façon,  on était les plus forts, ça ne nous atteindrait pas !

Quand l'eau a commencé à tremper nos chaussures, c'est la peur qui est arrivée, la peur de mourir ou de voir mourir les siens et la peur de ne pas pouvoir y échapper. On s'est alors dépêchés de faire des réserves, de sucre, de farine, de nouilles et on a surtout pensé à sauver notre peau et tant pis pour les autres. 

J'ai vite terminé les travaux de l’arche avec les moyens du bord et, au moment venu, j’ai pensé à ma famille et j'ai fait monter tout le monde. Mais les animaux ont commencé à se mettre en file et à frapper aux vitres de l’arche. Forçant les portes malgré les vigiles, ils sont entrés. C'est vite devenu trop petit, vous imaginez bien. 

Confinés et serrés comme des sardines, tous les occupants ont vécu 40 jours dans le bruit, les cris, les odeurs, la promiscuité, le bazar et la surpopulation. Jusqu’à ce jour où le gouvernement a sifflé la fin du déluge et où la colombe a fait revenir l'espoir.

On s'est tous précipités dehors, on s'est embrassé, on a fait la fête, encore et encore, tout l'été.

Appia 08 BEt là, voilà qu'on nous annonce un re-déluge, à nouveau tous confinés dans l'arche avec interdiction de mettre le nez dehors sauf justificatif de déplacement dérogatoire ! 

On a refait des réserves, on s'est remis à la peinture, au tricot, à l’écriture, aux mots croisés mais cette fois, les animaux allaient rester dehors. Entre temps, nous étions tous devenus végétariens et même végans pour protéger la planète. Avec les arbres, les plantes, les fleurs, pas de bruit, pas de cris, que des bonnes odeurs d'humus et de fleurs.

On avait bien compris la leçon : pour bien vivre ce deuxième déluge, il faut s'adapter ! ».

***

Question : Comment vivra-t-on le troisième déluge ?  

Appia 05B Entre le secret et le danger

Moi, quand les politiques ont annoncé le retour du déluge et prédit que la vague serait encore plus grosse, j’ai refusé de rentrer dans l’arche, j’y avais goûté la première fois, pas question d’y retourner : trop de vacarme jour et nuit, aucun espace d’intimité, pas moyen de dormir en paix, même avec des boules Quies, ni de respirer l’air pur dans cet espace clos et trop petit. 


Alors je me suis couchée dans mon lit-bateau et j’ai attendu qu’arrive le déluge. Le chat m’a rejointe dès que l’eau a effleuré ses pattes et s’est installé sur la couette et vogue la galère ! 

J’ai mis « La mer » de Debussy sur  mon vieux gramophone hérité de ma grand-mère et j’ai attaché le vieux kiosque du jardin à ma nouvelle embarcation. Le chien qui est fan de musique s’est établi gardien du lieu et nous avons commencé à dériver sur les flots.

Le vent a soufflé, la mer a grossi, l’orage a grondé, les éclairs et le tonnerre ont couvert la musique mais quel bonheur d’être là à emplir mes poumons de l’air marin !

J’ai salué de la main les passagers de l’arche et l’ai regardée s’éloigner.

« C’est pas la mer  qui prend la femme,  c’est la femme qui prend la mer, Ta Ta Tin ! ». 

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24 novembre 2020

La Tour de Ba(by)bel / Raymonde

Appia 11B Le temps des gares

- Dis, Tata Roberte, c'est la tour de Babybel ?

- Oui, mon canard ! (Toujours cette fichue manie de m'affubler de surnoms ridicules !).

- Les vaches sont amenées en train dans la tour, on les trait et avec le lait on fait les Babybel. Et le train rouge, c'est le train de livraison des petits fromages pour les enfants sages !

Elle me prend vraiment pour un abruti, Tata Roberte,ou bien elle n' a aucune culture ? Je sais bien que ce n'est pas la tour de Babybel ! C' est la tour de Babel, on l' a appelée comme ça parce que le monsieur qui l' a construite, il ne la trouvait pas très réussie alors il a dit :

- Elle est bas belle ! (Ce jour-là il était très enrhumé).

Mais il a dit aussi que c'était un pas laid.

Faudrait savoir !

24 novembre 2020

La Voix de son maître / Raymonde

Appia 05B Entre le secret et le danger

Eh ! La belle au bois dormant !

Hier soir tu as abusé du Campari
Et te voilà au milieu de l'océan,
Sur ton lit avachie !

Réveille-toi ! Bouge-toi!
Ne vois-tu pas que l'apocalypse est proche ?
Le temps est on ne peut plus moche
Et c'est très inquiétant :
Avis de mauvais temps !

Allô ! Allô quoi !
Je m'égosille dans mon gramophone
À m'en rendre aphone
Et rien n'y fait, peine perdue,
Tu ne réponds plus !

- Maîtresse, maîtresse ! Monique elle a avalé une bille, Jean a fait pipi dans sa culotte et ça a sonné pour la récré, on peut sortir maintenant que tu es réveillée ? On s'est bien amusés pendant que tu dormais mais le directeur, il a dit qu'il allait te virer !

24 novembre 2020

J'arbre comme cadavre (le grand voyage) / Jean-Paul

Appia 08 B

On leur avait prédit le pire, il n’y ont pas cru épicéarrivé. Entre ceux qui croyaient au réchauffement climatique et ceux qui n’y croyaient pas, ça a bien châtaignier. Que l’homme finisse par disparaître de la surface de la terre, laurier vous imaginé, vous ? Thuya pensé, toi ?

