En vous limitant à trois exemples par catégorie, dressez la liste des choses
1 troublantes 2 poignantes 3 qui font rougir de honte 4 agaçantes 5 qui donnent un vertige d’émerveillement 6 qui égayent le coeur 7 peu rassurantes 8 qui provoquent l’enthousiasme 9 qui apaisent
Vous avez le droit d’écarter trois catégories (ou plus !)
Puis transformez quelques-unes de vos réponses en haïku ou en tankas
Rappel :
Le haïku est un poème de trois vers qui ne riment pas mais dont le mètre est imposé : cinq syllabes, puis sept puis cinq.
Le tanka est un haïku auquel on ajoute deux vers de sept syllabes.
L’oeuf dur qui éclate à la cuisson. Les gens qui marchent derrière ta voiture alors que tu recules et que tu es le seul sur le parking. La personne qui assoit son sac dans un bus bondé. Le conducteur qui roule tout le temps sur la file de gauche.
Choses qui égayent le coeur
La première rose fleurie au jardin. La première fois qu’un enfant dit mamie. Les premiers oiseaux annonçant le printemps.
Choses qui apaisent
Marcher sur le sable mouillé. Toucher le bois poli par la main du sculpteur. Traverser une rivière pieds nus.
Choses qui provoquent l’enthousiasme
Retrouver un ami perdu de vue depuis longtemps. Un bon roman.
Choses qui donnent un vertige d’émerveillement
Une oeuvre d’art. Un morceau de musique.
Choses peu rassurantes
Une ruelle coupe-gorge. Une fête où l’on ne connait personne. Une salle d’attente vide ( que vaut le médecin ?). La rencontre avec une vipère.
Rayon de soleil La rose au balcon fleurit Printemps sublimé.
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Petits bras tendus Première fois dit « mamie » L’enfant adoré.
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L’oiseau voyageur Porté par les ailes du vent Venue du printemps.
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Fleur pistil offert Ouvre sa crinoline Au petit matin.
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Dernière marée Empreinte sur le sable A peine mouillé.
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Clapotis de l’eau Sur la pierre chaude Mon pied hésitant.
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Je la vois de loin Chevelure de feu au vent Comme un oriflamme
Il y avait si longtemps Que nous nous étions perdues
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A la première page Phrase qui vous emporte Désir de poursuivre.
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Couleurs éclatantes Comme tracées à la hâte De la main du Maître.
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L’instrument vibre Il me prend et m’emporte Monde merveilleux.
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Sac assis près d’elle Ecouteurs vissés aux oreilles Deux places elle prend.
7 ème semaine de confinement : le temps de l'amour est revenu.
Béatrice vient d'arriver pour enfin confiner clandestinement chez Félix, histoire d'agrémenter son ordinaire et de l'empêcher de sombrer dans la déprime. Les amants se sont facilement autorisé ces retrouvailles interdites bien qu'elles ne mettent pas en péril leurs congénères.
Cette semaine c'est Béatrice qui va écrire et reprendre la main. C'est ce qu'elle avait déjà fait la deuxième semaine de confinement quand elle avait envoyé à Félix son texte sur les « recettes confinées ». Depuis, elle n'a pas perdu son temps et a continué à écrire des miscellanées de petits textes divers et variés. Justement depuis quelques jours elle a entrepris de mettre de l'ordre dans son écriture confinée et les a rassemblés sous le titre :
« Listes de haikus et autres tankas confinés » à la façon de Dame Sei Shonagon.
Elle a eu plaisir à les imprimer, à les relier amoureusement et en faire un carnet- cadeau pour Félix, sachant que le temps viendrait qu'ils se rejoignent. Elle n'attendait que ça depuis la troisième semaine de confinement, qu'il craque pour elle et qu'il le lui déclare. Le confinement a imposé un cadre rigide à leurs amours alternées, une contrainte insupportable. Pourtant, par le passé, ils ont connu des périodes de célibat bien plus longues mais à la différence du confinement, elles étaient consenties ou du moins les contraintes étaient de leur fait.
Félix, après avoir écrit sa lettre au Président sur les gestes barrières, avait dû encore patienter que la nuit tombe avant d'entendre enfin le bruit reconnaissable entre tous de la Kangoo de Béatrice se garant devant sa maison. Félix s'est empressé d'aider Béatrice à porter ses bagages et, une fois la porte de la maison refermée, ils se sont longuement enlacés, le temps de laisser Jeanne Moreau terminer « Jules et Jim », leur chanson fétiche et une de leurs mises en scène préférées. Mais Félix avait d'autres urgences. D'abord l'heure était tardive et il avait faim. Après un rapide apéritif dinatoire réduit au chorizo piquant arrosé de leur vin blanc favori, ce Prairie fruité du Lubéron, enfin leurs corps « qui s'étaient perdus de vue » se sont reconnus le plus naturellement du monde.
