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L'Atelier d'écriture de Villejean
15 janvier 2013

Interview de Berthoise / par Eliane (Séance du 15 janvier 2013)

-Bonsoir Berthoise. Je vous remercie de nous accueillir dans votre belle demeure. Pour nos téléspectateurs, je rappelle que vous êtes l'auteur de nombreux romans, essais, études psychologiques et autres. Vos écrits sont éclectiques. Vos multiples centres d'intérêt vous ont fait partir dans des directions très variées.

Berthoise acquiesce en souriant.

- Oui, le vilain défaut de la curiosité me tenaille constamment.
- Un vilain défaut qui devient, en ce qui vous concerne, une grande qualité. Je cite pour mémoire et dans le désordre : « Vous chantez ? », « Vitalité », « Douceur », « Vanité », « Amour maternel », pour ce qui concerne le domaine psychologique. Vous voyagez aussi, pas très loin, vous restez en France.
- Oui, il y a tant de belles choses à voir et à connaître à l'intérieur de nos frontières. Tant de curiosités à découvrir, cela me comble.

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- Vous avez écrit : « Choses lues à Rouen », « Oh, Chantilly !», « La maison de Concarneau », où j'imagine que vous avez passé des vacances, et je me souviens d'un très beau passage sur Quimper et sa cathédrale que je vais citer pour nos téléspectateurs : « Je regarde souvent par terre, là où je mets mes pieds. Du reste, pas plus tard que lundi, j'ai trouvé dans un caniveau un pendentif en argent avec un œil de Sainte Lucie. Il paraît que ça porte bonheur. Je veux y voir le présage d'heures douces.
- Donc, je regarde par terre. Même quand je vais dans une église. Dans la cathédrale Saint Corentin de Quimper, les chapelles, le long du déambulatoire, ont chacune un pavé différent. Jolis pavés. »
- Ces textes sont des merveilles qui donnent envie de se rendre dans ces villes dont vous parlez. Avez-vous eu des coups de cœur pour d'autres cités ? Des trésors à nous faire découvrir ?
- J'ai un amoncellement de notes qu'il me faut mettre en forme.

Elle rit, malicieuse.

- Mais en ce moment je me sens paresseuse. Vous avez sans doute lu, dans une des pages de mon cahier de bord, le passage qui concerne : « Billet chiffon, comme billet tristoune. ». La volonté de perfection qu'exigeaient mes parents, a été, toute ma vie, le moteur qui me faisait avancer.
- Ce moteur qui vous a permis de fournir un gigantesque travail. Avez-vous le sentiment, aujourd'hui d'être parvenue à contenter vos parents ?
- Non, jamais. Comme je l'ai écrit, leurs exigences m'ont souvent paralysée alors je travaillais, j'écrivais pour secouer cette paralysie. Et maintenant que mes forces déclinent, je n'ai pas encore l'impression d'avoir atteint mon but. Alors, il me faut faire encore davantage d'efforts.

Elle rit encore, malicieuse.

- Je n'en sortirai jamais. Il n'y a que la grande faucheuse qui pourra m'arrêter. Pour le moment je n'ai renoncé qu'aux voyages à l'étranger. Car vous aviez tort tout à l'heure, j'ai parfois franchi les frontières.
- C'est vrai, excusez-moi, vous avez écrit : « Comme à Ostende », « La cantinière russe ». Mais il n'est pas nécessaire d'aller jusqu'en Russie, encore moins en temps de guerre, pour écrire sur une cantinière russe.

Elle rit de nouveau.

- Exact, mais je suis vraiment allée en Russie. Cette cantinière était la grand-mère d'une femme rencontrée là-bas.
- De même, vous avez parlé de la «Musique indienne ». Un séjour en Inde ?
- Oui, mon premier fiancé était indien. J'ai eu l'occasion de séjourner longuement dans son pays.
- Vous avez aussi, et c'est votre premier livre, un ouvrage volumineux, écrit sur votre enfance. C'est un peu le « Claudine à l'école de Colette ?
- C'est moins romancé, plus détaillé, plus touffu. Avec mes parents nous habitions une toute petite ville : Trifouilly les Oies, au cœur de la France. Une région où, en hiver, il fait un froid de canard. Ce que je relate dans le chapitre « De la nécessité d'une petite laine ».

Elle rit.

- C'était vraiment très dur, mon père était maréchal ferrant, ma mère se contentait d'être une fée du logis. Mais c'était une mère attentive, je parle d'elle dans « Amour maternel ». Quant à moi, j'allais à l'école où j'avais pour consigne d'être parfaite. J'ai longtemps gardé des relations avec mon institutrice, ce qui a inspiré le chapitre, en partie fictif, « Aléas de la vie professionnelle d'une remplaçante en milieu rural ».
- Votre grand-mère habitait la même ville. Vous alliez souvent lui rendre visite. Elle avait tout un répertoire d'expressions savoureuses dont vous gardez un souvenir attendri.

Elle rit à nouveau.

 

Berthoise 2

- Ah, oui ! Par exemple quand il y avait une quantité importante d'une quelconque chose, elle disait : « autant qu'un curé pourrait en bénir ». Une fois, d'un lustre volumineux dans une maison voisine, elle a dit qu'il pesait « le poids d'un âne mort pendu au plafond ». C'était vraiment savoureux. Je me souviens aussi de ce jour où, invitée à prendre le café chez cette même voisine, et le trouvant trop pâle, elle a répondu « Non, pas ce genre-là, merci, prière d'un serré. ». J'étouffais un rire. En faisant ses course elle rencontrait souvent une vieille dame ronchonne. Elle disait d'elle « Celle-là, elle n'est heureuse que quand elle a un souci. Sinon, elle est vacante ». Cela ne s'invente pas, il n'y avait qu'elle pour trouver des expressions pareilles.
- C'était une délicieuse grand-mère.
- Elle me faisait souvent rire mais c'était aussi un amour. Lorsque j'avais un chagrin d'amour, qu'un garçon m'avait quittée, elle me consolait avec cette phrase ; « Tu fout un coup de pied dans une poubelle, il en sort dix, des gars. »
- C'est ce que vous avez fait, shooté dans une poubelle ?

Elle rit :

- Non, j'avais besoin d'estimer mes amoureux.
- Pour rester dans ce domaine de l'amour, je voudrais citer ce passage écrit sur la culotte, et le lire si vous le permettez, si ce n'est pas trop osé.
- Non, allez-y.
- Je cite : « Parlons dessous. Parlons sens dessus dessous, parlons de ce qui éveille les sens par en dessous. Culotte, oui culotte, je n'aime pas le mot slip. Le mot slip est unisexe, étranger, il claque comme un élastique trop tendu. Comme le string. Autre bizarrerie. La culotte glisse, enveloppe, donne de la rotondité au cul. Si je n'aime le slip, si je n'aime pas le string, j'aime bien le cul. Le mot cul. Il a un petit côté vulgaire qui sied aux choses du sexe. La culotte donc. Blanche. Blanche parce-que propre. En coton. On peut aimer le cul, le confort et le propre. Une culotte en coton blanc qui monte sur le ventre mais dévoile la cuisse. Le haut de la cuisse, là où la peau est douce. Où la jambe devient cul. Où quand on ôte la culotte, le cul et la cuisse se confondent. La culotte vient cacher ces choses-là pour laisser la place à l'attente et à l'émerveillement. »

- Voilà ! Cette note érotique clôt notre entretien. Il me reste à vous remercier d'avoir répondu à mes questions avec autant de gentillesse et de naturel.

N.B. Les photos sont empruntées à Berthoise

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