La Sultane persane / Anne-Françoise
Des hommes, l’âme pleine
De violence et de haine
Ont exilé là des vilaines
En quarantaine
Clandestines
Sans origines
Elles cheminent
Dans la nuit chagrine
Sur sa jument alezane
Une fière sultane
Mène la caravane
Sur le sable havane
Soudain dans un cyclone
Une amazone
Apparaît sur un trône
Brillant, or, jaune
Et la colonne de madones
De courtisanes et de nonnes
Triste et monotone
Soudain s’abandonne
Sous la lune opaline
Les pèlerines
Dans une scène divine
Deviennent ballerines
Sous la pleine lune
Leurs ombres brunes
Animent les dunes
Lavent la rancune
La lune porcelaine
La nuit sereine
Apaisent la peine
De ces sirènes
Dans un silence d’ébène
Elles s’en reviennent
Magiciennes
Suivant leur souveraine
Une égyptienne, une bohémienne, une ottomane, une gitane
Une gamine, une abyssine, une gorgone, une matrone
Ont rencontré la fortune
Sous la lune
Et dorénavant personne
Aucun homme
Ne leur retirera leur couronne