Avec la fonte des glaces, ils ont tous péri noyer, les joyeux schizofrênes. Hêtre ou ne pas hêtre, ils ne se poseront plus la question.

Nous, nous avions pris la poudre d’escampette. Mais il va être temps qu’on trouve une terre émergée. Ca fait quinze jours qu’il n’a pas plu et il fait soif pour tout le monde.

Notre commandant de bord, le grand Tamarinier nous a dit qu’il ne nous restait plus câprier. Ce serait dommage d’échouer cyprès du but. Restez seringats !

A l’aulne du bouleau qu’on a abattu pour fournir de l’oxygène à la planète il serait injuste que… Mais que crie la vigie dans sa canopée ?

- Terre ! Terre ! Un abri côtier plein de charme !

Sauvés ! Il eût été dommage que nos efforts n’eussent papayer ! La chêne de l’évolution va pouvoir continuer sur d’autres bases plus saines !


P.S. "J'arbre comme cadavre" est le titre d'un recueil de poèmes surréalistes de Léo Malet

24 novembre 2020

La carte postale /Jean-Paul

Mon cher Paul

Appia 10B La carte postale

Le Vésuve et l’Etna fument dans la cheminée car c’est l’heure de la pause des travailleurs précaires. La fumée de leurs cigarettes embaume de tabac blond l’atmosphère bourgeoise de la chambre qu’on m’a attribuée.

J’ai une vue imprenable, dans cette même cheminée, sur la baie de Naples et, en intermittence, sur le spectacle des orgies de Pompéi où nul jusqu’à présent n’a été enseveli. Mais bon ce n’est rien que du cinéma, une reconstitution de constitutions qui s’emboîtent les unes dans les autres.

Le programme de TV-Confinement et finalement très intéressant et c’est une très bonne idée d’avoir installé l’écran plasma dans la cheminée des chambres de l’hôtel. L’effet 3D avec odeur est très réussi. Surtout pour les orgies. Le parfum de ces dames nous prouve qu’on n’a pas attrapé LA maladie, qu’on est juste en détention préventive à durée indéterminée.

Je ne sais toujours pas quand je pourrai sortir de cette carte postale. Il paraît que le monde entier a été mis en quarantaine et que les voyages et sorties sont interdits partout à toutes et à tous.

Même la poste n’a plus le droit de faire circuler les courriers depuis que le virus a rendu le monde timbré.

Si tu trouves ce mot un jour, souviens-toi que je t’aimais bien.

Arthur

24 novembre 2020

A surréaliste, surréaliste et demi ! / Maryvonne

Appia 04

Comme le paquebot dans sa bouteille de verre, comme Blanche-Neige dans son cercueil transparent, nous sommes tout à fait coupés du monde.

Nous attendons tous la liberté. Moi, ce n'est pas pareil, je sais qu'un jour mon prince viendra me délivrer de ce confinement. On a la chance que l'on mérite et j'ai été sage et obéissante. Il faut aussi savoir lire entre les lignes d'un discours. Je suis l'élue.

J'ai reçu un signe très fort : Prince Emmanuel de sa voix a annoncé l'ouverture des restaurants le 20 janvier, juste le jour de mon anniversaire. Si ce n'est pas un signe fort, ça ! Combien ? Ça ne se demande pas à une princesse mais il est vrai que je cumule quelques piges, quelques berges ou plus joliment dit quelques printemps, ce qui est un exploit en plein hiver.

Je suis comme la dame de Francis Cabrel du chiffre de Haute-Savoie. Si je vous donne cet indice d'immatriculation de voiture c'est que je suis pour l'auto-dérision à fond les pédales.

Quand même, je suis née après la guerre, je n'ai donc pas connu le couvre-feu ni l'autorisation de circuler, c'est une grande première et en cadeau je vais bientôt connaître la libération. Nous danserons dans les rues des rondes endiablées comme sur les documents d'époque en noir et blanc.

Nous nous remettrons en marche derrière mon prince qui m'aura enlevée sur son cheval de bataille, le libéralisme économique.

Avec le masque, il n'a pas pu me réveiller d'un baiser même si ça lui brûlait les lèvres. Par contre il m'a promis le retour des grands jours. Je sais, les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent.

Quand il a voulu revenir me chercher avec son carrosse doré on lui a interdit à cause des postillons qui se tenaient aux quatre coins et du cocher qui crachait par terre. Voilà pourquoi mon prince n'est pas venu et je sais que vous êtes déçu·e·s.

Autre déception : Maurice m'avait promis de pousser le bouchon de la bouteille pour libérer le paquebot. Comme c'était un paquebot à vapeur il n'était pas « covid-compatible ». Il faudra continuer à le regarder derrière la vitre et à se demander comment il est entré là. J'ai bien quelques ficelles pour la réponse. Si vous donnez votre langue au chat derrière le masque je ne pourrai pas le savoir sauf si vous avez un masque transparent.

Appia 16 Extrême jonctionAprès ces promesses et ces lendemains qui déchantent, dépitée, j'ai pris le voile. Je suis devenue « Sœur Corona de l'enfant déçu ». J'attends le dé-confinement à la gare de la nef centrale, à la cathédrale du trou perdu. Dans le silence ouaté j'attends un ange entre la lumière et l'ombre et je médite. Peut-être que là, dans mon train-train quotidien je vais voir où va le temps qui passe et je saurai si le monde sera bientôt remis sur les rails.

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