Rendez-vous peu secret / Jean-Paul
Jamais je ne m’habituerai
Au fait que le printemps ait goût
Pour les travaux manuels de l’école primaire
Et la valse à mill’ temps de ses bourgeons qui gonflent !
Jamais ne m’acclimaterai
Au fait qu’au python familier
Les oncles d’Amérique accrochent leur melon
Avec accablement et parfois maladresse !
Ne demandez jamais pardon
A quiconque ! Vous existez !
Le soleil s’est levé depuis déjà longtemps
Et vous avez gagné sa médaille de bronze !
Non jamais je ne m’y ferai
Au fait de poser nu ici
Année après année, surprendre, émerveiller
Comme si l’on était au concours d’invention.
Presque jamais soucieux du doute
Et rarement sujet aux poussées d’amertume,
Incertain d’éviter toute littérature,
J’écris dans un état second
Tout ce qui pardessue la tête,
Tout ce qui ouvre le cerveau,
Sans autre forme de procès, jetez-vous y !
Soyez le sujet vif qui allume les cierges !
Les mots sont matière élastique,
La phrase patinaroulette,
Le manuscrit s’expose à d’infinis ennuis
Mais l’avril et le mai ne m’échapperont pas !
A la commissure des lèvres
Fume une comète musclée.
Vous êtes-vous accoutumées, ô vaporeuses,
A mes luminescences en forme d’aptéryx ?
Je mets mes oiseaux à chanter,
Prêt à perturber bien des gens.
Vous voudrez écouter tous leurs égarements
Qui sonnent juste et bien sur la portée du temps
De ce caractère si doux,
Pourquoi ressort en bulles d’air
L’écriture en bazar, vierge de cicatrices,
A qui cet atelier évite la prison ?
Si course il y a dans cet emploi
D’héritier de l’Inattendu
Mes chaussures de saut m’épargneront la chute :
Je ne mourrai jamais d’ennui ou de tristesse !
A fabriquer de jolis mondes
A s’égarer sans nulle excuse
Loin des commandements de Dieu ou des cousins
J’aurai finalement bien provoqué l’Hiver !
Qu’il se fasse à l’idée que l’âge n’y peut rien !
Qu’il s’habitue au fait que le Printemps a goût
Des travaux manuels à l’école primaire
Et, dans nos cœurs gonflés, de valse à mille temps !