Ce qu'ils apprécient autant l'un que l'autre dans leur amour en pointillé, c'est particulièrement ce temps des retrouvailles. Bien sûr, de temps en temps, Félix se demande si Béatrice a un autre Jules et peut-être même un Jim ? Il n'a plus besoin de le savoir, avec le temps leur pacte de préférence est devenu un pacte de confiance partagée et ils en restent sagement à leurs fiançailles prolongées.
Ce n'est que le lendemain matin que Félix a trouvé le cadeau joliment enrubanné de sa belle. Après le petit déjeuner, il s'est installé confortablement dans un fauteuil dans son coin favori du jardin, sous le grand chêne, à l'abri des regards, pour lire lentement les haïkus et les tankas de Béatrice. Les oiseaux chantent et la vie confinée à deux c'est tellement mieux !
Miscellanées confinées de haïku et de tankas à la manière des Listes de Sei Shonagon
faire un tour dans le jardin bouquiner sur la terrasse faire de la poésie cuisiner avec amour me brosser les cheveux appliquer un onguent écouter les oiseaux la sieste l'après midi te donner la main au cinéma me promener avec toi chanter le soir danser toute seule chanter en me lavant les mains l'inattendu découvrir de jolis mots inconnus aller à la mare aux grenouiles dans le relax, la tête à l'ombre les pieds au soleil guetter le bourgeon qui verdit marcher à marée basse
Choses troublantes
troublant : qui rend perplexe en inquiétant
La mélancolie vague lui envahit l'âme cerveau englué quelles sont ses priorités ? grand désarroi solitaire.
Tempête du siècle, le vent souffle et la pluie cingle, la maison résiste.
Le confinement nous interroge et nous trouble la planète crie et nous alerte ! Comprenons ce que nous devons changer.
Les branches s'agitent, les roseaux sont à la gîte, le thé est servi.
Choses poignantes
poignant : qui donne une impression vive et pénible ; déchirant
le confinement l'a privée de son travail de ses revenus elle est seule et elle a faim c'est un malheur absolu
Incompréhension d'une dame confinée, privée de parler à sa copine de palier au nom du confinement !
Choses agaçantes agaçant : énervant, irritant.
Que la pie m'agace ! Sa robe au satin noir-bleu laisse espérer mieux qu'un jacassement criard qui déchire les oreilles.
Le moustique vibre et m'agace les tympans, mon geste le chasse.
Le Pouvoir s'étend l'oeil vertical de leurs drones veille et nous surveille plus moyen de faire pipi tranquille sur les pissenlits
Choses qui donnent un vertige d'émerveillement : émerveillement : admiration, éblouissement
Emerveillement face au ballet aquatique et au chatoiement des poissons multicolores qui caressent les coraux
Banc de maquereaux, sublime chorégraphie, énergie fluide, belle harmonie efficace, sans besoin de hiérarchie !
Choses qui égaient le cœur :
les oiseaux, le jardin, la sieste, l'amour
La rouge-gorge familière se rapproche, elle a vu un ver.
Respirer les roses, la clématite s'est ouverte, belle violine.
Charmant roitelet, tu m'a montré tes bandeaux, tu m'as répondu.
L'iris porte fier, de haut, sa fleur bleue contemple la pensée discrète.
Deux mésanges bleues du camélia au nichoir vont vers leurs petits qui réclament la becquée, joli couple parental.
Terrasse mouillée, les nuages ont pleuré, ciel bleu purifié.
Vert moucharabieh, filtre élégant de la prêle, ma pensée s'aère et ce rideau naturel m'oxygène les neurones.
Douce oisiveté, l'idée des caresses renaît, les corps se réveillent.
Les heures d'amour sont revenues aux beaux jours, délices toujours.
Passent les années, se fanent les peaux, tant pis, nous jouons au lit.
Harmonie du soir, dans la lumière adoucie, flâner avec toi.
Temps de la lenteur, des onguents et des parfums, douceur de la peau.
Terrasse au soleil, alanguie dans le relax, je lâche mon livre.
A « fare niente » la pensée musarde et vole, un nuage passe.
Dans le petit bois derrière chez moi, dix-huit pins droits touchent le ciel.
Soleil du matin, tour de jardin à la fraîche le pigeon roucoule.
Un léger frisson dans la ramure du chêne, promesse de brise.
Majesté des chênes Discrétion de l'aubépine, mon joli talus.
Choses qui provoquent l'enthousiasme :
la musique et les chansons
se laver les mains en chantant une comptine consciencieusement un, deux, trois, je vais au bois, quatre, cinq, six, jolies cerises...
Un, deux, trois, savon ! Matin, midi et soir, souvent, temps d'une chanson.
Merveilleux piano ambulant sur un camion, envolées de notes qui réveillent les balcons des quartiers populaires !
Confinés confits sortent à vingt heures pour chanter gaieté retrouvée la musique les anime et leurs corps se réaniment
Joli cliquetis de la pluie qui tambourine sur le toit la nuit, bien au chaud sous la couette, plongée dans un bon roman.
