Rochefort / Anne-Françoise
J’irai retrouver un homme qui pourrait être entouré de Jean-Pierre Marielle et Philippe Noiret.
J’irai à Rochefort, Rochefort sur mer, Rochefort en terre, Rochefort en l’air, Rochefort en Sélène retrouver mon ami Jean, un homme lunaire, avec son côté clair face à la terre et sa face plus obscure qui nous est restée à l’ombre.
J’irai à Rochefort en tandem, cavalier de préférence, bercés par « il mio rifugio ».
Nous ferons halte au zoo, en nous méfiant particulièrement en passant devant l’enclos des pachydermes car chacun sait, un éléphant, ça trompe énormément. En cas de danger, nous pousserons notre cri de guerre : « Courage, fuyons ! », même si c’est un peu ridicule. Mais nous avons appris avec Jean la force du ridicule, à cheval au milieu d’un étang, en robe de chambre sur un balcon parisien ou dans une R16 garée dans un parking souterrain…
Lorsque les pendules de l’horloger de Saint Paul sonneront le soir, nous irons chez les grands ducs. Là, bon repas, bien arrosé et que la fête commence, dans la fumée rêveuse des cigarettes, pipes et cigares. Rien à voir avec le bal des casse-pieds !
Le lendemain, nous poursuivrons notre route dans une campagne normande brumeuse rencontrant successivement le mari de la coiffeuse, un grand blond avec une chaussure noire et Angélique la marquise des anges. Ce sera épatant !
Nous passerons par Nashville, essayerons de ne pas nous retrouver lost in la mancha et fuirons le crabe tambour sur la plage.
Nous arriverons enfin à Rochefort, en tongs et sous les avalanches. Je vous y inviterai toutes, vous qui n’avez pas les genoux de miss Anjou, les fesses de miss pays de Bresse, le ventre plat de miss albigeois et la dégaine de miss aquitaine. Quelle poilade ! C’est terrifiant !
Ensemble, nous irons retrouver Jean qui nous accueillera dans un grand rire tonitruant. Nous essayerons de percer le mystère de la moustache enjoué de ce boloss des belles lettres. Il nous conterait encore de sa voix grave : « Six semaines plus tôt, je n'étais qu'un homme sans aventure, calmement épris de sa famille et de sa patrie, et dont le regard ne faisait aucune embardée au passage des femmes. »
Nous lui dirons ensuite au revoir, au revoir et pas adieu car nous en sommes certains, nous irons tous au paradis.