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L'Atelier d'écriture de Villejean
25 juin 2013

Confessions fictives/ Marie-France

 

Je suis quelqu’un d’organisé.

Dès ma naissance je ne supportais pas l’incertitude du lendemain. C’est pourquoi je suis née un vendredi, une fin de semaine, pour mes parents, c’étaient plus confortable. Pas besoin de trouver une garde pour mon frère d’un an mon aîné : papa ne travaillant pas, il pourrait le garder. Et puis Maman était censée avoir fini toutes les tâches de la semaine : lessive et repassage, le WE on se repose. Pour une fois elle serait dispensée de la messe du dimanche. Papa ira accompagné de mon frère. Ce sera aussi l’occasion d’annoncer ma naissance au plus grand nombre, point besoin de faire part, si ce n’est pas de l’organisation … !

 

Ensuite j’ai rencontré un vilain microbe qui m’a empêché de courir et grimper aux arbres comme mes copains et copines, qu’à cela ne tienne, j’ai inventé des jeux plus calmes où sur la place du village on retraçait à la craie des plans de maisons, on sortait nos poupées de chiffons, on les faisait dormir dans des chambres fictives, on jouait à la marchande, j’étais bien souvent le « metteur en scène », on reconnaissait mon sens de l’organisation et chacun se laissait guider.

 

Plus tard, je suis devenue secrétaire, la principale qualité d’une secrétaire n’est-ce pas l’organisation ? : d’un bureau, d’un classeur, d’un agenda de chirurgien et que sais-je ?

 

Puis je me suis mariée, c’était dans l’ordre des choses, nous avions organisé l’avenir : une maison, des enfants ; chacun aurait sa chambre, son lit, son bureau son armoire pour ranger ses affaires. J’aimais leur répéter : chaque chose à sa place et vous aurez l’esprit plus libre.

 

L’esprit libre, je ne l’avais guère, il fallait tout gérer, tout organiser, tout penser, les autres trouvaient ça bien confortable : « dis Maman t’as pas vu mon cahier de texte, dis chérie t’as pas trouvé mes clés, où sont mes lunettes » ? C’était fatigant à la longue, je n’avais plus beaucoup de temps pour organiser Ma vie, je passais mon temps à planifier les activités de tous.

 

Et puis un jour je me suis dit que tout cela ne pouvait pas continuer : j’ai voulu balayer ce passé, oublier, je me foutais du passé. Avec mes souvenirs j’ai allumé le feu, mes chagrins, mes plaisirs je n’avais plus besoin d’eux.

 

Un matin je me suis donc réveillée, sans réveil, sans programme pour la journée, un instant j’ai cru que le cafard allait m’envahir, mais non :

J’ai pris le temps d’un petit déjeuner en terrasse, d’une douche en musique, d’une balade à vélo, d’une halte dans une salle obscure.

La journée s’est écoulée au rythme de mes envies, j’étais devenue complètement inorganisée et heureuse de l’être.

Non je ne regrettais rien, rien de rien.

Ni le mal qu’on m’avait fait, ni le bien, ni mes plaisirs, ni mes chagrins. Tout cela m’était bien égal. Du passé je venais de faire table rase et je repartais à zéro…

 

Et malgré ma désorganisation, je me sentais libre à présent.

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