Choses qui apaisent :
ma mère et les mers ou les eaux chaudes
Watsu extatique, souvenir amniotique, temps d'apesanteur, relâchement inédit, inattendu nirvana.
Plaisir de l'apnée, de la caresse des algues, le son est coupé, jolie balade aquatique, puis, expirer doucement..
Ma douce Maman, quel bonheur de t'appeler, d'entendre ta paix. Tu n'es pas contaminée par l'agitation virale.
Liste des choses peu rassurantes (carrément flippantes)
La tête de Trump
La tête de Kim Jon Un
La tête de ...(qui vous voulez !)
Les gens masqués T'es qui toi ?
Les promesses non tenues D’autres promesses Qui ne seront toujours pas tenues Le 11 mai Le 12 mai ....
Liste des choses qui apaisent
Un bonsaï Un chat qui ronronne Une main sur l'épaule Le bruit de la mer Marcher en méditant Méditer en marchant La télévision en sommeil Les écrans en veille Et ... un petit verre de Campari !!
Dans la mer limpide Frissonnant dans l’eau glacée Elle sent son corps léger Balancé au gré des vagues Euphorique et apaisé.
Le tout-petit trotte Bras en l’air, pas hésitants, Cris, rires aux éclats, Se précipite dans des bras Qui le soulèvent avec joie.
Promenade du soir Soleil bas de crépuscule Féérie de couleurs Aubépines immaculées Ajoncs d’un jaune éclatant.
Pissenlits, pièces d’or Eparpillées sur l’herbe verte, Splendeur du printemps.
Choses agaçantes Elle vient de s’endormir « Bzz Bzz ! » fait le moustique Qui la pique à la joue. Enervée, réveillée, D’une main rapide Elle l’a écrabouillé.
Ce matin il pleut. Le ciel verse des grosses larmes Comme s’il déplorait La fin du confinement Auquel nous aspirons tant.
Marie court dans le vent Qui soulève ses cheveux longs S’infiltre sous ses jupons Souffle dans les arbres qui plient et se relèvent Dans un bruit assourdissant. Elle éclate de rire, elle est heureuse, amoureuse.
Choses qui égayent le cœur
Marie s’impatiente Sa montre s’est-elle arrêtée ? « Tchou ! Tchou ! » Voilà le train Le cœur de Marie bat très fort Ses mains tremblent, elle rougit Soudain il est là, devant elle.
Sur elle ce matin Il a posé son regard Il s’arrête, sourit. Troublée, émue, elle s’enfuit, Puis revient vers lui gaiement.
Choses peu rassurantes
Pieds collés au sol Nulle part elle ne peut aller Il va la saisir Apeurée Marie crie « Au secours », se réveille. Ouf ! Ce n’était qu’un cauchemar.
Le rôti est cramé Les invités sont arrivés Marie est affolée
Choses qui provoquent l’enthousiasme
Elle voulait partir à la mer Et lui à la montagne Ensemble ils sont allés en Corse Mer et montagne ils ont trouvé.
Choses qui apaisent Il a posé sa main sur son épaule Son cœur s’est apaisé Ses larmes ont séché Elle a cessé de trembler
L’envie de taper sur mon voisin Qui fait tourner ses engins Qui tondent, coupent, taillent, Je vais l’achever au taille-haie S’il n'arrête pas de déshabiller son jardin !
Pas bien !
Liste des choses qui donnent un vertige (pas d’émerveillement en ce moment , ou bien si , mais c’est une autre liste )
Le Martini, Toujours lui Et le Campari !
Les bonnes résolutions Pour après. Après quoi ? La fin de l’épidémie Pardi !
Les milliards et les milliards Que l’on n’a plus Ou que l’on n’a jamais eu !
La valse des emplois
La valse des "pourquoi ?"
Les inepties dites Et redites Les "contredites" De droite, de gauche, Du milieu…
Arrêtons là Je vais vomir !
Liste des choses qui donnent un vertige d’émerveillement
La fleur du marronnier Pour la première fois observée De très près.
La lune rouge un soir regardée.
La toile d’araignée De pluie perlée.
Le ciel gris plombé D’un arc en ciel paré.
Liste des choses poignantes
Une main d’enfant Qui tient une main ridée.
Une maison délabrée.
Un animal abandonné Et tous les oubliés Du monde entier.
Dans notre jardin pas de muguet cette année. Pour remplacer voilà un bouquet de fleurs des champs qui a l'avantage de nous rappeler notre enfance, si lointaine et si proche à la fois. Combien de fois avons nous rapporté à nos mamans ce bouquet enfantin, fouillis et bancal, dont les fleurs penchaient souvent la tête ? Il n'avait même pas de parfum sinon... celui de notre naïveté ?
Nature débridée Les Jardiniers sont confinés Bonheur des papillons