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L'Atelier d'écriture de Villejean
28 avril 2015

Moninfantourse/ Dominique H

Moninfantourse,

une monstre pas comme les autres !

Evidemment , dans la grande famille des monstres, personne ne se ressemble !

Moninfantourse vit dans les forêts, sous toutes les latitudes. Elle a une jolie tête d'éléphant avec des yeux doux et expressifs , une trompe agile et des grandes oreilles montées sur roulements à billes : elles peuvent servir d'éventail ou de nageoires . Son corps puissant est celui d'une ourse blanche, avec une belle fourrure qui s'épaissit quand elle remonte vers le Pôle Nord. Ce corps athlétique lui permet de se dresser rapidement quand il le faut. Sur son ventre une grande poche comme celle du kangourou. Ses longs bras de singe touchent le sol et ses mains savent gratter,marcher, s'agripper, cueillir, lancer et aussi caresser. Ses pattes arrières sont des pattes d'ours palmées pour pouvoir nager, ça peut servir. Son dernier ornement est une interminable queue marsupiale, grise à points blancs qu'elle utilise parfois en lasso ou en bout de sauvetage. Vous le voyez, elle est très polyvalente.

Si vous rencontrez Moninfantourse dans une forêt, malgré son aspect monstrueux, vous serez rapidement rassurés. Elle vous fera les yeux doux, vous enverra un bref pschitt parfumé de sa trompe , elle étendra les bras pour vous caresser et remuera lentement ses grandes oreilles en signe de bienvenue. Elle évitera de se dresser pour ne pas vous effrayer.

Cependant, Moninfantourse ne se montre jamais quand tout va bien pour vous, elle sait que son physique peut paraître inquiétant. Elle se promène donc tranquillement, silencieusement, à l'abri des regards dans les sous-bois. Elle observe les randonneurs, les cueilleurs de champignons et... les enfants qui se perdent dans la forêt. Son talent est de savoir détecter la peur. Ses oreilles sont équipées d'un radar qui capte les ondes d'inquiétude ou de panique, d'où qu'elles viennent, mêmes éloignées. Son cerveau reptilien reçoit alors un signal qui la met en marche instantanément.Elle est programmée pour porter secours. Elle peut faire des milliers de kilomètres en une nuit.Pour ne pas se prendre les pattes dans la queue elle l'enroule alors dans sa poche ventrale.

Ce jour là, vers dix sept heures, alors qu'elle se promenait dans la forêt de Brocéliande, son cerveau reçoit une alerte. Elle se met en marche et passe rapidement sa septième vitesse. Le signal la guide comme un GPS vers Saint Sulpice la Forêt, près de Rennes. Elle atteint Mi-Forêt en moins d'un quart d'heure. Le signal d'ultra-sons s'intensifie et se transforme en un léger sifflement continu. Elle s'immobilise alors et promène son regard à la ronde. Elle aperçoit une fillette qui sanglote , assise dans les fougères, un bouquet de jacinthes sauvages à la main.

Moninfantourse s'avance précautionneusement et s'allonge aussi dans les fougères. Puis elle passe à la deuxième phase du sauvetage. De sa trompe, qu'elle utilise comme un brumisateur, elle émet doucement une vapeur vanillée autour de l'enfant. Cet éther sucré endort la petite fille. Moninfantourse la soulève alors délicatement, la serre tendrement contre sa douce fourrure blanche, et la berce. Mais son travail n'est pas terminé.

Soudain,dans cette ambiance calme, le radar de ses oreilles capte une autre longueur d'ondes que Moninfantourse reconnaît: c'est celle de l'affolement de parents qui ont perdu leur enfant . Le signal est très net, l'émetteur est tout proche. En trente secondes elle atteint le carrefour de Saint Denis. Elle prend soin de rester cachée dans le sous-bois mais entend les appels paniqués des parents : « Célia ? Célia-a-a ? Célia-a-a-aa?»

Célia, elle, dort tranquillement dans les bras enveloppants de la monstre. Moninfantourse recommence le scénario de la vaporisation anesthésique, plus longuement, parce que les parents sont à distance et qu'elle ne veut pas se montrer. Ceux-ci vont bientôt cesser d'appeler, s'asseoir dans l'herbe, l'un à côté de l'autre, pleurer doucement puis s'assoupir.

Alors, Moninfantourse se dirige tranquillement vers eux et dépose délicatement Célia endormie entre son papa et sa maman. Elle sait que l'effet soporifique va durer encore dix minutes, le temps pour elle de s'installer dans le sous-bois, en première loge, pour assister à la dernière scène.

Célia, la première commence à bouger, à se frotter les yeux, puis couvre ses parents endormis de baisers.

« Maman ! Papa !Maman ! Réveillez-vous !»

Les parents commencent à bouger et émergent peu à peu de leur sommeil.

« Célia! Ah ! Te voilà ! Que je suis heureuse de te serrer dans mes bras, j'ai rêvé que tu t'étais perdue dans la forêt ! » dit la Maman.

« Moi aussi j'ai fait ce cauchemar affreux » dit le Papa , « mais tu es là,maintenant et avec un très joli bouquet de jacinthes ! »

Emue par cette scène touchante de retrouvailles , Moninfantourse essuie de sa grande oreille une larme au coin de l'oeil. Sa mission est accomplie , elle est fatiguée et s'endort à son tour jusqu'au prochain signal, pour de nouvelles aventures.

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